Chapitre II 'Pourrais-je vous revoir?'

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Lorsque la jeune noble fut partie, le jeune homme regagna ses activités révolutionnaires aux côtés de ses compagnons Danton et Desmoulins. Cependant, son entrain et ses convictions s'étaient atténués depuis son séjour à la Bastille mais surtout depuis qu'il avait croisé le chemin de cette belle inconnue. En continuant ces activités, un sentiment de trahison le parcourait. Il ne la connaissait pas, pas vraiment. Et pourtant.

Olympe profita de son jour de repos pour flâner dans les rues. Le soir elle retourna à Versailles pour reprendre son service.

Une semaine passa et les deux jeunes gens étaient distraits dans leur tâche. Souvent dans leurs pensées, ils imaginaient se revoir. Ronan rêvait de cette belle inconnue venue le délivrer de la Bastille. Olympe, elle, rêvait de ce révolutionnaire au visage d'ange, borné et plein de conviction. Le jour de repos d'Olympe arriva. Elle se rendit chez elle, son père ne travaillant pas ce jour. Elle passa la porte d'un pas joyeux et trouva son père en pleine discussion avec le comte de Peyrolles. Elle fit la révérence.

«Monsieur le comte de Peyrolles.
-Mademoiselle Olympe, quelle agréable surprise. Je dois malheureusement vous quitter, mais nous nous reverrons très vite, j'en suis persuadé.»

Le comte se leva du fauteuil où il se trouvait avachi un peu plus tôt. Il lança un regard insistant au lieutenant de la Bastille avant de disparaître en passant la porte.

«Est ce que tout va bien, Père ? Vous êtes très pâle...
-Ma fille, il faut que je t'annonce quelque chose, déclara l'homme, l'air grave, tu ferais mieux de t'asseoir.
-Qu'y a-t-il ? Vous vous sentez bien ?
-Ce n'est pas de moi qu'il s'agit, Olympe, mais de toi. Comme tu le sais, tu es en âge de te marier et...
-Ne me dites pas que !... le coupa-t-elle furieusement. Vous ne m'avez tout de même pas promise à...»

Elle ne parvint pas à terminer sa phrase tant cette idée la révulsait. Elle se leva de son siège. Une grimace de rage déformait ses traits d'ordinaire délicats. La jeune femme s'apprêtait à quitter la pièce quand son père lui saisit la main.

«Ma fille, la reine donne une réception ce soir. Peyrolles souhaite que tu l'y accompagnes afin que vous fassiez plus ample connaissance et surtout qu'il puisse te présenter comme sa promise.
-Sa promise ? Laissez moi rire ! Au mieux il me voit comme un trophée ! Il est hors de question que j'épouse un homme aussi abject que Lazare de Peyrolles !
-Tu n'as pas le choix, Olympe. De plus, il veut que tu abandonnes ton service auprès des princes. Enfin,... il a déjà annoncé à la reine que tu abandonnais ton poste.
-De mieux en mieux ! Que souhaite de plus Monsieur le comte ? cria la jeune femme, sentant la rage grandir en elle
-Il... souhaite que votre mariage ait lieu au plus vite. Dans deux mois.
-Deux mois ? s'insurgea la jeune noble
-Je suis désolée, ma fille. Je n'ai pas eu le choix...
-Je me demande bien ce que Peyrolles a pu vous dire pour que vous consentiez à cette union !
-C'est par ta propre faute, Olympe, que tu y es contrainte.
-Je vous demande pardon.
-Il a découvert que tu as libéré ce Ronan, ce révolutionnaire ! C'est évidemment illégal et tu le savais pertinemment ! Aussi, soit il te dénonce, soit tu l'épouses.»

N'y tenant plus, Olympe se leva et quitta la maison. Elle marcha, la tête baissée et les yeux embués de larmes, à travers Paris. Elle passa devant le Palais Royal et y aperçut une silouhette familière, assise sur un banc : Ronan. Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres. Elle s'approcha de lui après avoir essuyé ses larmes.

«Monsieur le révolutionnaire, je ne pense pas qu'il soit sage de retourner à cet endroit même où vous avez été arrêté la semaine dernière.
-Mademoiselle de la Bastille ! Que faites-vous ici ?
-Mademoiselle de la Bastille ? l'interrogea-t-elle
-Eh bien,... j'ignorais votre nom, il me faillait vous en trouver un.»

Ronan invita la belle jeune femme à s'asseoir auprès de lui. Ils étaient proches, bien trop proches pour que la décence ne l'autorisât encore. Le paysan remarqua les yeux rougis de la noble.

«Vous avez pleuré, affirma-t-il
-Non, c'est faux, enfin !
-Ne mentez pas, mademoiselle, je le sais, je le vois...
-Vous êtes bien observateur...»

Ronan et Olympe se devisagèrent timidement puis la jeune femme, ne pouvant se retenir plus longtemps, raconta tout au jeune paysan. Son mariage, la raison pour laquelle elle y est contrainte... Ronan l'écoutait, un sourire compatissant aux lèvres. Olympe avait confiance en ce bel inconnu, sans vraiment être capable de l'expliquer.

«Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela, je ne vous connais même pas...
-Vous pouvez me faire confiance, mademoiselle..., assura le paysan
-Je m'appelle Olympe.
-Enfin je connais votre nom, belle Olympe.
-Vous devriez m'appeler au minimum mademoiselle Olympe, je suis noble je vous rappelle.
-Ah bon ? Le dois-je vraiment, Olympe ?
-Ne devenez pas insolent, Ronan le Révolutionnaire.»

Les deux jeunes gens discutèrent toute la journée durant. Malgré leur différence de classe sociale et de milieu, entre eux tout ceci disparaissait. Le reste n'existait plus. Ils parlèrent comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Aucune gêne entre eux. Cependant, les premières ombres du soir finirent par faire leur apparition.

«Vous devriez rentrer, Olympe. Il ne faudrait pas faire attendre votre père et votre futur époux...
-Qu'ils aillent au diable. Ronan, quand pourrais-je vous revoir ?
-Il n'est pas sage de nous revoir, mademoiselle. Vous le savez tout comme je le sais. Il m'en coûte très chère Olympe, mais c'est comme cela, notre monde est comme cela.
-J'aimerais qu'il soit différent, Ronan. Je vous en prie, revoyons-nous.
-Je n'ai nulle part où aller, Olympe. Alors s'il vous arrive à nouveau de marcher devant le Palais Royal, peut-être me verrez-vous.
-Ne puis-je espérer qu'une supposition ?
-Je ne peux malheureusement rien vous promettre.»

Il esquissa un sourire triste avant de se lever. Il baisa la main de la jeune femme avant de la regarder s'en aller.

La Guerre Pour Se PlaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant