Je déverrouille ma porte et indique à Alphéas qu'il peut rentrer.
— Faites attention à la poutre, indiqué-je alors qu'il s'arrête juste avant le drame.
Ouais, cet appartement est génial, mais il est sous les toits. Du coup, heureusement que je ne mesure qu'un mètre soixante quatre, sans ça je me prendrais la poutre tous les jours. Et Aragorn... enfin, vous voyez de qui je parle, avec son quoi... mètre quatre-vingt dépasse allégrement la hauteur demandée.
Il ne dit rien et se baisse prudemment avant de tomber sur la porte de la salle de bain ouverte. Oui, y a ce défaut. Le hall d'entrée dessert avant tout la salle de bain. Bien sûr, j'ai étalé mes petites culottes pour qu'elles sèchent sur le porte-serviettes. Mais il ne dit rien et me suit dans la salle à manger.
Je m'aperçois qu'il dégouline d'eau, comme moi, du reste et je cours nous chercher deux grandes serviettes. Il se débarrasse de son manteau de cuir, rabat ses cheveux mouillés sur son crâne et accepte la serviette avec reconnaissance. Je déglutis et me détourne alors qu'il entreprend de se sécher.
Oui, les gouttes qui dévalent son cou et s'engouffrent sous le col de sa chemise, ça m'excite. J'enlève ma veste, mon écharpe et mon bonnet et me sèche rapidement. Chaplin arrive sur ses entrefaites et miaule de mécontentement.
— Oui, je sais, je te donne à manger, soupiré-je.
Elle miaule, comme si elle venait de triompher.
— Tu le sais, le vendredi tu manges plus tard, excuse-moi d'avoir une vie, dis-je en prenant le paquet de croquettes.
J'en verse un peu dans sa gamelle, remplis son bol d'eau puis me retourne pour faire face à Alphéas qui me regarde, grave et sérieux. J'ai l'impression que le dérider, c'est pas facile.
— Je ne devrais pas parler au chat, c'est ça ? C'est bizarre ? Pas plus que de se balader avec une épée, en chemise du moyen-âge et manteau de cuir et de parler avec des types bizarres qui encerclent les femmes devant un cimetière. Ah oui et de parler de F.I.S.C.S aussi.
Je croise les bras sur ma poitrine. Je suis un peu énervée. Encore un peu sous l'emprise de l'alcool et de l'adrénaline et d'avoir traversé toute la ville sous la pluie, accompagnée d'un type taciturne au possible.
Il ne répond pas tout de suite à ma tirade, à tel point que je me dis que j'ai dû le casser. Il finit par s'adosser au chambranle de la porte de la cuisine et soupire.
— Les gens qui parlent à leurs animaux sont souvent dotés d'une sensibilité accrue. Ce n'est pas étonnant venant de vous.
Venant de moi ? Non mais genre, on se connait.
— Bon, d'accord, vous la crachez votre pastille ? Vous avez dit que vous vouliez discuter...
Il acquiesce sans rien dire. Je soupire. Bon sang, c'est toujours aux nanas de faire le premier pas. La fatigue s'abat soudainement sur moi.
— Le salon c'est la porte à côté. Installez-vous sur le canapé, j'arrive. Je sens que ça va être une longue soirée. Vous aimez le thé ?
Il hoche la tête avant de suivre mes indications. Bon, j'aurais aimé avoir plus de précisions sur le thé. Mais clairement, je peux aller me rhabiller. D'ailleurs, je n'aurais rien contre une douche, là tout de suite. Encore un truc qui devra attendre. Alors que chanter Mamma Mia ! sous le pommeau, je ne connais rien de plus salutaire.
J'enclenche la bouilloire, prend la boite de thé et en verse dans la théière. Lorsque l'eau est à bonne température, je verse sur les feuilles puis referme. Je prends deux mugs dans le placard. Mon mug ABBA préféré pour moi, et pour lui le seul mug seigneur des anneaux que j'ai, avec Aragorn en gros plan.
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Les odorantes aventures d'Ursule Flatule
FantasyMon nom ? Ursule Flatule. Mon arme de prédilection ? La boule puante. Mon crush actuel ? Un type étrange de la F.I.S.C.S. Mon problème ? Une prophétie apocalyptique dont je suis l'héroïne principale. Mais rien ne va mal se passer, n'est-ce pas ? A...