Olympe rentra chez elle. Son père l'attendait, inquiet, derrière la porte d'entrée. La jeune femme ne lui accorda pas un regard. Elle monta la première marche et arrêta une servante qui passait.
«Viens m'aider à me préparer, lui ordonna la jeune noble
-Bien, mademoiselle.»Olympe gagna sa chambre, suivie de la servante. Cette dernière lui montra une robe bleu étendue sur son lit.
«Monsieur le comte vous a fait parvenir cette robe, mademoiselle. Il a insisté pour que vous la portiez ce soir.
-Si c'est ce qu'il veut», répondit Olympe en haussant les épaules de manière désinvolte.L'employée aida sa maîtresse à se préparer. La robe était d'un bleu nuit plutôt sombre et le décolleté découvrait largement sa pointrine blanche. La noble s'était parée d'un collier de joyaux bleus semblables à la couleur de la robe. Ses boucles brunes nouées en forme de couronne étaient parsemés de petites pierres précieuses. Une fois prête, Olympe descendit les escaliers jusqu'au vestibule où l'attendait son promis. Ce dernier sourit en l'apercevant. Il s'approcha d'elle et baisa sa main.
«Vous êtes ravissante, ma chère Olympe.»
Le comte offrit le bras à sa promise. Ils sortirent de la maison sans qu'Olympe n'adressât le moindre regard à son père. Elle était furieuse contre lui, mais surtout contre elle. Il n'y avait qu'elle à blâmer. Ce n'était que par sa faute qu'elle se retrouvait dans cette situation.
Lorsqu'ils atteignirent le lieu de réception, celle-ci avait déjà commencé. Olympe tenait le bras de son promis et se forçait à sourire. Cet homme à son bras la révulsait au plus haut point. Pour rendre ce moment supportable, elle imaginait tenir le bras de Ronan. Ils se mirent à danser. En premier lieu en silence puis le comte se mit à dévisager Olympe.
«Pourriez-vous cesser de me regarder de la sorte, s'il vous plaît ?
-Votre père a dû vous entretenir de la raison qui vous pousse à m'épouser, n'est-ce pas ?
-Même si je n'avais pas libéré cet homme, n'auriez-vous pas trouver un autre moyen ? "Je ne vous demande pas la main de votre fille. Je vous annonce que je vais l'épouser." N'est ce pas ce que vous avez dit à mon père, monsieur le comte ?
-Alors vous écoutez aux portes ?
-Pourquoi ne me répondez-vous pas ? Vous ne faites qu'esquiver mes questions.
-Vous faites la même chose, ma chère.
-Comment l'avez-vous su ? Comment avez vous pu savoir que c'était moi qui avait fait évader ce jeune homme ?
-Vous êtes bien curieuse, Olympe. Il suffit maintenant, la discussion est close.»Agacée la jeune femme marcha sur le pied du comte tout en dansant. Celui-ci, sachant pertinemment qu'elle l'avait fait exprès, la fit valser et la lâcha tandis qu'elle tombait. Il rattrapa la jeune femme au dernier moment un sourire narquois aux lèvres.
«Ne jouez pas à la plus maligne avec moi, Olympe. Vous seriez surprise de voir ce dont je suis capable.
-Oh mais monsieur le comte, je ne doute pas que vous soyez capable des pires immondices. Vous êtes un monstre, un être abject et vous n'imaginez pas à quel point il me dégoûte de danser avec vous et à quel point il me tarde de quitter cette réception !»Une grimace de rage deforma les traits du comte. Il ne pouvait rien faire contre elle en plein milieu d'une salle remplie des plus grands notables de France, et elle le savait aussi. La jeune femme s'amusa de son fiancé, mais celui-ci agacé, serra de plus belle la main d'Olympe.
«Vous me faites mal, lâchez moi !
-Vous tenez à ce révolutionnaire, n'est ce pas ? À ce Ronan ?
