Chapitre 1

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-- Non jure !! Attends, attends, répète ?

Je pousse un soupir en regardant ma sœur jumelle rire de moi. C'est sa façon à elle d'être contente mais qu'est-ce que ça m'agace. Je reviens de ma visite de chez les Martinez. J'ai bien fait attention qu'ils s'en vont en sécurité. Quand j'ai vu que ma sœur était là, j'ai pas pu m'empêcher de lui parler d'Alan. J'aurais dû fermer ma gueule, tiens. Laurina me regarde avec des yeux pétillants et pousse un soupir. On a toujours été proche elle et moi, même si j'ai eu une vie difficile et séparé d'elle. Dans le gang, le Chef doit avoir un exécutant et un bras droit. L'exécutant doit être le frère ou la sœur du Chef. Si le Chef n'en a pas, ça sera un membre de la famille choisi par celui-ci. Quand le Chef meurt, c'est son fils ou son frère s'il n'a pas d'enfant ou une fille. Mais Père a dérogé à cette tradition. Quand Laurina et moi sommes nés, Mère a supplié son mari que ce soit Laurina la Cheffe après lui. Je comprends le choix de Mère : les femmes en exécutant ne survivent jamais après trois mois. Elles sont tellement meilleures comme espionnes. Chose incroyable : Père a cédé à notre mère. Donc, dès mes cinq ans, j'ai été entraîné pour me faufiler et tuer. C'était long, dur et éprouvant combien de fois Mère n'a pas dû me réconforté et soigné mes blessures. Mais j'évoluais vite et j'étais la fierté de tout le monde. Normalement, je devais prendre la place en même temps que ma sœur mais l'exécutant de Père s'est fait tué le jour de mes treize ans. J'ai donc pris sa place. Bref, même si j'étais séparé d'elle, on s'est toujours tout partagé. Elle a été la première à savoir pour mon attirance pour les hommes. Donc pour revenir à Alan... y a trop rien à dire en fait : on sait à peine parler. Ça me fout la haine.

-- Rencontré l'homme qui pourrait devenir l'amour de ta vie après avoir tué quelqu'un... t'aurais pas pu faire plus romantique.

-- Ta gueule ! Comme si c'était moi qui avait cherché.

Ma sœur rigole encore. Elle m'agace celle-là mais qu'est-ce que je me vois pas sans elle.

-- Tu comptes aller plus loin ?

-- Oui. J'ai son numéro en plus.

-- ATTENDS?! Pourquoi tu lui écris pas ?

-- Il a pas fait.

-- Gabriel, le grand "Démon" a peur d'envoyer un message ? Hilarant !

Putain, je la déteste ! Je sens mes joues devenir chaudes et vu comment elle rit, j'ai bien les joues rouges. Elle a raison en plus : j'ai peur de lui écrire. Sentiments contradictoires à la con. J'ai envie de lui parler mais j'ai peur. Je rumine dans mon coin et quand je soulève ma tête, je croise le regard attendri de Laurina.

-- Quoi ?

-- C'est la première fois que je te vois comme ça et ça me rends heureuse. D'habitude, tu es plutôt froid.

J'hausse les épaules. C'est à cause de mon "métier" que je suis devenu comme ça. Peut-être que j'aurai été mieux, être quelqu'un de normal si Père n'était pas dans le gang. Je sursaute légèrement quand ma sœur vient me prendre dans ses bras. Je pose ma tête sur son épaule. J'ai l'impression d'être à nouveau un enfant. On peut plus changer le passé donc ça sert à rien de me concentrer dessus. Faut que je me concentre sur le présent et ce présent rime avec Alan. Je sais que je suis en train de me faire des films mais pour moi, il a pas été insensible à mon charme. Je prends donc mon téléphone mais la bonne rentre en disant:

-- Le Patron vous demande Monsieur.

Je pousse un soupir : quel timing de merde. Ma sœur a l'air tout aussi déçue que moi mais elle hausse les épaules. Je remets mon tél dans ma poche et vas vers le bureau de Père. Le garde du corps me laisse entrer dans un bureau au style ancien. Père est déjà derrière son bureau. Il me fait signe de m'asseoir sans lever la tête de son dossier. Je balade mon regard sur ce bureau que je connais si bien : sur la droite, il y a cinq grandes hautes armoires  contenant tout les dossiers de chaque famille que comporte le gang, ainsi que les mouvements du gang. À gauche se trouve une magnifique bibliothèque que je suis sûr qu'il a même pas lu la moitié. Au milieu trône le bureau du Patron. Une beau bureau en chêne avec des dessins incrustés. J'attends mais qu'est-ce que c'est long ! Il aurait pû m'appeler quand il avait fini. J'aurais pu parler à Alan... voilà que je deviens impatient. Je pousse un soupir mais me retiens vite quand je vois Père levé un sourcil :

Keep The Secret [BL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant