2 ˖ joli problème

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IL N'EN POUVAIT PLUS, PHYSIQUEMENT. Depuis le moment où il avait quitté son appartement à Séoul jusqu'au moment où le bus dans lequel il se trouvait s'était garé, il devait bien s'être écoulé vingt-huit heures tout au plus. Son téléphone était à l'agonie et sa batterie externe ne pouvait plus l'alimenter. Il n'avait plus le temps de s'endormir au risque de rater son arrêt, déjà qu'il avait du mal à lire les noms complexes des campagnes françaises, il n'allait pas en plus se perdre. Du coup, il restait accoudé au mince rebord de vitre et regardait le paysage, composé majoritairement de verdure, de maisons pavillonnaires visibles tous les demi-kilomètres, et de champs labourés ou de prés où les chèvres, vaches ou chevaux broutaient sans se soucier du reste.

Il faisait assez beau comme un mois de juin, assez doux, alors qu'en Corée, Hyunjin devait déjà sortir avec un petit ventilateur et une bouteille glacée pour éviter de fondre au soleil. Il était content de constater qu'en France, il pourrait se balader en jean et en chemise, ou peut-être en sweat-shirt s'il faisait un peu froid.

Hyunjin avait beau être enjoué à l'idée de bientôt arriver chez Amélie, ses yeux cernés et ses paupières fatiguées ne trompaient personne. Il n'avait qu'une hâte, poser sa tête sur un oreiller et s'endormir. Bien sûr il ne le ferait pas, il ne voulait pas passer pour un impoli. D'ailleurs, auprès de qui ? Il ne savait pas. Il se souvenait vaguement d'avoir eu cette discussion avec Amélie, et d'après ses souvenirs elle vivait avec sa sœur et ses parents, quelque chose comme cela.

D'ailleurs, cela lui rappela que depuis son message à sa sortie de l'aéroport, il n'avait pas pu être en contact avec la jeune femme. Il aurait bien voulu s'arrêter à la cafétéria pour brancher son portable mais il avait préféré prendre le premier bus direction le village d'Amélie au nom imprononçable.

Et il y arriva finalement, après ce trajet mouvementé qui en avait donné des nausées à Hyunjin.

Ce fut plus qu'une épreuve de devoir déambuler dans le petit village sous le regard surpris de tous les passants, qui devaient se demander ce que quelqu'un comme lui faisait ici, marchant péniblement en tirant sa valise à bout de bras et ayant du mal à lire chaque nom de rue — si il arrivait à trouver les panneaux. La chaleur était en fait lourde et traître, et l'air climatisé de l'avion commençait à atrocement lui manquer.

Entre l'excitation et son cardio fragile, son rythme cardiaque en prenait un coup.

Il arriva finalement devant l'adresse qu'il avait eu du mal à mémoriser et qu'il avait griffonné à l'arrache sur le dos de sa main avant que son téléphone ne rende l'âme. Un portail en fer s'ouvrait devant lui, donnant sur une petite allée bordée de parterres de fleurs dans un mignon jardin à l'abris des regards grâce à des haies. Une voiture — semblant en mauvais état — était garée dans l'allée, à côté d'un jeune arbre planté récemment. Une maison moderne se dressait devant lui et il n'eut qu'à faire quelques pas en tirant sa valise pour atteindre ce qui semblait être la porte d'entrée.

𝗝𝗢𝗟𝗜 𝗡𝗔𝗨𝗙𝗥𝗔𝗚𝗘, 𝗵𝘆𝘂𝗻𝗶𝗻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant