chapitre seize

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Samedi.
Ma vie avant samedi était futile.
Samedi est enfin là.
Je me réveille avec un stress mais une motivation écrasante.
Tout va bien.
Tout va bien se passer.

Le beau brun continue de me témoigner l'effet qu'à mon absence sur sa petite personne.
Il m'encourage dans mes projets.
Il effectue de bonnes séances d'essais libres.
Tout va bien.
Tout va bien se passer.

Il est seize heure lorsque je m'assoie devant mon téléphone.
Mes lumières allumées.
Un léger maquillage sur le visage.
Le script à la main.
C'est l'heure.
- Tu sais ce que je crois? Que quand tu es sûr qu'une personne est là pour toi et t'aime, tu arrêtes de la considérer. Si tu vois que tu la perds. Là, tu fais attention..Mais c'est trop tard..
Je réalise mes prises plusieurs fois tant bien que je n'arrive presque plus à pleurer.
- J'en pouvais plus d'être la seule à aimer..Dis..Dis moi que tu m'as aimé..
Au bout d'une bonne demi-heure. Je suis satisfaite et essuie mes larmes.
Puis envoie ma vidéo au réalisateur. Lui même.

Assise sur un des sièges arrières de ce taxi parisien, une idée me traverse l'esprit.
J'ai envie de le rendre heureux.
J'ai envie de le voir sourire.
Alors je me perds dans des offres de billet d'avion.
Mes rendez-vous se passent bien. Je suis heureuse alors je suis prête à dépenser de l'argent pour le voir. Pour revivre un Grand Prix.
- Voilà nous sommes arrivés.
Je lève mes yeux de mon écran pour remarquer que le conducteur me regarde et attends que je sorte de son véhicule.
- Désolé..Merci beaucoup. Bonne journée.
Un sourire plus tard, je quitte sa voiture.
Je me retrouve devant un immeuble. Une plaque au nom de la marque décore l'interphone.

Lorsque j'entre, je reconnais quelques têtes.
Puis nous ne perdons pas plus de temps, on me présente énormément de tenues.
Passant par de longues robes colorées et des élégantes combinaisons clair.
- Moi je vois bien..cette petite robe qu'on associera avec des talons.
La styliste aux cheveux rouges me tends une robe noire. Avec des manches bouffantes et longues.
J'avoue être retentissante à toutes leurs propositions depuis mon arrivée.
Les séances de fitting m'angoisse énormément.
J'ai peur de ne pas me trouver belle dans aucuns de leurs vêtements.
Pourtant je m'efforce d'accepter avec un trop grand sourire.
- Allez..J'essaie.

Évidemment.
Ce n'est pas ça. Je hais petit à petit ce que je vois dans le miroir pendant qu'elles discutent de ce qu'elles ent pensent.
- Qu'est-ce tu veux essayer à présent?
Mon pyjama.
- J'aimerai bien partir sur une longue robe noire..
Instantanément elles s'activent à la recherche de la robe.
Elles m'en présente deux et je sais immédiatement celle que je veux.

C'est celle-ci.
C'est exactement ce que je voulais voir en me regardant dans cette vitre.
- Elle te va parfaitement!
Je suis d'accord avec elle.
Je me trouve séduisante.
Ça me redonne un réel sourire.

Dans un sac je range quelques affaires.
Tel qu'un pyjama et quelques tenues.
Mon téléphone est en haut parleur et ma mère me raconte sa journée.
Lorsque ma sœur débarque et lui vole la parole.
- Maë? C'est vrai que tu t'en vas le voir?
Dans sa voix je sais qu'elle se moque légèrement de moi.
Elle doit sûrement me trouver idiote de faire tout ça pour un homme.
- Oui oui..
Je jette deux paires de chaussettes en attente de sa réaction puis je l'entends rire.
- T'es vraiment folle! Profite bien.
Je pouffe de rire parce qu'elle n'a pas si tort que ça mais après tout il est venu chez moi. Pour seulement quelques jours. Sur un coup de tête.
Alors je le fais aussi.
Pour seulement quelques jours et sur un coup de tête.
Sans même le prévenir.
- Fais attention à toi.
Ajoute ma mère. La voix de la raison.
- Je le fais maman.

Pourquoi est-ce que je ferai attention à moi avec lui?
Il m'enlève toute conscience dès lorsque ses yeux se posent sur les miens.
Il est celui qui me rassure lorsqu'il me prends dans ses bras.
Alors je n'ai aucune raison.
Elle n'a aucune raison de s'inquiéter.

