9. Je déteste ma vie

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Non. S'il vous plaît, c'est un cauchemar.

La porte. Deux pas plus loin.

Juste deux pas.

"Allez, je sais que tu peux nous voir. Si tu crois que tu peux t'échapper, tu es très naïve ",dit-il en inclinant la tête sur le côté.

Un rire hideux déforma son visage.

Je continuais à avancer en faisant comme si je ne le voyais pas, les yeux fixés sur la porte. Soudain, une violente et brutale bourrasque m'arrêta net, faisant voler ses cheveux gris autour de sa tête, et tordant en plis grotesques et fantastiques les pans du linceul dans lequel il était enveloppé. J'étais figée sur place par ce qui me semblait être le souffle de la mort.

Il s'approcha lentement de moi, un sourire aux coins de sa bouche cruelle et ridée, ses yeux noirs comme du charbon. Ses doigts froids soulevèrent mon menton.

"Tu as peur. Je le sens, je le vois. C'est bien... tu dois avoir peur.

Tu devrais être..."

Son visage glacé se rapprocha de plus en plus de moi, son souffle glacé effleura ma joue. Je frissonnai au contact de ses doigts, si froids et pourtant si doux. Je ne pouvais penser à rien, comme si mon cerveau s'était soudainement arrêté de fonctionner. Tout était figé à l'intérieur de moi, et je ne pouvais pas bouger mon petit doigt même si je le voulais.

"...terrifié."

Mon souffle se coupa brusquement. Le sang battait dans mes oreilles. Mon cœur tapait dans ma poitrine comme un train en détresse. Ma vision était défigurée, comme si je regardais à travers des lentille floues. Je leva les mains pour me cacher quand -

" Arrête ça tout de suite, espèce de fou stupide, psychopathe et sans cœur !"

Attends, c'est la voix d'un enfant ? Non non non, je ne peux pas laisser un enfant entrer ici.

Surprise par le choc visible peint sur le visage monstrueux en face de moi, je me retournai pour voir le nouvel arrivant.

" Tu es stupide ou quoi ? Tu ne vois pas qu'elle est terrorisée ? Tu es une honte pour les fantômes civilisés."

Une petite fille à l'air déterminé était assise sur le bord de mon lit, les bras croisés avec un regard plein de reproches. Ses cheveux courts flottaient autour de son front pâle, et ses traits translucides me firent tout de suite comprendre à qui j'avais à faire.

Elle tourna la tête vers moi, et m'adressa un sourire, révélant de petites dents pointues et un visage espiègle.

"Au fait, j'aime bien ta robe. Elle est jolie."

"Oh arrête. Tu n'es qu'une enfant. J'ai mes propres façons de m'amuser. N'ai-je pas été génial dans mon rôle de Saeros l'Arrogant ? Mon magnifique jeu d'acteur est juste au top, tu ne peux pas le nier. J'ai même changé mon texte, j'étais censé dire "vous devriez avoir peur", mais j'avais déjà dit "peur" deux fois, et le dire une troisième fois n'aurait pas sonné juste, alors j'ai choisi de dire "vous devriez être terrifiée". Je pense que ça met l'accent sur le fait que je..."

"Oh ferme-la, espèce d'idiot", coupa la petite fille. "Dis-lui juste ce que tu as à dire, ça va être suffisamment déprimant. comme ça"

C'était donc bien des fantômes. Je n'étais pas folle. J'étais toujours capable de les voir même après m'être réincarnée dans ce monde. Puisque je savais très bien ce qui se passait lorsque les fantômes reconnaissaient ceux qui pouvaient les voir, d'après mon expérience passée, j'aurais fait de mon mieux pour vivre et faire comme si je ne pouvais pas les voir ou les entendre. C'était mieux que l'enfer de mon enfance. Mais maintenant, c'était inutile, surtout quand je les regardais se disputer avec des yeux aussi grands que des soucoupes.

"Chérie, tu vas attraper des mouches avec ta bouche pendante comme ça", déclara le premier fantôme.

J'adoptai une attitude plus convenable, rouge de gêne, et le regarda pour la première fois depuis qu'il m'avait provoqué une crise de panique. Il avait retrouvé l'apparence qu'il avait au Conseil, ses cheveux blonds brillants, sa peau de porcelaine et ses yeux bleus à la fois vides de vie et brillants d'intelligence. Alors des fantômes elfiques, hein ?

"Nous ne sommes pas des fantômes elfiques, honey", ajouta le fantôme comme s'il avait lu dans mes pensées, en relevant une mèche de cheveux devant son oreille... "Je sais que j'ai la beauté et la grâce des elfes, mais malheureusement, j'étais humain tout comme toi, ma pauvre. Les fantômes elfiques n'existent pas actuellement, à moins que je ne sois pas au courant, ce qui ne sonne pas juste, car s'il y a quelque chose que je sais, c'est bien tout."

"Arrête de te comporter comme si tu étais la science infuse. Pour être claire, Calliope, chaque fëa, qui est l'âme d'un Elfe ou d'un Homme, peut refuser l'invocation de Mandos. Cependant, ce refus est considéré comme un signe que le fëa est souillé. C'est pourquoi il n'y a pas de cas apparente d'elfes devenant hantés, car ils fuient dans la terreur de l'Ombre vers n'importe quel refuge , pour préserver leur intégrité : les elfes ne sont certainement pas faciles à corrompre par nature. Au contraire, les hommes ont tendance à vaciller entre le bien et le mal, ou à être plus attachés aux souvenirs de leur vie sur Terre. Il est donc fréquent que nos semblables soient damnées ou choisissent de continuer à errer sur Terre. C'est ce qui fait de nous des fantômes. "

" Pff perfection des elfes et faiblesse des hommes corrompus : quelle explication clichée. Ne pas faire confiance aux humains. Ne jamais faire confiance aux humains. Bla bla bla. As-tu seulement compris ce qu'elle vient de t'expliquer ?"

"Uh, hum... bien sûr." Je n'ai rien compris du tout. "Donc, si je peux me permettre, comment avez-vous tous les deux..."

Ils se regardèrent et répondirent à l'unisson.

"C'est compliqué."

"En quelque sorte."

"Très."

"Cela nous amène à notre sujet principal, Calliope", termina le fantôme blond sur un ton grave.

Je roulai les yeux.

"Quoi encore ? Je ne pense pas que quelque chose puisse me surprendre plus que tout ce qui s'est passé dans ma vie."

"N'en sois pas si sûre. La prophétie est fausse."

"Merde."

Des chewing-gums , une guitare et un anneauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant