Chapitre 1

354 50 8
                                    

– Hum Markus ? Aurais-tu la gentillesse de te réveiller un peu ?

Je coulai un regard mauvais vers ma patronne. Cette idiote venait d'arrêter sa réunion et tout le monde me fixait avec des yeux ronds. Ma lèvre se retroussa légèrement.

– Quand on se réveille, cela implique qu'on est en train de dormir non ?

Ma voix claqua de manière sèche. Elle ouvrit la bouche mais elle m'avait emmerdé, j'allais lui rendre la monnaie de sa pièce.

– Je te rassure, ce n'est pas le cas. Je peux sans problème répéter mot pour mot toutes les inepties que tu as sorti depuis le début de cette réunion, ajoutai-je

Elle s'étrangla tandis que je la fixai d'un air glacé. Je pouvais sentir d'ici son rythme cardiaque s'emballer et un frisson de peur frôler sa peau d'un blanc diaphane où ses veines ressortaient comme une divine tentation pour tout vampire qui se respecte.

– Je te demande par...

– Je t'en prie. Le pont de l'Alma à Paris n'a jamais été le signe de l'amitié Franco-Russe. C'était le pont Alexandre III, appelé ainsi en hommage au tsar Alexandre Alexandrovitch Romanov, père du dernier tsar de toutes les Russies. Et en réponse à la beauté de cette alliance, le pont de la Trinité a été élaboré par des entreprises françaises en Russie.

Je me souvenais encore de l'inauguration du pont. Mon frère avait les yeux brillants durant toute l'exposition universelle à Paris mais ce n'était pas juste dû à la magnificence de l'édifice. La sœur du Tsar, Xenia, présente sur les lieux était magnifique et lui avait accordé l'un de ses rares sourires. Je l'avais charrié pendant des semaines, mais suite au décès du reste de la famille Romanov, j'avais cessé de le faire. Il en avait été très affecté.

– Généralement, quand on prépare une présentation, on vérifie un minimum ses informations. Du moins, c'est que ferait une personne compétente.

Je levai légèrement le menton pour la narguer. Je savais pertinemment ce qu'elle pensait et ce qu'il allait advenir de mon contrat dans cette boîte. Se faire reprendre par un subalterne devant le big boss ? C'était un grand non.

– Dehors.

– Dois-je en conclure que tu me vires définitivement ou que...

– Dégage d'ici et ne remets jamais les pieds dans ces bureaux !

Je me redressai sans dire un mot de plus et je partis en laissant la porte ouverte. J'étais enfin libre. Je venais de perdre mon pari avec ma sœur de rester plus de trois ans dans cette boîte, mais au moins, je n'aurais plus à supporter ces imbéciles qui me servaient de collègues. Je filai à ma place dans l'open space et j'attrapai le peu d'affaires personnels que j'avais emmené avec moi. J'attrapai une boîte en carton, balançai le tout dedans et je pris l'ascenseur après m'être fendu d'un petit geste à mes collègues, un large sourire sur les lèvres. Je n'avais pas pu me contenir. La porte se referma sur moi et j'attrapai mon smartphone dernier cri pour le porter à mes oreilles.

Le rire de ma petite sœur me parvint, au moment même où je franchissais la porte tournante de l'entreprise.

– Toi, tu me dois un dîner pas vrai ?

– Ouais.

– Il s'est passé quoi cette fois ?

– J'ai fait comprendre à ma boss qu'elle était incompétente devant le PDG.

Son rire redoubla et finit par me gagner alors que je filai en dehors de l'entreprise pour rejoindre ma voiture. Je ne me garai jamais sur le parking. Beaucoup pensait que je prenais les transports en commun, mais en réalité, je mettais ma Koenigsegg dans un box appartenant à ma famille depuis.... des siècles.

Maudit Noël !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant