Je me frotte les yeux en baillant et regarde l'heure. 10:17. Ça fait un bien énorme d'être en vacances.
Après une rapide toilette et un chignon digne des plus grandes casanières, je décide de travailler sur ma chanson. Je compose depuis peu et il m'arrive de perdre le fil de mes messages. Ma corbeille à papier se remplie de jour en jour sans que ça n'avance. Je décide donc de délaisser l'écriture pour le moment et de m'installer devant mon piano. Je prends une grande inspiration et les premières notes retentissent dans ma chambre. Je joue sans trop savoir quoi. Du yaourt s'échappe de ma bouche et peu à peu, une mélodie se forme. Une feuille de partition à disposition, j'écris chaque note que je viens de jouer et de fredonner. Je pense qu'on est pas mal. Je griffonne encore ma feuille quand la sonnette retentit. Qui ça peut bien être ? Abandonnant mes feuilles et mon crayon, je me dirige vers la porte en me demandant bien ce que l'on me veut pendant mes vacances.— Oh, bonjour Imran, comment vas tu ?
— Ça va et toi ? Désolée de te déranger mais j'avais besoin de te parler. Tu as une minute ?
— Hm... bien sûr, entre.Ok, bizarre. Alors que je lui prend ses affaires, je le vois scruter chaque recoin de l'appartement. Il se frotte les mains, essayant sans doute de se réchauffer au vu de la température extérieure. Je l'invite à s'installer, lui sers une limonade et quelques biscuits apéro. Il faut vraiment que l'on fasse des courses.
Il s'assoit, les mains jointes et son talon tape nerveusement mon plancher.— Tout va bien ?
— Quoi ? Oui, oui...Oui ? À d'autres, sinon tu ne serais pas chez moi et dans cet état.
— Je ne sais pas si on te l'a déjà dit mais tu es un très mauvais menteur.
— ...
— Écoute, si tu as besoin de mon aide, ça va être très difficile si tu ne me parles pas.Quand je le vois fermer les yeux et reprendre sa respiration, un millier de questions fusent dans ma tête. Est-ce si grave que ça ?
— J'aimerais que l'on soit amis, Qetsia.
Euh oui, d'accord. Je pensais que c'était déjà le cas. Mais pourquoi est-ce que ça le stresserait autant ?
— Je suis déjà ton amie, en tout cas je te considère comme tel.
— On peut se faire confiance alors, si on est ami ?
— J'imagine que oui, même si, honnêtement, je ne suis pas sûre de bien te connaître pour le moment.
— Je sais, mais j'ai besoin d'en parler à quelqu'un.Je commence réellement à flipper. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'Erwan avait raison ?
Avec un peu d'hésitation, je pose ma main sur les siennes encore jointes. Il sursaute en se dégageant et se lève brusquement.— Je suis désolée Qetsia, je ne peux pas... Passe de bonnes vacances...
— Attends, reviens !Trop tard, le claquement de la porte se fait entendre et le silence retombe dans l'appartement. Alors là, il va falloir m'expliquer ce qu'il vient de se passer. Un homme étrange tout de même. Je n'ai pas vraiment le temps de me remettre de ce départ soudain quand la porte d'entrée s'ouvre à nouveau.
— Cupcake ? Tu es là ?
— Salut Aaron, tu vas bien ?
— Bah ça va et toi ?
— M'ouais disons cela, Imran est passé furtivement chez moi. Il a voulu me parler mais...Je ne peux pas finir ma phrase car un bonnet noir dépasse du côté droit d'Aaron et je croise le regard d'Imran, visiblement gêné. J'avoue que la situation m'échappe totalement.
— Est-ce qu'on peut entrer ?
— Bien sûr.Je reprends donc une nouvelle fois les affaire d'Imran et celles de mon meilleur ami par la même occasion. Je sors une troisième bouteille et les invite à s'assoir.
— Alors, vous avez des choses de prévu pendant les vacances ?
Et Aaron me raconte comment ses parents ont une nouvelle fois réservé le plus beau chalet des Alpes, en France. Je me demande d'ailleurs quand il compte m'emmener. Je ne sais pas pourquoi mais ce pays m'attire, la Tour Eiffel, la nourriture et les hommes. Quoi ? Je suis humaine non ?
— Il y a aussi quelque chose qu'on doit te dire.
Son ton est froid et sérieux. Après un regard furtif vers Imran, il ferme les yeux, et prononce les quatre mots qui me font totalement dérailler.
— Nous... nous sommes en couple.
J'avoue que je ne m'y attendais absolument pas à celle là. En couple ? Je me serais trompé sur Aaron tout ce temps ? Les rires et regards complices avec Mel étaient simplement amicaux ? Tant qu'à Imran, je ne le connais pas bien mais ça me perturbe tout autant. Je me faisais certainement des idées mais je pensais que je lui plaisais. J'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser. Est-ce pour ça qu'il a fuit tout à l'heure ?
— Euh... je... Félicitations, j'imagine.
— Je sais ce que tu penses. J'ai fait mon coming-out hier auprès de mes parents. Ils n'ont pas l'air de mal le prendre mais je pense qu'ils ne réalisent pas totalement. J'espère que toi, tu sauras m'accepter comme je suis et que notre relation restera la même.Il a dit ça avec énormément d'amour dans les yeux et dans la voix. Bien sûr qu'il restera mon meilleur ami quoiqu'il arrive. Je lui répond en lui embrassant la joue et en le serrant très fort dans mes bras. Je l'aime si fort, peu importe son orientation sexuelle. Imran lui, fuit mon regard et se tend légèrement quand Aaron pose sa main sur son genou. J'ai l'impression qu'il y a toujours quelque chose qui cloche.
— Et donc vous allez en France ensemble ?
— Oui, j'ai pensé que ce serait le meilleur moment pour présenter Imran à mes parents.Une petite boule se forme dans ma gorge et je sens la tête me tourner un peu. Difficilement, je prends une gorgée de mon soda et sourie en guise de réponse. D'un autre point de vu, on pourrait dire qu'il paraît hypocrite.
— Et oui, je te rapporterai ton porte clé, depuis le temps que tu me le demandes.
— Ahah...Imran ne dit toujours rien et il sert la main d'Aaron, toujours posée sur son genou, dans la sienne. Il a son téléphone dans l'autre et prend bien soin d'éviter de me regarder et de me parler. Est-ce que l'on est ami ou pas ? J'ai énormément de mal à comprendre ce type. Il est tellement réservé.
— Très bien, on va rentrer. On y va mon chéri ?
Pourquoi est-ce que ça me fait aussi... bizarre qu'il l'appelle comme ça ? Il faut que j'arrête d'y penser. Quand je reviens avec les affaires de mes invités, Aaron en profite pour me souffler "merci Cupcake" dans le creux de l'oreille. Quant à Imran, il me tapote l'épaule sans pour autant me regarder avant de partir. Après avoir refermé la porte derrière eux, je reste appuyée sur celle-ci. Un râle de frustration m'échappe et je plonge la tête dans mes mains. Pourquoi est-ce si dur à accepter ?
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Mon nom est Qetsia BAKER.
Storie d'amoreAprès une rupture particulièrement douloureuse, Qetsia doit faire à ses sentiments. Cependant, une mystérieuse rencontre lui fait voir les choses autrement. La situation prenant de plus en plus d'ampleur, Qetsia n'a plus qu'une solution, partir. Mai...