Chapitre 10

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– Je vous cherchais, j'aurais besoin de votre adresse mail avant de vous ramener dans votre hôtel... pourquoi tu fais cette tête Maman ?

Je me tournai vers ma mère.

– Il n'est pas question que vous sortiez maintenant, la tempête vient de se lever. Vous risqueriez de vous retrouver coincé sur la route dans la voiture. Je ne sais pas exactement combien de temps elle va durer. Je pense que vous ne pourrez repartir que demain matin.

Son visage se décomposa.

– Les routes risquent d'être totalement bloquées pendant plusieurs heures, vous pensez ? Je ne veux pas abuser de votre gentillesse, madame.

– Ce n'est pas le cas. Tu peux lui montrer la chambre près de la tienne Sigmund ?

Son téléphone vibra et elle répondit immédiatement dans un anglais parfait. Chiara tourna les yeux vers moi et je lui fis signe que nous devions nous rendre à l'étage. Elle monta devant moi et je la guidai jusqu'à la chambre dont la porte était juste à côté de la mienne.

Ma mère avait une idée derrière la tête et elle devenait de plus en plus claire : la chambre près de la mienne était celle qu'elle destinait depuis des années à ma future épouse pour les jours où « elle ne voudrait plus me voir ». Aucune femme n'avait pu y dormir. La chambre était décorée sobrement, dans le pur respect du hygge tant affectionné par ma mère.

La couette en lin, était moelleuse et chaude, des plaids recouvraient le lit king size. Un tapis ultra doux aux poils longs recouvraient une grande partie du sol. Des bougies étaient disposés un peu partout et la cheminée reliait ma chambre à la sienne.

– Votre mère a beaucoup de goût.

– Elle est le goût personnifié, approuvai-je. Je pense que ma sœur va venir vous portez quelques affaires si vous en avez besoin. Et par rapport à ce que je vous ai dit... pardonnez-moi. Je ne voulais pas vous insulter.

La jeune femme me contempla de ses beaux yeux noisettes. Elle était magnifique et elle pinça ses lèvres.

– Je me suis sentie blessée mais je peux comprendre. Vous savez, j'ai eu la même réflexion, m'avoua-t-elle en s'asseyant sur le lit. Mais vous avez oublié une donnée essentielle : le respect. Si je venais à trouver sa tombe, ce ne serait pas pour l'exposer dans un musée, mais pour comprendre son mode de vie. La connaissance du passé nous permet d'appréhender l'avenir. Je... je n'ai jamais vu les Vikings comme des barbares. C'était des guerriers. C'était des navigateurs hors pair. Ils avaient une société, une religion. Ils étaient comme vous.

Elle tourna les yeux avant de revenir vers moi.

–Comme moi. Et je veux le prouver au monde. En aucun cas, je ne veux manquer de respect à un défunt ou à une dépouille. Vous me parliez de sa dernière volonté, mais... vous ne pensez pas qu'il aurait aimé savoir qu'on parle encore de lui des siècles après sa mort ?

– Vous avez raison. Il aurait aimé, sûrement, savoir que le grand guerrier qu'il était fascine encore. Est-ce que vous avez réussi à convaincre mes parents ?

– Ils m'ont dit qu'ils allaient y réfléchir.

Elle frotta son bras et je compris qu'elle avait un peu froid.

– Je vais allumer la cheminée pour que la chambre soit chaude ce soir. Je suis juste à côté si vous avez besoin.

J'allais partir quand elle me rattrapa en me tenant la main. Je me sentis rougir légèrement.

– Est-ce que je peux venir avec vous ? J'ai envie de voir l'antre d'un écrivain.

J'hochai la tête sans répondre et je la ramenai dans ma propre chambre. C'était un peu bordélique et je compris que les enfants étaient passés par là. Mon lit était défait comme si on avait sauté dessus. Le regard de Chiara s'accrocha dessus avant de revenir vers moi.

Maudit Noël !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant