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Un homme entre. Il est livide, plus pâle que la neige, à faire peur. Il entre dans ce bar, cette auberge ou bien ce restaurant de routier comme on peut dire, et cet homme s'assoit sur un des grands tabourets autour du comptoir. Pour une soirée de milieu de semaine, il y a du monde, tellement qu'on ne distingue pas de conversations claires mais une sorte de brouhaha.

Il s'assoit donc, un peu subitement, sans faire attention à lui même si bien qu'il manque presque l'assise. On ne fait pas attention à lui, seule la barmaid lui demande ce qu'il veut. Ça sera un whisky. Puis elle ajoute un glaçon et cette phrase :

<< Vous allez bien ? On dirait que vous avez vu un fantôme avec cette pâleur ! >>

L'homme lui répond et fondant presque dans son smoking bleu marine :

<< Je crois bien que oui... Je sais pas trop. >>

La barmaid ne le reprend pas, pensant sans doute à une plaisanterie et lui sert son verre.

L'homme le sirote lentement, regardant dans le vide. Il faisait peine à voir, de loin on aurait dit un enfant qu'on aurait grondé. Limite chancelant, un peu hagard. Personne ne lui adresse la parole, il reste cloîtré derrière ses yeux vidés par une journée pénible. Dans son costume bien taillé on sentait la banalité triste qu'il vivait habituellement. Mais ce soir son train-train quotidien avait été bousculé, voilà pourquoi il était là dans ce bar à boire un peu de whisky.

Il tourna la tête en direction d'un autre homme qui lui aussi buvait du whisky. Lui n'avait pas l'air perdu, mais un peu mal à l'aise dans son trench-coat gris clair avec un étrange col de prêtre dessous. Des lignes noires passaient en bas et sur les manches de son manteau, il avait un huit couché imitant des ronces sur la place de son cœur. C'était un pins en bronze, finement réalisé car on distinguait les crevasses imitant la texture de véritables ronces bien poussées, épaisses et énervées. C'était un homme étrange, on aurait dit qu'il était hors du temps. Il lui manquait également un bras gauche, la manche de son trench coat avait été relevée et attachée avec un bouton de chemise cousu. Au dessus de son pis était brodé un logo noir étrange, mélange entre un C et un E.

<< Journée difficile pour vous aussi ? >> Demanda le premier homme. L'autre lui adressa un regard timide avec un sourire à peine esquissé, gêné.

<< On...On peut dire ça...>> Il sirota son whisky.

<< Ces derniers temps, tout va à vau-l'eau... Mes enquêtes sont plus fréquentes, sur beaucoup de petits évènements qui s'entremêlent. Et puis ce bras que j'ai perdu lors d'une mission...>>

Notre premier homme ne s'attendait pas à une réponse si longue. Il la comprit partiellement, comme s'il devait déchiffrer ses paroles. Il était donc enquêteur, mais pour la police ou enquêteur privé ? Il décida de lui demander. L'homme en gris lui répondit après avoir sourit :

<< Un peu des deux... C'est compliqué. Je fais partie d'un corps qui envoie des enquêteur à des personnes dans le besoin d'un enquêteur. Et pour le bras c'est un peu plus complexe que ça, disons que c'est un accident de travail. >> Le premier homme fit un signe de la tête visant à exprimer qu'il comprenait, il se tourna franchement vers l'autre et lui tendit sa main :

<< Simon Martin, je suis dans une boîte qui gère des chantiers. J'organise un peu tout pour faire clair.

– Jason Corbert, je suis Chasseur d'Entités. (il lui serra la main en retour)

– Hé bien Monsieur l'Enquêteur, j'ai une énigme pour vous.

– Je vous écoute, s'il vous plaît, un autre verre.

Jason Corbert / Chasseur d'EntitésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant