Mon nom est Qetsia BAKER.

Chapitre 6

— Attends... Loeli Moretti est morte ? Mais qui a bien pu lui en vouloir ?

Je ne dis rien tant toutes mes pensées se bousculent dans ma tête. Je ne le connais pas mais j'ai de la peine pour lui. Perdre sa mère si jeune... D'un autre côté, cela expliquerait pas mal de choses, à commencer par son aspect renfermé et mystérieux. Je suis de retour à la réalité quand Mélanie me secoue le bras.

— Eh oh tu m'écoutes ?

Vraiment pas oups.

— Tu disais quoi ?
— Tu comptes lui en parler ?
— Mais t'as pété un câble toi, hors de question. Déjà que ça doit être traumatisant de perdre un parent je ne vais surtout pas le lui rappeler.
— Tu pourrais en savoir plus sur lui, c'est l'occasion de lui parler !
— Non mais n'insiste pas ! S'il veut me parler libre à lui de le faire mais à aucun moment j'entamerais le sujet la première. Il va penser que je suis une psychopathe à lire de vieux articles sur sa famille.
— Soit, mais avoue que c'est curieux.
— Ce ne sont surtout pas nos affaires, je me sentirais mal de m'en mêler. Surtout que l'on se connaît depuis moins d'une semaine ça craint...
— Oui je vois ce que tu veux dire... Très bien on verra. Sinon on se le fait ce film ? La pizza va refroidir.

Il ne m'en faut pas plus pour sauter sur le canapé avec mon assiette, prête à revoir notre film préféré. Ça me permettra au moins de penser à autre chose et de profiter de ma meilleure amie.

Le reste du week-end se passe normalement, nous avons passé notre dimanche à la fête foraine avec Mel et Aaron. Cela fait tellement de bien de passer du temps avec mes deux personnes préférées. Aaron m'a gagné un lapin géant au stand de tir, ce sera mon nouveau compagnon.
J'adore l'ambiance de l'hiver, la neige, les plaids, et les vins chauds de la fête foraine.

— Encore un verre mesdames ?
— Merci, mais...
— S'il vous plaît oui, et un autre pour notre ami.

C'est fou comme elle ne me laissera jamais décider. Quand Aaron revient avec sa troisième barbe à papa, Mélanie lui tend son verre, toujours dans l'euphorie de la soirée.

— Qu'est-ce que j'ai raté ?
— Rien, mis à part le fait que Mélanie essaie de me saouler.
— Pff n'importe quoi, l'éthanol s'évapore quand l'alcool est chaud et...
— Ouais, bref, il nous reste assez de tickets pour faire une dernière attraction donc honneur aux dames.
— LA GRANDE ROUE !!

Éclat de rire instantané, cette synchronisation entre Mel et moi, j'adore. Tandis que nous nous approchons du guichet, je remarque une silhouette familière.

— Ce ne serait pas Imran par hasard ?
— Où ça ?
— Lève le nez Aaron, là, en face de toi. Si tu lui proposais de nous rejoindre ?
— Mais pourquoi moi ?!

Mélanie roule des yeux en même temps que moi.

— Parce que c'est ton ami, andouille !
— Ah oui, pas faux lol.

J'vous jure. Alors qu'Aaron s'éloigne, je sens Mel me scruter sans aucune discrétion.

— Quoi ?
— Rien, pourquoi ?
— Mel ?
— Ok, je trouve simplement que ce serait l'occasion de lui parler, pas forcément de ce qu'on a lu hier mais juste histoire de faire connaissance.
— Je ne sais pas, tu sais...

Nous sommes interrompus par les deux garçons, visiblement morts de rire. C'est drôle comme Imran peut-être discret. Je l'ai malgré tout bien reconnu avec sa grosse écharpe et son bonnet qui tombe un peu trop bas.

— Salut les filles.
— Bonsoir !

Les mots me manquent pour décrire ce que je ressens. Je suis à la fois ravie de le croiser par hasard mais je me pose toujours énormément de questions... Alors, pour cette fois, je vais simplement me contenter de lui faire un signe de la main en souriant timidement.

— On y va ?
— LET'S GOOO !!

Je veux simplement passer une bonne soirée avec mes amis et si Imran doit en faire parti, qu'il en soit ainsi, cependant il faudra du temps pour gagner ma confiance.

00:12. Déjà ? Je jette mes affaires sur ma chaise de bureau, épuisée par la soirée que nous venons de passer. Je commence à avoir la migraine et le goût du vin domine encore ma bouche. Après avoir avalé un cachet, je décide de passer sous la douche. Ce sera un super moyen de me réchauffer avant de sauter dans mon lit. L'eau chaude, presque bouillante détend chacun de mes muscles. Je souffle bruyamment tandis que je passe l'eau sur mes cheveux bouclés.
Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que quelque chose cloche ? Un frisson me parcourt alors qu'un fracas se fait entendre dans l'appartement.

— Il y'a quelqu'un ? Maman ?

Je sors et serre ma serviette au dessus de ma poitrine. Munie de mon sèche cheveux, j'ouvre la porte avec précaution, prête à assommer le malchanceux qui a osé me faire peur. Quand Luna apparaît dans le couloir, je lâche un soupir de soulagement.

— Mais ça va pas de me faire peur comme ça ! T'allais te prendre une magnifique bosse.

— Il faut qu'on parle.

Oula.

— C'est Erwan, je l'ai croisé en sortant de l'école. Il disait qu'il t'attendait mais il a eu une urgence.

Attendez, trop d'infos.

— Erwan ? Qu'est-ce qu'il voulait ?
— Avant de partir, il m'a dit "dis à ta sœur que j'arrangerai les choses à ma façon". Je n'ai pas compris mais au moins le message est transmis.
—  C'est tout ce qu'il t'a dit ?
— Il a aussi dit qu'il ferait tout pour te récupérer, même l'inimaginable. Mais je lui ai ris au nez en lui rappelant bien le ksos qu'il est.

Évidemment. C'est qu'il ne me lâchera jamais la grappe celui-là, pire qu'une sangsue.

— Et c'est tout ?
— Oui, enfin je crois. J'ai vite remis mes écouteurs parce que je ne voulais plus l'entendre. Je ne l'ai jamais apprécié de toute façon, je ne comprends pas comment tu as pu le fréquenter aussi longtemps.
— Je n'en sais rien, peut-être le manque d'affection.
— Je te donne ma peluche, elle te donnera déjà plus d'affection que ce vieux mec.
— Comment tu parles ? Surveille ton langage, ton petit âge là.
— M'ouais cependant je n'en pense pas moins.

Je me doute. Pour ce qui est de me récupérer ce sera non mais pour le reste... J'ignore ses intentions mais je commence légèrement à flipper. Putain mais qu'est-ce qu'il a en tête encore ?