mystérieuse ombre ovale

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Me voilà enfin arrivé. Ah, que ça fait du bien.

L'odeur particulière des sapins de la forêt flotte agréablement jusqu'à mon nez, tandis que je pose mon pied en dehors de la voiture. Je me hâte vers le coffre pour en sortir mon gros sac noir que je hisse sur mon épaule, puis me dirige directement vers le chalet en bois qui s'offre à moi.

Après être entré dans la cabane et avoir jeté vulgairement ma valise sur le canapé, je trottine jusqu'à la baie vitrée que je passe afin de me rendre dehors.

Bon sang, je ne m'en lasserai jamais.

La vue est tout simplement splendide. Face à moi, l'immense lac, dont j'ai l'impression de ne pas pouvoir en voir la fin, domine quasiment toute la largeur du paysage. La forêt et ses arbres l'entourent, le délimitent, et le ponton de rondins apporte sa petite touche romantique à ce décor authentique. Tout ce que j'aime.

Bien vite, je ne peux plus résister à ma folle envie.

Je cours vers l'eau tout en me déshabillant – où je manque à plusieurs reprises de me vautrer parterre – puis plonge depuis le ponton dans le lac, en boxer.

Je me délecte de la sensation de l'eau qui m'enveloppe tandis que je nage quelques temps sous l'eau, avant de remonter à la surface. Je bats des pieds pour m'y maintenir alors que, rapidement, un sourire se forme sur mon visage. Le soleil est bien haut dans le ciel et réchauffe ma peau exposée lorsque je secoue mes boucles pour les redresser sur ma tête en admirant les lieux. Oh oui, j'adore définitivement cet endroit.

Dans le lac, je repense à notre escapade au royaume des Sirènes. Voilà cinq jours que nous en sommes revenus, et ça me trotte toujours dans la tête. Tellement de questions se bousculent dans mon cerveau. Déjà, pourquoi n'avions-nous pas le droit de rester un peu plus longtemps dans le sous-marin ? Quelle est cette histoire de limitation du temps ? Comme si le fait que nous restions un peu plus longtemps là-bas allait provoquer une catastrophe. Et puis, pourquoi n'avions-nous pas le droit de prendre quelques photos ? Le capitaine nous l'avait formellement interdit juste avant l'embarcation. Ce que je n'avais pas compris. Un moment pareil... C'est obligé de l'immortaliser.

440... Ma mémoire me remontre l'image de cette Sirène. 440,ce n'est pas un prénom pour une fille comme elle. On ne peut pas appeler une telle fille par un numéro. C'est complètement déconné. Logique des scientifiques, je présume.

En tout cas, c'est la première fois qu'un numéro me bouleverse tant.

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Il est quatre heures. Soit l'heure du goûter.

Assis sur le rebord du ponton, je croque goulûment dans la banane que je viens d'éplucher. Mes chevilles sont immergées dans l'eau quand je bouge mes orteils, appréciant la sensation du liquide sur ma peau. Mon attention est rivée sur le livre que je tiens dans mes mains. Je l'ai commencé il y a quelques jours, même si je n'ai pas beaucoup de temps en ce moment, avec mon déménagement, et tout ça. Alors ces petites vacances improvisées me permettent d'avancer un peu plus dans ma lecture que je trouve de plus en plus passionnante au fil des chapitres.

Je laisse tomber lentement mon dos contre les rondins, et replie mon bras derrière ma tête en plaçant mon bouquin juste devant le soleil afin me protéger de ses rayons sournois.

Après avoir dévoré une trentaine de pages de mon livre, la fatigue commence à alourdir mes paupières. En même temps, dans un décor pareil, il est difficile de résister à une petite sieste au soleil.

âme indomptable ↝ h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant