Chapitre 5

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Je remplis ma valise de quelques tee-shirts et pantalons souples. Assez de sous-vêtements pour tenir deux semaines sans machine, lunettes de soleil, révolver, munitions et le tout est bouclé.

Comme il l'avait promis, Tyler a réussi à convaincre Chuck qu'il avait plus sa place à Paris qu'en Roumanie et il prend place dans l'hélicoptère en même temps que nous. Bien qu'il ait retrouvé un visage en apparence serein, sa réaction un peu disproportionnée de tout à l'heure me reste en travers de la gorge.

-Alors, voilà le topo d'après Chuck.

-Ah parce que c'est toi qu'il a chargé de nous transmettre ça ? m'étonné-je tandis que Thomas le raille. "Allez mec dis moi comment t'as réussi à lui graisser la patte, c'est plus possible à ce stade-là !"

Tyler ignore gentiment nos remarques et continue.

-Bon. Apparemment ils ont découvert une entreprise dont le patron semble filou. Ils le suspectent d'être en lien avec une grande partie d'un trafic d'armes du coin, de nombreuses pistes convergent vers cette entreprise. Donc toi, Elise, t'es l'appât, et Thomas et moi on rôde autour en voyant les informations qu'on peut glaner. La première partie de la mission c'est du repérage, d'accord ? Pas de bagarre, pas de questions insistantes, la discrétion avant tout. On se familiarise avec les lieux.

"C'est tout ?"

Thomas éclate de rire suite à ma question.

"-Attends, t'as pas compris que ton rôle à toi c'était de séduire le type ? T'inquiète, on s'arrangera pour que tu l'abordes un soir sans lune après qu'il aura bu quelques verres...

-Hahaha, mais dis donc, il a bien fait de te prendre finalement Chuck, qui aurait assuré le service divertissement pendant le vol sinon ?"

Finalement, c'est Maurine qui s'en charge. Elle nous parle pendant une grande partie du trajet de Paris, cette ville "fantastique" et "magnifique", et réussit à divaguer pendant la fin en nous parlant à la fois de ses friandises préférées et de l'ami du fils de sa belle-mère qui a la phobie des mouches.

Nous nous posons enfin sur le toit d'un hôtel, et lorsque nous descendons des grooms prennent nos valises. La répartition des chambres se fait sans que j'aie mon mot à dire, puisque Thomas agrippe le bras de Tyler en s'exclamant d'une voix enfantine : "Tu ne me lâches pas pour elle !"

Il m'adresse un sourire victorieux lorsque Tyler cède en soupirant. Je le fusille du regard. Décidemment, il a décidé d'être le parasite dans notre couple. Mais intérieurement, je le remercie. Prendre un peu de distance avec Tyler au vu de mes questionnements de la journée n'est pas une mauvaise chose.

J'entre dans ce qui va être ma maison pendant quelques semaines. Pas mal. Moderne, spacieuse et confortable. Je remarque également qu'elle a été équipée spécialement pour moi. Dans le dressing, une flopée de vêtements neuf sont rangés sur des cintres. De la tenue de jogging à des accoutrements de gala, j'ai plus d'habits à disposition que je n'en aurait apporté avec deux valises.

Deux ordinateurs, l'un portable, l'autre fixe, m'attendent sur le bureau. A côté un talser avec écrit dessus toutes les informations sur la mission. Je ne vide pas mes valises, elles ne me serviront peut-être même pas, et décide de me renseigner un peu sur ma cible. Pour l'instant, la mission me semble trop simple.

C'est en voyant s'afficher sur l'écran du talser : "Aucune information actuelle sur cet homme." que je calme mes ardeurs. Tant mieux. Je resterai à Paris plus longtemps que prévu.

Je cherche des informations sur l'entreprise en général et découvre qu'elle est dirigée par un certain Monsieur Klyuel, mais après quelques recherches internet je me rends vite compte que cet homme est comme un fantôme sur la toile. C'est sûrement un nom d'emprunt. L'adresse du siège principal ne se situe qu'à une vingtaine de minutes à pieds de notre hôtel. Ok. Ce soir, j'y vais. On toque à ma porte et je sursaute.

"Qui c'est ?

-À ton avis ?"

Je reconnais la voix de Tyler et lui ouvre en lui demandant ce qu'il veut.

"Une petite balade dans Paris ça te tente ? Comme ça on pourra commencer à repérer les lieux."

Je lui souris pour approuver, il me fait un petit bisou et nous sortons de l'hôtel. Dans la rue, c'est une tout autre ambiance ! La rue est surchargée de voitures conduites par des chauffeurs à fleur de peau, et les trottoirs de touristes et de passants pressés.

Tyler me guide à travers la cohue, comme s'il était déjà chez lui, et me mène jusqu'à un endroit plus calme. Je suis saisie par la beauté du parc qui s'étend sous nos yeux, les arbres en fleur entourant les bancs délicieusement alignés isolent cet endroit du boucan de la ville juste derrière et font de cet endroit une sorte de refuge au cur de la ville.

"Viens, on s'assoit là."

Un banc libre nous accueille.

"On dirait que tu connais déjà la ville."

Tyler reste muet quelques instants, un sourire flottant sur ses lèvres.

"J'ai dû y aller avec mon père quand j'étais jeune, je ne pensais pas m'en souvenir si bien.

-Tu restes plein de surprises, finalement, je réponds en riant."

Il relève mon "finalement" d'un ton interrogateur.

"Oui, c'est bizarre de te dire ça, admetté-je simplement."

Avec l'air sérieux et compréhensif qu'il garde pour ce genre de discussion, il m'encourage à être plus claire.

"Parfois j'ai l'impression de si bien te connaître que je saurais prévoir la moindre de tes réponses et réactions. Pourtant, d'autres fois, je me trompe, tu agis différemment, et c'est comme si j'avais quelqu'un d'autre en face de moi."

Il ne répond rien et détourne le regard, pensif.

"Je te connais par cur et en même temps, je ne te connais pas. Mais après deux ans, ça me perturbe qu'il puisse y avoir un tel décalage."

L'espace d'un instant, c'est comme si je lisais dans son regard une froide panique. Mais il finit par me répondre calmement.

"Tu es la personne qui me connais le mieux, pourtant. Je n'ai jamais essayé d'être quelqu'un d'autre que moi-même avec toi. Ce décalage, c'est peut-être parce qu'à tes côtés je suis quelqu'un de bien, meilleur qu'en réalité. A mon avis, avec le temps, tu t'aperçois que sans ta compagnie je ne vaux pas grand chose."

Je ferme les yeux et me blottis brusquement contre lui.

"Comment tu peux dire ça? Avec ou sans moi tu restes incroyable.

-Tu m'aimes toujours ?

-Bien sûr, conclus-je en tendant le cou pour embrasser ses douces lèvres."

Être agent secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant