"Elle passe ?"
"Ouais, c'est bon."
Isaac s'empresse de refermer à clé la porte de mon appartement. Dans le noir, je m'avance jusqu'à la salle de bain, suivi de mon ami.
"Allume l'eau, s'il te plaît." je lui demande.
La baignoire se remplit progressivement d'eau chaude. Une fois comblée à ras bord, le roux éteint le robinet. Je m'approche de la cuve et y dépose délicatement 440. J'espère que la chaleur lui fait du bien.
"Ça va aller ?" me questionne Isaac.
Je tourne la tête vers lui.
"Oui, t'en fais pas." J'essaye d'esquisser un petit sourire assuré. Mais devant l'état de la Sirène, je suis en réalité abattu. "Tu peux rentrer chez toi."
"T'es sûr, hein ?"
"Vas-y, t'inquiète pas, je m'occupe d'elle. Encore merci de m'avoir accompagné là-bas."
"C'est rien." Il me sourit chaleureusement. "Je passerai demain après le boulot, d'accord ?"
"Ça marche."
Il pose sa main sur mon épaule.
"À plus, frère."
Je hoche la tête. Je le remarque lancer un regard sur la rousse. Une moue désolée s'installe sur son visage avant qu'il ne s'éclipse.
Juste après son départ, mes iris se portent à nouveau sur la fille allongée dans la baignoire. Elle gémit faiblement de douleur. Je me hâte d'aller chercher un de mes gants pelucheux qu'il y a dans la commode, le tremper dans l'eau chaude, et le passer avec précaution sur ses bras endoloris, comme un massage. J'ai envie de casser tout ce que j'ai sous la main rien qu'à l'idée de savoir qu'il l'a sûrement battue. Elle ne le mérite pas. Personne ne le mérite. Connard de Strider. Put-
Je connecte immédiatement mes yeux à ceux de 440 lorsque je remarque qu'elle me regarde. Je me déplace un peu afin de poser mon avant-bras sur le rebord de la baignoire, puis viens placer ma joue dessus, regardant ainsi la jolie rousse dans le même axe qu'elle. Le gant que je tiens remonte jusqu'à son épaule et finis son chemin dans son cou, juste avant que je l'abandonne pour caresser avec délicatesse sa joue de mon pouce. Je la vois essayer de me sourire. Elle parvient à en esquisser un.
Bon sang, je ne sais même pas comment elle peut encore avoir l'envie de sourire après ce qu'elle vient de vivre.
Elle expire longuement en calant mieux sa tête contre la courbe de la baignoire tandis que j'embrasse doucement son front.
"Dors un peu, ma jolie Sirène. Je reste là, avec toi."
Elle dépose un petit baiser sur ma paume. Je souris, et enlève doucement ma main. Je m'installe le plus confortablement possible, le dos contre la baignoire, les genoux repliés, quand je découvre le carnet marron que j'avais pris au labo, posé sur l'extrémité du lavabo. C'est certainement Isaac qui l'a mis là avant de partir. Je tends le bras et l'attrape. Sa couverture de cuir est granuleuse sous la pulpe de mes doigts au moment où je l'ouvre. Tout de suite, un magnétophone tombe sur mes cuisses. Je repose le carnet à côté de moi et prends en mains l'appareil mystérieux.
Je l'actionne.
"Seize juin deux mille quatorze."
C'est la semaine dernière. Est-ce que ce magnéto appartient à Strider ? Je continue la lecture, écoutant attentivement cette voix grave.
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âme indomptable ↝ h.s
Fantasy« Et si finalement... Les Sirènes n'étaient pas là pour rien ? Si finalement, elles avaient été créées pour quelque chose de bien précis ? Pour quelque chose d'encore jamais fait ? De jamais osé ? »