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Une autre bombe, il y a eût une autre bombe.

Cette fois ci c'était au Marché Recouvert, le marché que Jason fréquentait. Il n'était heureusement pas là lors de l'explosion, mais savoir qu'il aurait pu s'y trouver suffisait à l'angoisser. Jason, dans son appartement, lisait la nouvelle avec horreur, la MEFF ne reculait donc devant rien pour faire entendre ses idéaux que Jason savait pourtant bien intentionnés, voilà ce qui le terrorisait. Il comprenait les actes, sans pour autant les trouver entièrement dignes. C'était une zone grise, un trou moral que notre Chasseur d'Entités ne savait quoi penser. Il posa son journal doucement, processant la nouvelle. Son petit déjeuner venait d'être gâché. Il se leva, gagna sa chambre et ouvrit la porte de son armoire. Son uniforme gris, pendu à un cintre de bonne facture de bois. Sa main parcouru le tissu qualitatif, ce gris perle, morne comme un habit de deuil. Il l'épousseta le vêtement laconiquement. Ses doigts vinrent caresser le beau métal de ses médailles, comme ayant peur de les briser. Un corbeau blanc vint taper à la fenêtre de sa chambre. L'attention de Jason se détourna. << Blanbec ! >> L'animal venait comme chaque matin depuis quelques mois voir son maître. Ce dernier parcouru la pièce, foulant le gris de la moquette rapidement. Il gagna la fenêtre, l'ouvrit et son familier vola à travers la chambre, croassant de bonheur. Puis il se posa sur le lit proprement fait de Jason qui le rejoint.

<< Les temps sont durs, hein, Blanbec ? >> En guise de réponse un bruit guttural, probablement affirmatif.

Jason rendit visite à sa grand-mère, curieux de savoir si elle avait lu les nouvelles, elles qui avait été désolée de savoir son fils gravement atteint par l'une des bombes de la MEFF. Derrière une tasse fumante de thé au caramel, Berthe vociférait :

<< Ce n'est pas comme ça qu'on gagnera la liberté de travailler pour le Ministère... Ces gens-là ne savent pas que la terreur n'est pas la solution. >> Jason lui rétorqua que parfois la violence est un moteur au débat qui devait être posé sur la table. Berthe secoua la tête :

<< Non, non, le débat existe depuis bien longtemps, même depuis que je suis jeune enfant. Peut-être aurait-il changé, mais les agissements de ce groupe plonge le Monde de l'Ombre dans une terreur froide et gèle le tabou autour de notre espèce. On ne marchande pas lorsque l'on est ennemi. Dieu, ils ne savent donc pas se battre dignement ?

– C'est un peu plus complexe que cela. Sur certains points les formes-floues ont plus de droits, j'ai pu défendre l'une d'elles devant le Judimal.

– Oui, oui, je sais bien, mais on nous considère toujours comme des êtres instables, des semi-humains alors que l'on est homme avant toute chose, c'est la forme que l'on a à notre naissance. Mais pour revenir au débat, il n'avancera probablement plus...

– Je ne sais pas, mamie, je ne sais pas. Peut-être que la MEFF cherche à taper dans la fourmilière pour un peu d'action.

– De l'action, Jason, mon petit, on ne peut discuter comme cela, on ne peut respecter ceux qui tuent et vilipendent pour la cause.

– Tu as probablement raison. Mais le Ministère n'a pour le moment pas répondu aux deux attaques.

– N'oublie pas qu'il t'ont... Qu'ils t'ont mutilé ! >>

Jason ressentit en effet un peu d'amertume. Mais certes, il n'était pas d'accord avec la MEFF, mais il comprenait la haine profonde qui l'animait. Pourquoi avaient-ils semé la terreur ? Pour la Justice. Mais quelle justice ? Des innocents devaient-ils être sacrifiés sur l'autel de cette justice.

Il dut rentrer chez lui, et le lendemain, sa prochaine mission commença.

Dans les montagnes des alpes, déjà les sommets blanchissaient, drapés d'un blanc irredescent. Le gel faisait briller les voitures, comme milliers de paillettes disséminées sur toutes les surfaces. L'automne finissait, le givre était déjà là, annonçant la période de froid intense qui se dessinait. Jason arriva dans un parking de terre battue, rejoignant deux autres voitures. L'une était rouge, l'autre bleue. Il reconnut les véhicules de Dimitri et Milès, ses deux amis. Ces deux-ci emmergèrent de la forêt, sous les acclamations de DImitri qui prit immédiatement Jason dans ses bras puissant. Un fusil de chasse vint chatouiller la cuisse de notre cher Chasseur d'Entités. Dimitri avait son fidèle fusil tranquillisant. Il remarqua que son ami le regardait, il dit alors :

Jason Corbert / Chasseur d'EntitésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant