My Strange Obsession

08. Échecs et mat

[ Come get her - Rae Sremmurd ]

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Caden

Las Vegas. Villa. 21 mars. 10:27.

Un bip incessant me tire de mon demi sommeil. Je ne mets jamais de réveil, donc celui-ci vient de quelqu'un d'autre. Je peste quand je comprends enfin qu'il vient du téléphone posé sur la seconde table de nuit de ma chambre.

Je tire brusquement mon bras, réveillant par la même occasion la brune qui dormait bien trop paisiblement à côté de moi. Elle éteint rapidement le bruit qui m'a réveillé, et se rendort comme si de rien n'était.

C'est mal me connaître, mais vraiment. J'enfile un jogging, et tire la couette de son corps, encore nue de la veille.

― Rhabille-toi, et sort rapidement d'ici, je lâche, froidement.

― T'es sérieux ?

― J'ai l'air de rire ?

Elle se lève violemment du lit et ramasse ses affaires par terre.

Pas mon genre d'offrir le petit déj à mes coups d'un soir. En plus, j'aime pas les brunes. Elle ne tarda pas à descendre, revêtue de sa robe d'hier soir et ses talons à la main.

Elle me lance un regard noir, et quitte la propriétè en m'insultant de connard. Si ça l'amuse, qu'elle le fasse, en attendant, elle savait à quoi s'attendre en me suivant après avoir bu une dizaine de shots.

Une boule de poil me saute dessus au moment où je franchis le seuil de la cuisine.

― Sac à puces de merde, dégage de là, je râle en le sortant dans le couloir.

J'entends un ricanement derrière moi, et lâche un soupir en voyant mon cousin se foutre de ma gueule.

― J'arrive pas à croire que tu puisses détester à ce point ce chiot, il est adorable avec sa petite bouille, s'égosille Diego en mimant le chiot.

Je n'aime pas ce chiot, déjà que je ne peux pas supporter Otis quand je vais chez mon frère et sa petite copine, mais en supporter un au quotidien, c'est encore pire. Mon cousin veut ma mort, c'est certain.

― Sale meurtrier, soufflé-je à moi-même en activant la machine à café.

Je sais qu'il ne m'a pas entendu lorsqu'il se met à chanter joyeusement une chanson qui passe à la télé. Je l'observe ensuite danser avec le clébard dans le salon, sur une musique de The Weeknd. Ce gosse est hyperactif, c'est pas croyable. Pas sûr qu'on soit du même sang, finalement.

Je jette un coup d'œil à la fenêtre et remarque qu'il pleut. Il pleut des fines cordes, ce qui provoque des gouttelettes sur les baies vitrées.

Comme le jour de sa mort, penses-je en laissant mon esprit divaguer vers les mauvais souvenirs.

Il aimait beaucoup les jours de pluie. D'après lui, c'était les larmes des anges qui prennent la souffrance de nous autres, êtres humains, pour nous soulager un peu. J'aimais bien croire à cette histoire, et imaginait qu'un ange partageait la même douleur que moi, et qu'il pleurait à ma place.

Je comprenais mieux pourquoi je ne pleurais jamais. Mais j'ai fini par me résoudre à l'idée que ce n'était qu'une légende, et que j'étais juste insensible et sans cœur. Lui, au moins, il arrivait toujours à voir une partie de bonté en chacune des personnes qu'il connaissait, comme si tout le monde était aussi gentil que lui.