Est-ce que l'odeur du pétunia est assez forte pour couvrir celles des déjections humaines ? Je parie que vous ne vous êtes jamais posé la question.
Pourtant, c'est une question importante. Vous saviez que derrière le désodorisant que vous pressez (ou devant lequel vous passez, cela dépend du niveau de technologie que vous utilisez pour couvrir vos odeurs) il y a tout un processus de création de parfum ?
Ouais, c'est chimique.
Ouais, parfois ça pue davantage que l'odeur que c'est censé couvrir.
Ouais, quand vous le mettez dans la cuisine, ça pue les chiottes. Personne ne vous demande de le mettre dans la cuisine aussi.
Bref, y a des gens qui bossent là-dessus. Parfois même des années. On bosse sur l'odeur, sur les composés, sur la manière dont on peut fabriquer à moindre coût et même sur le nom. Brume du matin, vent des plaines et tout ça... Parfois c'est l'équipe marketing, parfois, c'est nous.
Ah ouais, c'est le moment où je vous explique pourquoi je vous dis tout ça.
OK.
Je m'appelle Ursule Flatule.
Je vois vos sourires là... c'est pas drôle.
Enfin, si, ça l'est. Mes parents avaient un sens de l'humour douteux. Ouais, avaient. Ils sont décédés l'année dernière dans un putain d'accident de voiture impliquant un conducteur ivre et une marque qui lésine sur les freins. Ah, crotte, vous souriez plus.
C'est le moment où je vous dis que ce n'est pas vrai. Que j'ai moi aussi un humour douteux et que mes parents vont curieusement bien après trente ans de mariage. Ils sont toujours ensemble dans leur petit pavillon. Il y a bien eu un accident l'année dernière, mais ça n'a impliqué que la tondeuse, mon père bourré et les nains de jardin de maman.
Enfin, ça fait souvent cet effet-là aux gens. La mort... paraît que c'est une odeur désagréable aussi. Je confirme. les morts, ça pue grave.
Comment je le sais ?
Je suis nez. Vous savez les gars et garses (la faute est volontaire) qui créent les parfums en sniffant toute la journée. Ben voilà, c'est mon boulot. J'avoue, ça pète. Quand je le dis, en général, les gens sont épatés. Je suis nez. Bon, pas le genre à bosser chez Givenchy en revanche.
Non plutôt chez Mouffette and co, créateurs de parfums d'ambiance et de désodorisant. Le fondateur de la boite aussi a un humour douteux. Ou avait. Je ne sais pas du tout s'il est encore en vie.
Donc voilà... l'odeur, c'est mon rayon.
— Ursule ?
Je me tourne vers Ulysse (chacun sa croix), mon collègue. Plutôt beau gosse quand il enlève ses lunettes rondes et qu'il se déhanche sur la musique de Beyoncé. Ouais, je suis jalouse de son déhanché. Mais j'avoue il met de l'ambiance dans nos soirées du vendredi soir. Toute l'équipe se réunit au bar de l'espoir (parce qu'on en a encore) et on boit pour oublier qu'on a tous la vie sociale d'une huître.
Le problème, c'est que le vendredi soir, c'est soirée karaoké. Donc on chante. Je vous jure, on a tous passé un cap la première fois qu'on a entendu Gontran (chacun sa merde) chanter YMCA... et faire la chorégraphie. ça a bien resserré les liens de l'équipe. Est-ce que c'était nécessaire ? Je ne sais pas. Peut-être pas à ce point-là. Enfin, je digresse (ça m'arrive souvent, vous allez voir), Ulysse attend.
— A ton avis, lys ou géranium pour un parfum d'ambiance dans un ascenseur ?
Je hausse un sourcil. On me l'avait jamais faite celle-là.
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Les odorantes aventures d'Ursule Flatule
FantasyMon nom ? Ursule Flatule. Mon arme de prédilection ? La boule puante. Mon crush actuel ? Un type étrange de la F.I.S.C.S. Mon problème ? Une prophétie apocalyptique dont je suis l'héroïne principale. Mais rien ne va mal se passer, n'est-ce pas ? A...