-Que vient-il faire dans cette discussion ? s'inquiéta, les sourcils froncés, la jeune femme
-Vous aimeriez sûrement savoir qu'il est activement recherché par mes hommes pour trahison. Il a sûrement déjà été retrouvé à l'heure qu'il est.
-Vous mentez.
-Vraiment ? Quel intérêt aurai-je à vous mentir ?»Olympe perdit son sourire et Peyrolles se délecta de ce changement soudain. Ils arrêtèrent leur danse. La jeune femme put enfin se dégager de la prise de son futur époux et se dirigea vers les jardins. L'homme la suivit et l'arrêta en lui saisissant le poignet.
«Où allez-vous, ma chère ?
-Laissez-moi !» s'emporta la jeune femmeOlympe s'arracha à sa prise et continua d'avancer. Peyrolles la retint à nouveau et la força à le regarder.
«Sachez, belle Olympe, que désormais votre vie m'appartient. Il semblerait que vous ne vous sentiez pas bien. Nous devrions vous ramener chez vous.»
Le comte n'attendit pas de réponse de la part de sa promise. Il s'excusa en leurs deux noms auprès des hôtes et ils quittèrent la réception. Peyrolles la ramena chez elle.
«Nous nous reverrons bientôt, ma chère Olympe.»
Il la laissa sur le perron, et s'en alla. Dès qu'il fut hors de sa vison, Olympe attrapa les pans de sa robe et se mit à courir. Elle se rendit au Palais Royal, espérant y revoir le beau paysan. Il se trouvait là, allongé sur le même banc. Un grand soulagement la parcourut : les hommes de Peyrolles ne l'avait pas encore attrapé. Elle se rapprocha de lui.
«Ronan, réveillez-vous...
-Olympe, vous étiez si impatiente de me revoir que vous êtes venue le soir même, lui dit-il en souriant
-Ne plaisantez pas, je ne suis pas ici pour une visite de courtoisie. Vous devez vous en aller. Quittez Paris !
-Pour quelle raison ? Tout à l'heure encore vous me suppliez de rester auprès de vous.
-Les choses ont changé, Ronan, et je le déplore, croyez-moi. Je ne peux rien vous révéler, mais faites moi confiance. Vous devez fuir Paris.
-Expliquez-moi, Olympe. Je refuse de vous abandonner sans en connaître la raison.
-Voulez-vous bien, pour une fois, ne pas être si borné ! Vous êtes un idiot, Ronan !»La jeune femme fondit en larmes. Le révolutionnaire la prit dans ses bras, respirant son parfum tout en s'en délectant. Il la regarda dans les yeux et approcha son visage. Leurs lèvres se scellèrent en un baiser d'amour long et sincère, tout en espérant que ce ne fût pas le dernier.
«Ne pleurez plus. Ce n'est pas un adieu, nous nous reverrons.
-Nous ne pouvons pas, ce serait dangereux pour vous, et je refuse d'être la cause de ce danger. Je suis déjà la cause de votre fuite, et de votre malheur...
-Vous êtes mon bonheur, Olympe. Ce n'est pas à cause de vous si je suis malheureux, le monde dans lequel nous vivons en est la raison. Ne pleurez pas en pensant à moi, car je n'en vaux pas la peine.
-Pour moi vous valez toutes les peines du monde, Ronan.
-Nous nous reverrons, belle Olympe. Je vous le jure. Je ne vous oublierai jamais, essayez de faire de même.
-Il me sera impossible de vous oublier.»Le jeune homme embrassa une dernière fois la jeune noble avant de se lever et de partir vers la sortie de la ville. Olympe s'agenouilla et pleura. Elle pleura jusqu'à ce qu'aucune larme ne fût capable de couler. Seulement là elle se leva, et rentra chez elle, le cœur serré par le chagrin.
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La Guerre Pour Se Plaire
FanfictionRonan est un paysan et un révolutionnaire. Olympe est une noble au service des princes. Ils n'ont rien en commun et pourtant leur amour est si évident. Mais dans l'an difficile qu'est l'an 1789, ils devront faire face à bien des tourments pour vivre...