chapitre trois

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Le reste de ma semaine je la passe seule.
Dans le sud de la France. En attente de jeudi.
Je discute beaucoup des règles du prochain week-end avec Josh. L'homme au t-shirt McLaren.
L'équipe médiatique de l'écurie me voudrait présente sur mes réseaux sociaux.
Ça me semble tout à fait normal mais je n'ai pas mis de contenu depuis plus de deux mois. J'ai prévenue Josh que j'en ferai quelques unes.
Je me retrouve donc, dans un appartement qui ne m'appartient pas pour le week-end.
Demain je suis invitée à dîner à leurs côtés.

Alors inconsciemment, je passa le reste de ma soirée et de ma journée. Dans mon lit. En pyjama.
La fenêtre de ma chambre légèrement ouverte, m'indiquant que la vie ne m'attends pas.
Que je pourrai rester dans le noir ici. La vie continuera.
Je hais ce genre de journée. Pourtant j'en ai malheureusement l'habitude.
Je suis habituée à ce que je cède à mes vices. Que je donne raison à mes voix et à mon anxiété.
Que je devienne tout à coup triste et horrible avec moi-même.

Lorsqu'il est presque 16heures, je me décide enfin de quitter mon lit. J'entre dans la cuisine, attrape le premier paquet de gâteaux et retombe rapidement dans mes draps.

C'est seulement au son de mon téléphone que je me lève réellement.
Le nom de Josh apparaît et je sais que je devrai déjà être prête. Excitée d'y être.
Alors je me réveille rapidement et file à la douche.
La douche a un réel effet de réconfort dans ce genre de moment. Que l'eau me brûle le corps ou qu'elle me le glace. J'aime la sensation.
Alors j'y reste un peu plus que convenu.

Je pars de l'appartement frustrée. Un mal de tête se crée et ma salive pèse lourd lorsque j'essaie de l'avaler.
Je n'ai qu'une envie c'est de me remettre en pyjama.
Rien que mon reflet dans le miroir portant ce magnifique chemisier jacquemus me donne l'immense envie de pleurer.
J'imaginais différemment mon corps là dedans.
Pourtant je n'ai pas le choix. Je dois y aller.
Je dois affronter une dizaine de personnes et leurs regards.

Sur le chemin je n'ai qu'en tête les futurs photos prises par l'équipe. Je me répète intérieurement de ne pas les regarder.
Peu importe ce qu'il se passe.
Je ne dois pas les regarder ou je fonderais en pleurs.

Je fais mon entrée dans un restaurant moderne. Un serveur me demande mon nom puis me fait traverser toute la salle.
Le restaurant reçoit quelques clients.
La salle teintée de marron et blanc est immense. Sur les murs sont exposées des bouteilles de différents alcools.
Mais l'homme en face de moi m'emmène sur une terrasse extérieure. À présent illuminé par les douces lampes.
Le sol est fait de bois et la décoration simpliste recouvre la terrasse.
- Voici.
Il montre de sa main ma table pour ce soir.
À ma grande surprise ce n'est pas une longue et immense table mais une table de huit personnes.
- Bonsoir Maë.
M'aborde Josh immédiatement.
Je ne reconnais que lui autour de cette table alors je lui sourit. Effrayée à l'idée qu'il me laisse seule.

Daniel Riccardo se tient, lui aussi, ici. À ses côtés, sa copine.
Josh me présente aux quelques ingénieurs présents. Puis aux seules membres de l'équipe médiatique présents.
- Notre deuxième pilote devrait pas tarder à arriver!
S'exclame bruyamment un homme. Un ingénieur je suppose.
Tout le monde réagit à sa manière. Certains n'y croient pas.
D'autres râlent du retard du numéro quatre.
Moi je me contente de m'assoir où est écrit mon prénom.
Je me retrouve assise près de Josh et de..Personne.
Je cherche du regard la petite feuille sur laquelle nos prénoms sont inscrits.
Lando Norris.
Évidemment.
Comme si avoir Daniel Riccardo et sa copine en face de moi n'était pas assez de pression.