Hier soir. Avant d'aller dormir j'ai voulu entendre sa voix. Savoir dans quel état d'esprit il allait être ce dimanche car ses qualifications présagent une bonne place dans la grille.
Mais aucune réponse.
Finalement c'était un mal pour un bien. Je lui aurai tout avouer. À l'entente de sa voix, j'aurai capitulé.

Mon avion à décollé de Paris tôt ce matin.
Il faisait encore nuit. L'aéroport était presque silencieux.
Tous les passagers, y compris moi, semblaient n'avoir dormis seulement deux heures.
Alors très vite dans l'avion, plus personne ne fait de bruits.
Seul les hôtesses de l'air sont actives.
Rapidement je m'endors. Lorsque nous planons au dessus du monde.
Nous dans un silence réconfortant.
Le monde insomniaque et bruyant.

J'ai très peu de temps pour admirer le pays dans lequel je suis. Un taxi m'attends déjà.
À travers les fenêtres j'essaie d'imaginer la ville entière.
Les gens. Les magasins.
Il est presque dix heures lorsque je me décide enfin de lui envoyer un message.
"Prépare toi. J'arrive."
- Vous allez assister au Grand Prix?
J'ai un léger sursaut.
Sa présence était passée entre les trappes.
- Exactement.
Il rit.
C'est un rire d'un homme âgé.
- J'espère que vous soutenez le bon!
Ce week-end il s'agit d'une course à la maison pour le pilote de RedBull. Max Verstapeen.
- Réponse piège..
Son rire reprend de plus belle.
Il n'a aucune idée de qui je suis. De qui je supporte. Et surtout de ma motivation.
Je veux le voir.

La radio diffuse des informations.
Le chauffeur reste concentré, tapote nerveusement des doigts et reste silencieux.
Moi. Je me permets d'être sur mon téléphone.
Aucune réponse.
Il ne dors sûrement pas. Le paddock doit déjà être remplis d'inconnus impatients.
"4 messages non lus"
C'est ma cousine.
"Tu as fait un tour sur les réseaux?
Appelle moi dès que tu peux.
Maë?
Répond."
Je hais les "appelle moi dès que tu peux", ils me créent toujours des fourmis dans les jambes. Un poids énorme dans le ventre.
Je sais qu'il n'y a qu'une seule chose à faire : l'appeler.

- Enfin!
- Désolé. J'étais dans l'avion puis dans le taxi..J'ai pas eu le temps. Dis moi?
Le chauffeur en comprenant que je téléphone, baisse le volume de sa radio.
Ma cousine, elle, prends un moment pour reprendre la parole. Comme si elle cherchait ses mots.
Ce qui ne lui correspond pas habituellement.
- Euh..Il y a des photos qui tournent de ton pilote avec..En soirée..
Je ne sens plus mes jambes.
Elle laisse des blancs à chacun de ses mots.
- Quoi?
- Il..Il a été vu avec une fille.
Silence.
Je suis incapable de dire quoique ce soit. Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça.
Pourquoi est-ce qu'elle m'appelle pour ça?
- C'est rien. C'était sûrement une influenceuse ou..une amie.
Lando aime les soirées. Aime être aux platines alors je ne suis pas étonnée qu'il soit entouré de femmes.
- Non. Sur les photos ils s'embrassent Maë..Je suis désolée.
Elle a pitié de moi et ça me détruit.
- Je te rappelle.

J'ouvre mes réseaux sociaux. Un geste que je n'avais plus fait depuis quelques jours.
Des tonnes d'identifications se versent sur mon écran, je clique.
Les mêmes photos apparaissent une dizaine de fois.
Sombre. Deux silhouettes derrière des platines.
Les deux silhouettes se transforment rapidement en celle de Lando et d'une blonde.
Ma respiration est saccadée lorsque je me plonge dans toutes ces photos.
Des vidéos apparaissent.
Lando embrassant une autre femme.
Les mêmes lèvres qui ont embrassés chaque recoin de mon visage.
Le même homme qui disait mon absence insurmontable.

Sans que je m'en aperçois, ma vision se trouble de mes larmes.
Je me sens stupide.
Stupide à être dans un taxi. À quelques kilomètres de le rejoindre.
Je me hais d'avoir eu cette subite idée.
J'ai quitté mon pays, mon appartement pour simplement le voir.
Le soulager de mon absence.
Pour lui.
J'ai fais ça pour lui.
Pendant que lui embrassait une autre femme.

Il est trop tard.
Mon taxi ne s'arrête pas.
Contrairement à mon monde.
Il ne s'arrête pas et amène à lui.

Born again (lando norris)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant