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Ici l'hiver n'est pas parti.

C'est comme s'il s'était attaché à ce village sans lui laisser la possibilité d'échapper au froid et aux affres de la saison blanche. Une fois rentrés chez eux, certains habitants rapportaient que dans le village d'en face, à à peine quelques kilomètres, le printemps finissait de rougir les cerisiers et dorer les citrons. Mais ici les arbres étaient morts, pas le moindre bouton vert sur les ramures noircies. On s'inclinait pour ramasser la neige qui s'épaississait toujours devant les seuils ou sur les toits. On grimaçait toujours du mauvais temps ou du froid des cuirs de voiture qui gèlent les postérieurs.

Oui, on se croyait en plein milieu de l'hiver malgré le mois de juin débutant. Le corbeau s'étaient regroupés un peu partout, étant friands de ces température, donc on voyait des nuées de ces bêtes projeter leurs ombres sur le manteau blanc des rues. Ce manteau ci laissa passer, difficilement avec son épaisseur; une voiture noire au conducteur un peu étonné. Jason n'en croyait pas ses yeux, et il se félicita même de sa mauvaise habitude de prendre une valise de vêtements totalement différents pour toutes occasions.

<< L'hiver en plein été, comment c'est possible ? >> Murmura-t-il en sortant sa tête de la vitre baissée pour sentir le froid clinquant. Il alluma le chauffage à fond et appuya sur la pédale de frein pour aller plus vite vers la mairie où il savait quelques habitants regroupés.

Il arriva avec de la neige jusqu'aux genoux, on lui lança des regards emplis de jugements indiscrets quant à sa tenue faste que le Ministère lui imposait. Son "gris de travail" tranchait dans les tenues épaisses du reste, ses gants aussi blancs que la neige du dehors renforçait son détachement des gens extérieurs au monde de l'ombre.

Un maire vint, lui aussi était inquiet, à vrai dire les maires étaient toujours inquiets, du moins les bons qui ne veulent que le meilleur pour leur populace. Il serra la main de Jason fébrilement, énonça "Henry Palnote" en un souffle puis prit sa place sur une petite scène de la salle des mariages de la mairie. Toujours fébrilement il introduisit le Chasseur d'Entités :

<< Mesdames, Messieurs et tous ceux réunis ici, inquiets de ce temps cataclysmique, je vous présente Monsieur Jason. Il est envoyé par... Une autorité compétente pour essayer de trouver une solution à nos ennuis. Veuillez vous référer à lui si vous avez des questions. >>

Jason, mal à l'aise, déglutit et croisa ses mains sur la poignée de son sac-valise de cuir. Malgré le froid du temps et de la situation, il transpirait à grosses gouttes.

<< Si y peut m'expliquer c'est quoi c'te neige qui recouvre mes champs alors que le voisin d'à côté récolte déjà ses carottes j'veux bien qu'il m'aide.>> Demanda un gros bonhomme au nez rougis par le froid et probablement un peu de gnôle. Son avis était valide, mais Jason ne trouva pas les mots pour lui répondre, le trac avait noué sa gorge.

<< Et moi j'attend toujours que le temps se réchauffe mais ça change pas. >> Rétorqua une dame portant des vêtements aux motifs africains, dont certains faisaient penser aux dessins magiques de populations du sud-est de l'Afrique. Jason se demanda si elle en connaissait entièrement les sens. Il supposa que oui. Cette dame serrait son fils près d'elle. Il remarqua que d'autres enfants étaient présents. Enfin, après quelques secondes de silence, il pris son courage à deux mains :

<< Monsieur, Madame, je comprends que vous soyez inquiets, tous ceux réunis ici le sont... Monsieur, est-ce que je peux venir avec vous pour observer votre champs et celui qui se trouve en face du vôtre ? >> L'homme acquiesça et Jason remercia le ciel de lui laisser la possibilité de fuir tous les regards.

<< Voilà, c'est ici.>>

La neige avait rendu l'accès aux champs laborieux, et ils avaient dû faire deux ou trois kilomètres pour y parvenir. Jason se muni de son sifflet à ultrasons et appela son corbeau. Il surgit en un coup de vent et plongea vers le bras de son maître.

Jason Corbert / Chasseur d'EntitésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant