Chapitre 9

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Où suis-je ? Mes yeux s'ouvrent presque brusquement et j'essaie de trouver un maximum d'informations sur l'endroit dans lequel je me trouve. Une boîte de nuit ? Oh c'est vrai, je suis sortie avec Mel et Dylan hier soir. Ils sont sur le canapé d'en face, Mélanie prenant Dylan pour un véritable oreiller. Quand je décide enfin de me redresser, je sens quelqu'un gigoter au bout du fauteuil. Qui est-ce ? Et pourquoi ai-je mes pieds sur lui ?
Il finit par papillonner des yeux avant de scruter la pièce et arrêter son regard sur moi.

— Bien dormi ? Je t'avais dit que je n'allais rien te faire. Nous sommes toujours au même endroit, sur ce même canapé où nous nous sommes visiblement endormis.
—...
— Tu ne sais déjà plus qui je suis ?
—...
— Isaac Carter. Officier au commissariat de New York. Je t'ai aperçu hier soir, tu faisais une drôle de tête à cause de tes chaussures.

Les images me reviennent maintenant. J'ai dû m'endormir pendant le massage et nous sommes restés sur ce canapé. Je n'ai pas l'impression d'avoir été droguée ou saoulée, je me sens juste courbaturée suite à "mon lit" de cette nuit. Cependant, quelque chose m'échappe mais j'ai du mal à me souvenir quoi.

— Tu es officier ? Que fais-tu dans ce genre de boîte ?
— Bof, un policier a aussi le droit de s'amuser de temps en temps. Et puis l'avantage ici est que je ne peux pas me bourrer la gueule ahah.

Son rire s'élève doucement et son regard vert a le don de me perturber. C'est étrange mais plus il me parle, plus il m'a l'air familier.

— Et si tu réveillais tes amis ? Je vous dépose.
— Merci.

Je me lève, toujours pieds nus et traverse en large la salle. Après avoir secoué les deux marmottes comme il fallait, Isaac nous invite à monter dans sa voiture. A côté de moi, je sens Mélanie mal à l'aise alors que Dylan prévoit visiblement de finir sa nuit.

— Tu le connais ?
— J'avais mal aux pieds hier et il m'a massé un peu. Officier Isaac Carter apparement.
— Il est canon.
— Je sais, mais chut il va t'entendre.

Le regard d'Isaac croise le mien dans le rétroviseur et je peux deviner qu'il sourit, au vu de ses yeux plissés. Pour la discrétion on repassera.

Dylan est le premier à se faire déposer puis Carter prend le chemin de l'appartement de mes parents. La voiture s'arrête donc à l'angle et je peux voir Luna, sur le pas de la porte, dans son éternel pyjama licorne. Mélanie et moi sortons de la voiture après avoir poliment remercié et salué Isaac.

— Depuis quand vous allez en boîte ?
— Depuis qu'on en avait envie, pourquoi ?
— Je ne sais pas, c'est bizarre. Puis c'est qui ce gars ?
— Le nouveau crush de Qetsia, il est policier apparement.

Pardon ? Je fusille littéralement Mélanie du regard alors que je bataille pour convaincre ma sœur que cet homme ne m'intéresse pas. Même si j'avoue qu'il déborde de charisme et de beauté.

— Ouais c'est ça. Vous entrez déjeuner ?

C'est LA question qu'attendait Mel. Il ne nous en faut pas plus pour rentrer s'installer à table.

Je mange en pensant à ce fameux Carter. Au fond de moi, je sais que quelque chose cloche (encore). Est-ce que je le connais ? Ou bien lui, me connait-il ? Cette question me traverse l'esprit quand je me remémore ses derniers mots avant que je m'endorme hier soir.
Il me connaîtrait ? Mais d'où ? Et comment ? J'attrape mon téléphone quand je me souviens que je n'ai pas son numéro. Évidemment qu'un officier ne le donnerait pas gratuitement à n'importe qui. Seulement j'ai besoin d'avoir des réponses et j'attrape mon manteau et mon écharpe, en route pour le commissariat.

Est ce permis de déranger quelqu'un sur son lieu de travail ? Je ne pense pas mais je ne veux pas attendre. Après avoir prétexté un rendez-vous  avec Isaac, je m'installe dans son bureau, plus que nerveuse de lui poser mes questions. Je triture mes doigts et les recompte comme si j'avais peur d'oublier combien j'en ai. Quand des voix se font entendre au font du couloir, ma respiration s'accélère légèrement.

— Veillez bien à me rapporter ce dossier dans les deux jours. Cette enquête doit se terminer rapidement avant que... Qetsia ?
— Comment me connais-tu ?

Son visage se blanchit alors que je pose la question. Eh ouais, coco.

— Je...
— "La vérité triomphe toujours", je peux lire sur ton insigne. Alors ne me mens surtout pas, je prends de mon temps et du tiens justement pour que tu me racontes.

Il se mord la lèvre et me regarde avec beaucoup d'hésitation. Ses yeux verts laissent croire qu'il est inquiet. Mais tant pis, j'ai besoin d'informations.

— Très bien, assieds-toi.

Satisfaite, je prends place en face de lui alors qu'il s'installe de l'autre côté du bureau. Son uniforme lui donne un air plus stricte et sa carrure m'a l'air encore plus impressionnante. Ses cheveux bruns décoiffés lui ajoute un côté "rebel" qui s'oppose un peu à sa profession. En effet, Isaac Carter est un homme tout à fait séduisant.

— J'ai été chargé d'une affaire il y a deux ans. Un riche homme d'affaires qui perd sa femme tragiquement alors que sa boîte connaît l'un de ses plus gros succès. Lui et son fils seraient impliqués dans l'affaire mais je cherche encore des éléments. J'ai finis par perdre la trace du fils après un petit temps quand j'ai découvert qu'il va à la NYU(*).
— Attends, on parle de la même personne ?
— Imran Moretti serait un jeune homme dangereux et j'ai pu m'apercevoir qu'il s'approchait un peu trop de toi. Je ne connais pas ses intentions mais il a l'air d'aussi se rapprocher de tes amis dont...
— Aaron... Merde.
— Je connais ton nom car je me suis aussi intéressé à toi et cette rencontre au club n'était pas une coïncidence. Je t'ai totalement suivis depuis que j'ai aperçu Moretti te raccompagner chez toi l'autre jour. Je connaissais déjà ton adresse avant de te raccompagner ce matin ainsi que ta fac, forcément. Ta sécurité m'est devenu prioritaire.

Énormément d'informations d'un coup. 1- Je fréquente un homme potentiellement dangereux, 2- je me fais suivre dans mes déplacements et 3- ce policier me perturbe énormément. Erwan avait-il raison finalement ?

(*) : New-York University.

Mon nom est Qetsia BAKER. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant