Tandis que je fixe les jambes de 440, mon champ de vision commence à se rétrécir, puis s'assombrir. J'essaie alors de parler et de regarder la Sirène, mais voilà que son visage disparaît. Je fronce les sourcils, je la cherche, mais non, elle a bien disparue. Où est-elle ? Je tourne sur moi-même, titubant. Gemma a disparue, elle aussi.
Bordel, elles sont où ?
— HARRY ! hurle une voix remplie de sanglots.
Je me réveille en sursaut. Je suis assis par terre, le dos contre la baignoire. Merde. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je suis haletant. Quelle heure est-il ?
Pas le temps de me questionner plus qu'une sonnerie retentit.
Mon téléphone.
Je l'extirpe en vitesse de ma poche de jeans et réponds sans même regarder le numéro.
— Allô ?
— Monsieur Styles ? me demande une voix féminine, lassée.
— Oui...?Je déglutis en reprenant mes esprits.
— Ici l'Hôpital Saint Thomas. Il est midi passé, et votre sœur vous attend depuis maintenant une heure. C'est elle-même qui m'a demandé de vous appeler ; elle commence à s'impatienter.
— Mais je suis déjà allé la cherch-
Je me tais.
Putain.
Je fais brusquement volte-face. La baignoire est remplie d'eau mais 440 n'est plus là. Où est-elle ? 440. Non non non. Elle n'est plus là ! Je lâche mon téléphone qui s'écrase au sol. Où est 440 ? C'est impossible.
Paniqué, je tourne autour de moi et réalise que le magnéto a disparu. C'est une blague. Il était encore là quand je me suis endormi ! Là, à mes pieds !
Il faut que je me calme.
Je souffle longuement, m'assieds sur le rebord de la baignoire et prend ma tête entre mes mains. J'inspire et expire jusqu'à ce que ma respiration soit régulière. Soudain, je remarque quelque chose sous mon pied. Le carnet. Je l'attrape et l'observe. C'est bien le carnet de Strider. J'ai dû être assis dessus quand je me suis endormi. Je déglutis. Est-ce que j'ai rêvé ? J'ai rêvé d'avoir sauvé 440 du labo ?
Non, sinon le carnet de Strider ne serait pas là.
Alors... J'ai rêvé que j'allais chercher Gemma et que nous découvrions 440 avec des jambes, c'est ça ?
C'est ça.
Putain, mais où est 440 dans ces cas-là ?
Je relève brusquement la tête. La porte fermée de la salle de bain me fait face.
Je me lève, méfiant, ramasse mon téléphone, puis pose la main sur la poignée. Je déglutis avant d'abaisser lentement celle-ci. Je passe la tête hors de la pièce avec prudence et inspecte le couloir. Personne. Je pose un pied sur le parquet, toujours prudent. J'avance petit à petit dans l'allée en essayant d'être le plus silencieux possible. Enfin, j'arrive à l'entrée du salon. J'y jette un coup d'œil discret. Tout est en ordre, et à première vue, il n'y a personne. Mais, de loin, j'aperçois quelque chose d'intrigant, collé à la porte d'entrée. Une sorte de post-it. Convaincu qu'il n'y a aucun danger, je traverse rapidement le salon et me dirige vers l'objet de ma curiosité.
Je prends le papier jaune entre mes doigts et le décolle de la porte.
« Débutant, adjectif : Qui débute, qui n'a pas d'expérience en la matière. Je n'aurais pas pu trouver meilleure définition pour vous, monsieur Styles. Ne vous mêlez pas des affaires des autres. Ce serait prendre de trop grands risques. Je vous aurais prévenu. »
Je serre la mâchoire et broie le papier dans mon poing.
Strider.
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âme indomptable ↝ h.s
Fantasía« Et si finalement... Les Sirènes n'étaient pas là pour rien ? Si finalement, elles avaient été créées pour quelque chose de bien précis ? Pour quelque chose d'encore jamais fait ? De jamais osé ? »