- Enfin! On peut commander maintenant.
Ricane l'australien lorsque le brun fait son arrivée.
Seul.
Il salue tout le monde puis fini par moi.
- Ça va mieux?
Dit-il une fois s'être salués.
- Beaucoup mieux.
Je m'efforce de sourire bêtement.
Il continue de me regarder tout en s'asseyant à mes côtés.
Je déteste les gens assez sûrs d'eux pour oser regarder son prochain dans les yeux.
Sans fuir rapidement.
Sans se sentir déshabiller de tout leurs mensonges.
Ce n'est même pas surprenant qu'il ai cette confiance là.
Comment un pilote de F1 n'aurait pas confiance en lui?
Tout le monde le voient. Ils ont tous confiance en eux.

Plusieurs discussions se créent autour de la table lorsque nos plats arrivent. Je fais mine de suivre celle qu'entretient Daniel et Josh. Mon regard se perd dans le vide.
Les bruits des couverts. Des vers se remplissant me viennent aux oreilles.
Mon ventre crie famine mais je n'ose pas.
J'en ai envie mais je ne veux pas manger devant tout ce monde. Devant mon voisin de table.
Une voix dans ma tête me répète que je ne vais pas mourir puisque je n'ai fait que grignoter plus tôt dans la journée.
Je joue machinalement avec ma fourchette.

- Je savais pas que tu suivais autant la f1.
À l'entente de sa voix si proche, je me retourne rapidement. Et ses yeux qui se perdent entre le bleu et le vert viennent me couper de mon faux élan de confiance.
- Oh..Si. Je suivais déjà quand j'étais jeune.
Il hoche la tête en m'écoutant attentivement.
Et moi je ne peux m'empêcher de le dévisager. De regarder tout les moindres coins de son visage. De ses yeux. De ses joues. Et même de sa bouche.
Je ne devrai pas autant me perdre devant ses lèvres. Il va me trouver ridicule. Mais lorsque je relève les yeux il me sourit et pose, à son tour son regard sur ma bouche.
Qui aborde un sourire stupide.
Pourquoi est-ce que je souris comme ça? Tout à coup.
- Tu es française non?
D'un mouvement mécanique j'attrape mon verre et avale quelques gorgées de mon cocktail.
- Exactement. Vous êtes chez moi ce week-end.
L'alcool vient me brûler la gorge.
- J'aime beaucoup ce Grand Prix..Bon vous ne dépassez pas Silverstone. C'est clair.
Il ajoute avec un rire entre les mots. Un rire qui fait du bien à entendre.
- Sans rancœurs..Je le préfère aussi.
J'ai prononcé mes derniers mots en m'approchant de lui, en chuchotant. Il pouffe de rire.

À la fin du repas, nous restons un moment devant le restaurant. Certains fument d'autres discutent comme Lando et moi.
Nous avons passé tout le dinner à discuter, presqu'entre nous. Je le trouve vraiment intéressant.
Je pourrais passer des heures à lui parler. Je suis certaine qu'un sourire se créera sur mes lèvres.
Et en ce moment même il discute avec un homme visiblement fan.
L'homme est français et semble légèrement alcoolisé.
Il est bruyant comme la plupart des gens autour de nous.
- Je t'aime Lando!
Le pilote se contente de rire et de serrer dans ses bras le français. Lorsqu'il disparaît il me regarde de nouveau.
- Tu as compris ce qu'il a dit?
- Je t'aime. Pas vrai?
Le brun marque une énorme pause entre ses mots. Son "je t'aime" a résonné un peu plus fort. Autour de nous comme en moi.
Ridicule.
J'acquiesce et en silence je commence à me haïr de nouveau.

Born again (lando norris)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant