Chapitre 2

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"Ok, on dit jusqu'au niveau des rochers là bas."

Je me dirige vers la mer, reposant mes affaires sur le sable et la suit en direction de l'eau.

Toute la classe s'agglutine pour assister à cette course. Est-ce l'âge qui les rend si superficiels ?

Bien sûr, elle demande à Tom de faire l'arbitre, et prend position à mes côtés.

« T'as fais gaffe à mettre du waterproof ? lui demandé-je avec un sourire. »

Elle lève exagérément les yeux au ciel et répond, agacée. « Tu ferais mieux de te concentrer sur ton entrée dans l'eau, j'aimerais bien avoir un peu de challenge. »

Elle est mignonne finalement. Peut-être qu'elle a vraiment confiance en elle. Un peu trop semble-t-il.

"3... 2... 1... Partez !"

Je plonge en tendant les bras devant moi, les muscles de mes jambes me propulsent vers l'avant. Dès que mon corps entre dans l'eau, des frissons me parcourent. Ça faisait une éternité que je n'avais pas nagé et cette sensation qui m'est si familière est plus qu'agréable. Je nage sans difficulté jusqu'au point défini. L'eau me pousse, m'entraîne.

Je fais demi-tour et observe rapidement la situation. Ma concurrente est quelque vingt mètres derrière moi, et décide de changer directement sa trajectoire pour rentrer plus vite. La mauvaise joueuse.

Je reviens quand même à la plage avec dix bonnes secondes d'avance. J'ai presque de la peine pour elle, elle s'est attaquée à moi sans pouvoir savoir qu'elle n'avait aucune chance. La natation, avec la course à pied, le tir et l'escalade sont les disciplines prépondérantes dans la formation que j'ai suivie.

Je m'empare avec hâte de mes affaires et m'enroule dans ma serviette avant de prendre le chemin du retour d'un pas léger, heureuse de pouvoir enfin m'en aller. Au moins, j'aurai accompli une bonne action aujourd'hui, remettre à sa place une fille un peu trop arrogante : fait.

Sur le sentier, je me fais la réflexion qu'aujourd'hui encore, il ne s'est rien passé. Franchement, j'ai bien peur de ne servir à rien dans cette affaire.

J'arrive au bord de la falaise. Vu d'ici, elle est tellement abrupte qu'en se penchant un peu, on tombe dans le vide. Je m'assieds à deux pas du rocher repère, les jambes dans le vide. En les appuyant contre la falaise, je tâtonne un peu, trouve la roche qui saillit et donne un grand coup dessus.

Une cabine sort de l'eau et monte jusqu'à moi. Une fois qu'elle stationne à ma hauteur, j'ouvre la trappe sur le dessus et prends précautionneusement l'échelle qui m'amène à l'intérieur. Puis la cabine redescend et j'entre sous l'eau, tout en pianotant sur mon téléphone.

Trois messages de Thomas, du genre qu'est-ce que je fous, Chuck m'attend, faut que j'me bouge... Un message de Chuck qui effectivement, s'impatiente. Les hommes ne peuvent pas attendre deux minutes, alors que ceux-là même se pointent toujours avec une demi-heure de retard.

La bulle s'arrête devant la paroi d'un gros rocher, qui s'ouvre après quelques secondes d'attente. Je sors de la cabine. Devant moi, une porte d'ascenseur en fer blindée, avec un poteau devant. Je pose ma main dessus. "Empreintes acceptées." La porte s'ouvre, une fois à l'intérieur je demande l'étage -7.

Dès que j'arrive, je traverse le couloir et ouvre l'appartement 5 avec un scanner rétinien. Ce passage-là, obligatoire avant de pouvoir se balader dans le centre, est un réel moment de réconfort après des journées aussi nulles que celles que je passe en ce moment. J'entre dans le vestibule et m'immobilise en tendant les deux bras sur le côté.

Deux bras mécaniques ôtent ma robe, j'enlève moi-même mon maillot de bain encore mouillé  et traverse un bain de pied avec une douche bien chaude qui se lance quand j'arrive en dessous. Comme je suis pressée, je ne m'éternise pas.

A la sortie, j'entre dans un tunnel dans lequel l'air est chaud et sec, ainsi trente secondes plus tard je suis entièrement sèche. Au bout du couloir, je m'arrête, écarte les jambes et tend les bras en avant. De nouveau deux bras mécaniques m'habillent, la tenue règlementaire. Un leggings noir en cuir souple, un débardeur noir également, une ceinture avec pistolet plus recharge et des bottines tout aussi noires. J'ai rajouté un pin's sur le talon de la gauche, mais c'est la seule touche de fantaisie que j'aie pu me permettre.

Je me regarde dans le miroir en face. J'arrange un peu mes cheveux noir de jais et continue à avancer dans le couloir. Je rejoins ma chambre, sors sur le palier, prend l'ascenseur et arrive dans la salle de réunion, dans laquelle j'entre sans frapper.

"Salut tout le moon..."

Je me fige.

Je m'attendais à être seulement en présence de Chuck et Thomas, mais une dizaine de personnes en costume me dévisagent, et je sens mon visage prendre une teinte colorée.

Être agent secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant