Chapitre 14

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Au début, rien. Juste une sensation de vide tout autour d'elle. Ensuite, le sentiment de panique. Astra gesticula dans les airs, implorant le vent de bien vouloir amortir l'impact. Elle se souvenait des leçons théoriques sur la manipulation des éléments. On ne pouvait les plier à notre volonté seulement s'ils étaient d'accord. "On ne force pas le feu à aller droit, on lui demande respectueusement d'être notre allié" avait dit tante Anna. Alors qu'elle se rapprochait toujours plus du sol, sa nièce appliquait ses conseils à la lettre.

"S'il te plait, je sais que j'ai gagné ta confiance dans le passé, je ne te demande pas de me la redonner si vite, juste de m'aider. Aide-moi à amortir l'impact."

La jeune fille tendit le bras vers le bas, ferma les yeux et visualisa un matelas d'air ascendant en-dessous d'elle. Et elle attendit. Le choc ne vint pas, mais le vent souffla dans ses cheveux, les mettant sans dessus dessous. Ses pieds se posèrent délicatement sur le sol et puis le vent reprit sa course effrénée dans les arbres.

"Merci." chuchota Astra.

Une fois remise de ses émotions, elle s'engagea à reprendre un entraînement sur la manipulation des éléments. L'image de son oncle apparut devant ses yeux mais elle chassa son image. Ses séances de combats allaient manquer à l'adolescente. Une larme perla au coin de son œil droit et franchit la barrière de celui-ci avant de s'étaler sur sa joue. Elle l'essuya rapidement et se mit à la recherche d'une entrée au rez-de-chaussée.

La brunette suivait les tours de ronde proches du bâtiment. S'ils passaient par là, il devait forcément avoir des moyens de rentrer dans la demeure.

Il ne lui fallut en effet pas plus de dix minutes pour trouver une fenêtre entrouverte. Elle donnait sur une pièce de laquelle provenait une lumière rougeâtre, comme provenant d'un feu. La jeune fille se dirigea vers celle-ci et regarda à travers. Elle reconnut un salon, un feu, des fauteuils, une bibliothèque. Mais elle vit également des silhouettes et se pressa de se mettre hors de vue. Elle ne pouvait pas rentrer par là et ne pouvait pas rester dehors trop longtemps, sous peine de voir les gardes arriver.

Alors que la brune s'écartait de la fenêtre, elle entendit son nom. Piquée par la curiosité, elle se rapprocha à nouveau et écouta.

"Comme je vous le disais, elle me fait confiance donc..."

"Ce n'est pas suffisant, coupa un homme dont la voix fit frissonner la jeune fille. Si elle te faisait vraiment confiance, elle t'aurait raconté sa capture."

"Elle est sous le choc ! Evidemment qu'elle ne veut pas en parler ! s'énerva Kira. Monsieur Pars, laissez-moi encore un peu de temps."

Quelqu'un soupira et un rire s'échappa des lèvres d'une autre personne. Astra se concentra sur les ondes pour avoir une idée de ce qu'il se passait. Pourquoi parlaient-ils de sa capture ?

"Liam. Ce n'est pas le moment de rire. N'oublie pas que..."

"Que c'est pour la famille ? Pour moi ?" répondit-il avec insolence.

"Liam, prends garde." s'énerva la voix.

Le noiraud baissait la tête.

"Pardon, Père."

"Si je peux me permettre, commença la garde, je devrais aller prendre ma relève. Si vous me le permettez, bien-sûr."

Le chef Pars acquiesça et la congédia d'un signe de la main. Un silence s'installa et Astra s'apprêtait à repartir à la recherche d'une entrée quand une femme inconnue se leva et parla.

"Marc, je ne me sens pas à l'aise, j'ai l'impression d'être observée depuis tout à l'heure."

"Il n'y a pas de raison chérie, il n'y a personne d'autre dans les environs que nous et les gardes. Mais je vais vérifier."

Prise de panique, Astra recula et essaya de mettre le plus de distance entre elle et le bâtiment. Elle avait réagi au quart de tour et n'avait pas remarqué que Liam avait tourné la tête vers le mur derrière lequel elle se trouvait.

À peine avait-elle fait deux pas que l'adolescente se heurta à quelque chose. Elle tomba à la renverse avant de lever la tête.

"Tu croyais aller où comme ça, princesse ?"

"Li...am."

"Pourquoi tu sors sans cesse ?" soupira le noiraud. "Si on m'attrappe alors que je t'aide..."

"Alors ne m'aide pas !" cria Astra.

La tête du jeune homme se décomposa, il ouvrit la bouche mais la jeune fille continua.

"Qui t'a demandé de l'aide ? Pas moi !" explosa Astra. "Et puis, si vous m'expliquiez ce qu'il se passe au lieu de m'enfermer ! Je viens de me faire capturer et de subir je ne sais quelles expériences et tout ce que vous faites c'est m'enfermer dans une pièce sans même me rendre visite ! Vous parlez sur moi, vous, vous..."

Astra s'était levée et frappait son interlocuteur de ses poings. Des larmes coulaient sur ses joues.

"D'accord, d'accord. Mais es-tu sûre que t'énerver à quelques mètres de mon père, ma mère, Kira et des gardes soit une bonne idée ?"

La brunette écarquilla les yeux. Il avait raison, elle n'était pas censée être dehors, s'il la voyait ou l'entendait... Ses pensées furent interrompues par le haut le cœur qui la saisit. Elle tomba sur les genoux et se retint de vomir.

"Ha... J'aurais dû te laisser là-bas... Dans quelle galère je me suis encore fourré..."

Astra se leva, essuya ses larmes et planta ses yeux dans ceux de Liam.

"Encore une fois, je ne t'ai pas demandé d'aide. Alors si tu ne voulais pas, tu pouvais très bien me laisser là. Peut-être que j'aurais enfin eu des réponses."

D'abord surpris, le noiraud fut pris d'un fou rire. Il s'éloigna de la brune et s'appuya sur le rebord de la fenêtre ouverte. L'adolescente frissonnait. Une fois calmé, il soupira.

"Je devrais faire mettre des barreaux."

Des pas pressés se firent entendre dans le couloir. Liam tourna la tête et eut un sourire suffisant.

"Tu es vraiment un boulet, malgré tout, je reconnais que tu as réussi à contrôler le vent pour sortir. Dommage que ça se finisse de cette façon."

Il sauta ensuite par la fenêtre avant de disparaitre, laissant Astra seule avec les bourrasques de vent. On toqua à la porte.

"Astra ?"

La jeune fille se faufila dans son lit avant de répondre d'une voix faussement endormie.

"Oui ?"

Kira entra et scruta chaque recoin de la pièce. Elle se dirigea vers la fenêtre.

"Tu n'as pas froid ?"

Astra fit non de la tête.

"Je suis désolée de t'avoir réveillée Astra, on s'est inquiété pour rien. Rendors-toi, je passerais demain."

La porte se referma sur son amie et la brune relâcha sa respiration. Pourquoi stressait-elle autant ? Épuisée, elle s'endormit.

Astra RekkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant