Chapitre 1

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Ma sœur sortit de la voiture et claqua brusquement la portière derrière elle. En se dirigeant vers la rue ensoleillée, elle se mit à crier :

— J'en ai marre ! Quelle idée vous a pris de nous faire déménager dans un trou paumé ? En plus le premier jour des vacances ! Je vous déteste !

— Nous ne pouvions plus supporter ce petit appartement qui n'avait pas de jardin, répliqua mon père en sortant à son tour de la voiture. Ne nous parle pas comme ça si tu ne veux pas être punie !

Mes parents rentrèrent dans notre nouvelle maison qui avait de grands volets bleus faisant penser à l'océan et ses murs extérieurs blancs cassés.

— Flavia et Sara ! Venez nous aider à vider les affaires ! Cria ma mère depuis le perron.

En entendant mon prénom, je sortis de la voiture puis alla aider ma petite sœur à porter sa grosse valise remplie de peluches. Au fait, j'ai oublié de me présenter, j'ai quinze ans et comme vous avez pu le remarquer, je m'appelle Flavia Clemiant. J'ai deux sœurs : Sara qui vient d'avoir ses neuf ans et Célia qui a deux ans de plus que moi. Célia, c'est la fille qui est sortie de la voiture en colère contre nos parents. Pourquoi ? Parce qu'ils ont décidé de quitter la ville pour s'installer en pleine campagne.

Moi, je suis plutôt contente de leur décision car dans mon ancien collège, je n'avais aucune amie et je me faisais rejeter à cause de mon caractère de cochon, que je tiens de ma mère.

Ma grande sœur, quant à elle, avait un nombre d'amis impressionnant dans son ancien lycée et maintenant, elle est triste d'avoir dû les quitter.

Je rentrai dans mon nouveau chez moi, une grande maison que mes parents avaient fait construire. Je montai les escaliers pour aller dans ma nouvelle chambre.

Presque arrivée en haut, déconcentrée par ce somptueux décor, je loupai la dernière marche. Le carton que j'avais dans les bras dévala les escaliers et tomba dans un bruit de verre brisé. J'ai oublié de vous dire quelque chose de très important : je suis LA fille la plus maladroite du monde, ou plutôt de l'univers !

Je dévalai les marches, ouvris le carton et découvris des restes de la figurine. Mais pas n'importe laquelle, celle en poterie que ma grand-mère avait offert à mes parents ainsi que des serviettes de bains.

— Flavia ! Qu'est-ce que tu as cassé ? S'écria mon père en s'approchant de moi en courant.

Si je dis à mon père ce que j'ai fait tombé, je signe mon arrêt de mort.

— Alors ? Redemanda mon père impatient.

Vu que je ne répondis pas, il me prit le carton des bras et se mit à crier. Mais il ne criait pas de colère, ni de tristesse, mais de joie ! Oui vous avez bien compris : de joie !

— Maria ! Cria-t'il.

Ma mère apparut en bas de l'escalier ses cheveux blonds en pétard avec un carton dans les bras.

— Qu'est-ce qu'il y a ? J'espère que tu ne me déranges pas pour rien.

— Tu avais raison, s'exclama mon père, la figurine que ta mère nous a offerte est enfin cassée ! Merci beaucoup Flavia !

— Tu vois Pierre, je t'avais dit de lui donner ce carton pour se débarrasser de cette statuette.

Mes parents se jetèrent sur moi et me firent un gros câlin. Ils étaient contents parce que j'avais cassé une figurine, ils s'étaient servis de moi pour se débarrasser d'un cadeau ! Nous sommes vraiment une famille très bizarre.

Ma mère est une professeur de français dans un lycée et écrit des romans dont plusieurs ont gagné des prix Nobel de littérature. Quant à mon père, il est un archéologue connu pour avoir trouvé des fossiles d'une nouvelle race de dinosaure.

Ma sœur aînée arriva en courant, ses longs cheveux blonds qui ondulaient dans la vitesse. Elle planta ses yeux couleur noisette dans les miens avant de regarder les restes de la figurine posée sur le sol, puis poussa un soupir exaspéré. Cela signifiait : « Flavia, tu n'es vraiment pas douée ».

— Papa, Maman, il y a une fille super cool qui habite à côté. Est-ce que je peux aller chez-elle ? demanda-t'elle en suppliant les parents.

Mon père exaspéré et fatigué acquiesça en mettant sa main dans ses cheveux noirs de jais. Puis Célia repartit en courant sans demander son reste.

Sara avait la même chevelure et les mêmes yeux que l'aînée des trois sœurs, mais ses cheveux étaient coupés au carré. Quant à moi, j'étais l'anomalie de la famille avec mes yeux bleus océans, ma peau beige clair, presque blanche et mes longs cheveux marron clair.

Je m'apprêtais à aller chercher un autre carton quand une voix dont je n'avais encore jamais entendu le timbre résonna dans l'entrée :

— Bonjour, il y a quelqu'un ?

Ma famille et moi nous précipitâmes dans le hall où se tenait deux enfants avec leurs parents. Le père des nouveaux venus prit la parole :

— Bonjour, nous sommes vos voisins d'en face, les Senger. Je m'appelle Auguste, voici ma femme, Laurianne. Nous sommes ravis de vous rencontrer. Voulez-vous de l'aide pour installer les meubles et déballer les cartons ?

Mes parents se présentèrent à leur tour et acceptèrent avec joie leur aide. Les deux enfants ainsi que Sara me suivirent pour aller dans le jardin.

Il y avait un garçon et une petite fille. Le garçon prit la parole :

— Salut, je m'appelle Lucien, je viens d'avoir seize ans et voici ma petite sœur Laora qui a neuf ans. Heu... voilà...

Je l'examinai sous tous les coins : il avait la peau bronzée et des cheveux marron foncé qui lui tombaient devant les yeux. Sa sœur lui ressemblait comme deux gouttes d'eau.

Je n'avais pas compris qu'il attendait que je me présente. Il posa ses yeux verts émeraude sur moi puis regarda ma petite sœur. J'essayai de parler mais aucun son ne sortit de ma bouche. Au bout de ce qui me parut une éternité, je réussis à prendre la parole pour nous présenter. Après, nous retournâmes à l'intérieur pour aider nos parents dans l'installation de meubles.

Depuis ce jour-là, ma vie était bouleversée : Je venais d'avoir mon tout premier VRAI ami. Oui car il en existe des faux, jusqu'à maintenant je n'avais eu que ces derniers, des personnes qui sont là pour vous blesser et pour vous détruire. Pour vous faire souffrir.

Pendant tout le reste du mois de juillet je passai donc mon temps avec Lucien. On se racontait notre vie d'avant, on se posait des questions, on faisait des jeux, on se baigna dans ma nouvelle piscine... Bref, vous l'aviez sûrement deviné, nous étions devenus de grands amis.

Les Élines Tome 1 - Le monde cachéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant