Chapitre 11

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J'arrive à la clinique avec des gâteaux pour essayer de me faire pardonner d'y être aller si fort. Le résultat de son examen : un nez cassé et son œil gauche qui est tellement gonflé qu'on dirait qu'il est fermé. Miguel a aussi réussi à se déboiter l'épaule gauche quand il essayait de se libérer de ma prise. Le médecin lui a conseillé de se reposer avant de retourner sur le terrain, si seulement il savait que Miguel Salvador va se reposer pendant douze ans et sept mois. En attendant qu'il sort de la clinique et avec l'autorisation de Père, la petite Lucia est à la maison et c'est Louise et Laurina qui s'en occupent. Je vais lui en parler maintenant et j'espère qu'il en voit pas d'inconvénients. J'arrive devant sa chambre où se trouve déjà Pedro.

- Alors ?

- Comme t'as demandé.

- Qui a voulu le voir ?

- Des hommes de son secteur, son chef et sa mère.

- Ils ont dû râler.

- Tu m'étonnes.

- En tout cas, merci. Le chèque est déjà chez toi.

- Gab, t'étais vraiment pas obligé. J'ai fait ça parce que je te le dois. J'ai déjà des jours paisibles pour un garde du corps, c'est pas comme Paul.

Nous rigolons à la mention de son cousin. Finalement, je rentre dans la chambre : Miguel Salvador est couché, serein. Quand il respire, son nez fait un bruit bizarre. Il tourne la tête dans ma direction puis la tourne à nouveau vers la fenêtre. Je ferme la porte, amène la chaise près de son lit et pose les gâteaux sur sa commode, qu'il regarde surpris.

- Pour me faire pardonner.

- Pas besoin, c'était le jeu. Par contre, toi qui veut tellement que je fasse la dernière demande de Susanne, je me demande comment je l'aurai fait si j'étais mort.

Il ricane à sa propre remarque et se lève pour pouvoir s'asseoir. Il prend les gâteaux et les regardent avec envie.

- Au fait, qui s'occupe de Lucia ?

- Je l'ai prise chez moi et c'est ma sœur et notre femme de ménage qui s'en occupent.

- Tant mieux. Pourquoi on fait pas ça jusqu'à ses treize ans ?

Vu le regard que je lui lance, il lève ses mains en signe de résignation puis décide de manger un gâteau. Je le laisse prendre son temps. Quand il finit, il repose la boîte et concentre son attention sur moi :

- Tu viens par rapport à ce que je t'ai dit l'autre jour ?

- Oui. Je viens voir si c'est pas une menace habituelle ou si c'est du sérieux.

- Comment tu sauras faire la différence ?

- T'occupes.

- C'est toi le chef après tout. dit-il en levant les mains, J'étais en train de faire une patrouille avec quelques hommes. On allait avoir de la marchandise et mon chef avait peur d'une mauvaise surprise des Italiens. C'est en passant près d'une ruelle que je l'ai entendu : il était au téléphone et il promettait de "ne pas se louper la prochaine fois".

- Qui te dit qu'il parlait de moi ?

- Pile le jour où on apprend que t'es à la clinique, pile le jour où j'ai un gars qui dit clairement qu'il s'est loupé. Tu trouves pas ça bizarre, toi?

Je réfléchis vite fait : ça se tient.

- Tu sais c'est qui ?

- Je connais pas tout le monde de mon secteur mais sa tête, je peux le jurer que c'est la première fois que je le voyais. J'ai bien crû que c'était un Italien donc je lui ai demandé sa carte et il me l'a passé. Ça devait être une nouvelle recrue. Tu sais, