Astra Rekker

Chapitre 15

Les rayons du soleil caressaient le visage de la brunette. Astra ouvrit les yeux et s'étira longuement alors que les souvenirs de la veille lui revenaient. Elle mit sa tête entre ses mains.

"Pourquoi j'ai fait ça ?"

Elle soupira avant de se frapper les joues. L'adolescente repensa à tous les évènements de la soirée : l'inconnu qui lui dit de fuir, le saut par la fenêtre, les Pars et Kira qui parlent d'elle tout en parlant de confiance, elle qui craque face au noiraud, lui qui la ramène et disparaît avant que Kira déboule dans la chambre. Le stress que sa visite lui avait provoqué.

Astra tourna brusquement la tête vers la fenêtre, il n'y avait pas de barreaux. Des pas se firent entendre dans le couloir et la jeune fille se raidit. Elle devait absolument comprendre ce qu'il se passait, pourquoi était-elle enfermée comme ça ? Elle respira un grand coup avant d'observer les ondes. C'était bien Kira qui venait. La rousse salua le garde avant de toquer.

"Astra ? Tu es réveillée ?"

"Oui, entre Kira."

Alors que la poignée s'abaissait lentement Astra colla un sourire à son visage. Elle ne devait pas montrer à quel point elle était affectée. Oui, elle faisait confiance à Kira, mais le doute s'immisçait dans les pensées de la brune comme une plante grimpante.

"Alors, comment ça va, Astra ? J'espère que tu as pu dormir un peu. Je suis désolée de t'avoir réveillée, il y a eu une fausse alerte."

"Une fausse alerte ? Avec tous ces gardes ? Non, vous aviez peur que je sois sortie. Et si Liam ne m'avait pas ramenée..."

Astra hocha lentement la tête avant de planter son regard dans celui de la rousse.

"Est-ce que je pourrais sortir de cette pièce ? Je me sens vraiment à l'étroit et, j'aimerais bien retourner au lycée."

Kira se raidit et força un sourire.

"Mais tu es encore blessée. Ce ne serait pas prudent, surtout qu'on ne sait pas qui t'as capturée. Il vaut mieux que tu restes ici."

"D'accord, peut-être pas le lycée mais juste, sortir de cette chambre ? J'ai l'impression d'être en prison."

"Je, commença Kira avant de détourner le regard, je vais voir ce que je peux faire."

La rousse se leva ensuite et sortit précipitamment de la chambre. Astra n'avait pas eu beaucoup de réponses mais une chose était sûre, son amie lui cachait quelque chose.

*

Plusieurs jours passèrent et Astra n'avait toujours pas eu de nouvelles de Kira. La jeune fille se plongea dans sa mémoire du matin jusqu'au soir. Elle se revit sur le terrain d'entraînement de la maison familiale, ses cousins et elle, en ligne devant leur parents, écoutant les instructions, imitant les gestes, désireux d'apprendre. Les souvenirs de sa famille étaient douloureux mais elle devait s'y plonger pour récupérer sa maîtrise des éléments. Elle devait pouvoir se battre à nouveau au maximum de ses capacités si elle voulait s'opposer à ceux qui avaient tué son oncle. Mais pourquoi l'avaient-ils fait ? Les visions de Camille lui revinrent en tête. Ils voulaient contrôler les capacités innées et les injectaient dans des chimères de laboratoire. Mais si, à terme, ils arrivaient à les injecter chez des humains ?

Astra plaqua sa main sur sa bouche pour étouffer son cri. S'ils étaient capables de faire ça, plus personne ne pourrait les arrêter. Aucune grande famille ne serait capable de se battre contre une armée possédant autant de capacités. Il était urgent pour la brunette de pouvoir sortir d'ici et prévenir le lycée du danger. Surtout que, d'après Kira, Silver était encore là-bas. Elle devait absolument sortir de cette chambre. Mais comment ? Elle ne savait pas où elle était, mis à part que c'était une résidence appartenant aux Pars.

"Si je leur dis à quel point c'est important, ils devront me laisser sortir. Ils pourraient même me déplacer là-bas."

Un haut-le-cœur prit Astra alors que ses entrailles se tordait à l'évocation du déplacement instantané des Pars. La jeune fille se frappa les joue en s'intimant de se concentrer. Elle devait reprendre l'entraînement. Et la première étape était la communication avec les éléments par la méditation.

Le vent n'était pas le plus facile, mais il était le seul élément à portée de l'adolescente en suffisance. Elle devait pouvoir sortir et rentrer discrètement, sans se casser un membre pour pouvoir espérer se connecter à nouveau à la terre. Elle devait aussi trouver un point d'eau et une source de flammes, mais elle y mit ces éléments sur le côté pour le moment.

*

Cela faisait maintenant une semaine qu'Astra méditait toutes les matinées, se concentrant sur les ondes, sur les pensées des personnes présentes dans la maison, sans jamais violer leur intimité, sur le vent qui soufflait à travers sa fenêtre. L'après-midi, elle se forçait à reprendre des muscles. A présent, elle regardait avec bonheur les ondes juste en clignant des yeux. C'était devenu naturel et elle ne se lassait pas du spectacle des couleurs flottant devant ses yeux. La brune contrôlait sa capacité mentale de mieux en mieux, parvenant à lancer des messages discrètement dans les esprits, les induisant sur la piste qu'elle voulait.

Néanmoins, elle ne fit pas d'aussi bons progrès dans les autres domaines. Les muscles ne se récupéraient pas en un si court laps de temps, elle le savait, mais c'était frustrant de ne pas faire de progrès visibles. Le vent ne répondait que très peu à ses appels, mais elle devait faire avec.

Astra vérifia l'heure et étendit son esprit sur la demeure. Tout le monde était à leur poste, personne ne la verrait sauter par la fenêtre. Elle avait deux heures avant qu'on lui apporte son repas du soir. Prudemment, elle ouvrit la fenêtre, toujours vierge de barreaux, regarda aux alentours puis recula de quelques pas.

"J'espère que mon peu de maîtrise suffira."

Elle s'élança dans le vide et forma une image dans son esprit. Elle visualisa le vent s'élever sous elle et l'arrêtant dans sa chute. Elle attendit l'impact.

Une fois ses pieds sur le sol, Astra souffla de soulagement. D'un mouvement de poignet, elle insuffla une bourrasque dans un arbre au-dessus d'elle. A sa plus grande fierté, elle vit l'arbre se plier, signe que le vent lui répondait. Elle le remercia intérieurement et se mit en route, tous ses sens aux aguets.

Alors que l'adolescente s'éloignait de plus en plus de la maison, sa perception de celle-ci diminuait. Bientôt, elle ne vit plus aucune ondes parvenant de la demeure et ses occupants.

"J'espère qu'ils ne vérifient pas avec les ondes, je n'aurais pas plus de quelques secondes sinon."