𝐓𝐇𝐄 𝐅𝐀𝐋𝐋 𝐎𝐅 𝐓𝐇𝐄 𝐃𝐑𝐀𝐆𝐎𝐍𝐒 | Aemond Targaryen

【 XIV 】

— WHORES AND BASTARDS IN BLUE AND RED

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Otto Hightower se prenait pour un Roi et le voir, assis sur le trône de fer, s'adresser à l'assemblée d'un air supérieur en irritait plus d'un. Beaucoup grimaçaient alors qu'il prenait le parti de Vaemond Velaryon. La Main était sans gêne ; un juge amadoué par l'appât du gain, ne démontrant aucune objectivité lors de ce procès absurde.

Daenys était agitée. Ses doigts s'entrelaçaient, son pied, parfois, frappait frénétiquement le sol et ses pensées désorganisées l'empêchaient d'y voir clair. Elle observa ses parents et ses frères, tentant de chercher dans leurs yeux la même colère qui l'animait.
Vaemond voulait reprendre ce qui lui revenait de droit, selon lui. Sa famille avait toujours régné sur le détroit et il était évident qu'il ne considérait pas les fils de Rhaenyra comme de véritable membre de sa maison.

— Le sang des Velaryon coule également dans les veines de mes enfants, ajouta alors Rhaenyra, le regard noir, le dos droit, la tête haute, courroucée, mais prête à tout. Car leur père était Ser Laenor Velaryon. Vous ne parlez qu'en votre nom et en celui de votre ambition, non pour l'avenir de Lamarck.

Ses paroles ennuyèrent son interlocuteur, ainsi que la majeure partie des Verts. Ils l'observèrent intensément et se réjouirent en remarquant sa crainte. Rhaenyra ne parvenait pas à cacher les tourments qui s'agrippaient à elle et brouillaient ses pensées.

— Vous vous exprimerez plus tard, l'interrompit la Reine. Ayez l'obligeance d'écouter Ser Vaemond et nous vous indiquerons quand prendre la parole.

Le silence qui s'en suivit démontra son autorité et, bien qu'irritée, Rhaenyra dut lui obéir. Daenys avait remarqué l'air enchanté sur le visage de la Reine et l'envie de lui retirer son sourire en lui arrachant la langue ou les yeux s'était soudain emparée d'elle. Une pulsion sanglante qu'elle ne parvenait pas à effacer de son esprit. Daenys inspira profondément. Elle les détestait tous.

 
Vaemond continua son discours, les rabaissant, sans craindre les conséquences de son action calomnieuse. Son audace sans limite devenait dangereuse pour sa propre survie. Sa témérité ou son ignorance le guidaient tout droit vers les sept enfers. Daenys n'attendait qu'une chose ; qu'il ose dire un mot de trop, pour que sa mort soudaine en soit excusée.

Lorsqu'il jeta un regard noir et rempli de jugement à Lucerys, il ne remarqua pas la soudaine agressivité qui s'empara du corps et de l'âme de sa sœur, ni de son expression menaçante. Elle voulait lui sauter à la gorge. Aemond l'aperçut rouge de colère. Sur un si joli visage, il était simple de voir se tordre ses traits fins en une expression de fureur.

— Je place la survie de ma maison et de ma lignée au-dessus de tout, continua Vaemond.

De nouveau, il revendiqua sa place de successeur de Lamarck, sire des Marées, et plus les secondes défilaient, plus Daenys perdait le contrôle.
Elle avait pris conscience du regard intense que son oncle lui jetait depuis l'autre bout de la salle. Droite et insensible, être observée de la sorte la faisait pourtant trembler de l'intérieur, car un tel regard ne pouvait signifier qu'une profonde aversion. C'était dans la nature des hommes de rabaisser, d'agresser, de démontrer leur cruauté. Daenys n'appréhendait plus leur aigreur, mais Aemond avait quelque chose de plus redoutable. Aemond se nourrissait des faiblesses et des craintes. Il naissait de l'ombre et s'imprégnait d'elle. Il susurrait des mots de terreur, tourmentait son propre sang, se languissait de la peur.
Sa présence lui remémorait leur altercation de la veille. Daenys se souvenait de la froideur de sa main contre sa peau, de son ton grave et menaçant. Elle se rappelait de son sourire provocateur et de la jouissance apparente au fond de sa pupille dilatée.
Elle se rappelait, se crispait et se maudissait pour ça.