Terre des loups Tome 2 - Le Guérisseur

Chapitre 18

Ouragan se réveilla en sursaut. Il jeta un coup d'œil aux alentours. Il était anxieux. C'était le grand jour. Ils allaient enfin pouvoir sortir d'ici. Flocon, qui venait lui aussi de réveiller, lui adressa un demi-sourire. Sans un mot, les deux amis quittèrent le rocher et allèrent en direction du grillage. La nuit était sombre et froide. Le ciel, lui, commençait à s'éclaircir. Une à une les étoiles s'éteignaient. Une douce brise lui caressa le visage. La saison chaude les avait bel et bien quitté. Le jeune loup leva les yeux. Des feuilles mortes se détachaient des arbres puis, doucement redescendait vers le sol. La saison des feuilles-qui-tombent était arrivée. A présent le temps sera plus humide, plus frais.

Un battement d'ailes le fit sursauter. Ouragan plissa les yeux. Ça y est, ils étaient arrivés au grillage et Ekhi venait d'arriver. En quelques battements, le corbeau se posa sur la grille. A la lumière de la lune, il vit Ekhi sortir quelque chose de son bec. La clef ! pensa-t-il excité. Le jeune loup sentit l'adrénaline lui traverser le corps. Un « clic » retentit puis un « clac » et elle fut ouverte. D'un coup de tête, Flocon la poussa délicatement. Un grincement se fit entendre. Ouragan s'immobilisa instantanément. Il tendit l'oreille. Il n'entendit aucuns bruits suspects provenant des Sans-griffes. Soulagé, il sortit à son tour et rejoignit son ami hors de l'enclos.

- On y est ! lui souffla le loup blanc à mi-voix.

Ouragan acquiesça d'un signe de tête.

- Oui, on y est, répondit-il sur le même ton.

Un bruit de métal le fit sortir de son exaltation. A tire d'ailes, Ekhi les entraina derrière des caisses. Ouragan retint son souffle. Un Sans-griffes passa devant eux. Il ne les remarqua même pas. Le premier danger était passé. Ensuite le Sans-griffe passa devant leur enclos. Il s'arrêta devant et regarda le grillage interrogateur. Sûrement pris par une intuition, il donna un fort coup de pied et fit bouger la grille en un grincement sinistre. Aussitôt il se mit à crier. Ouragan vit des lumières s'allumer dans un cube blanc.

- Ekhi, emmène-nous vers la sortie, s'il te plait !

Sans se faire prier, le corbeau s'envola. Les deux amis courir à toute allure. Ils traversèrent le refuge. Partout des lumières s'allumaient. Des Sans-griffes affolés sortaient de cubes blancs. Le jeune loup tentait vainement de ne pas faire attention aux autres enclos. Mais il ne pouvait détacher son regard des animaux, qui intrigués par ce chahut, se trouvaient postés devant leur grille et les regardaient passer. A plusieurs reprises il voulut les libérer eux-aussi mais il s'en savait incapable. Il ne pouvait que baisser la tête en espérant de ne pas croiser leurs regards.

Ils arrivèrent enfin face à un mur gris. Au début Ouragan ne l'avait pas vu ; il se trouvait dans l'ombre si bien qu'on ne le voyait pas lorsque l'on était loin.

- On doit passer par-dessus ? chuchota son ami étonné.

Comme pour lui répondre, Ekhi agitait les ailes et s'envola en direction du mur. Il plana quelques instants au-dessus d'eux puis revint se poster près d'eux.

- Mais comment on fait ? On n'a pas d'ailes, fit remarquer Ouragan perplexe.

Une seconde fois, le corbeau prit son envol. Il resta quelques instants dans les airs puis il se reposa. Le jeune loup réfléchit. Que pouvait-il bien vouloir dire ? Ouragan s'approcha du mur.

Il examina la paroi à la recherche d'éventuelles prises. Malheureusement il était aussi lisse qu'une pierre. Puis il baissa son regard vers le sol. Il découvrit des blocs de roches empilées les unes sur les autres. Avec l'ombre des lumières des Sans-griffes, au premier coup d'œil, il ne les avait pas vues.

- Flocon, je crois que j'ai trouvé !

En deux bons, son ami se retrouva près de lui. En voyant les roches, un sourire soulagé apparut sur son visage.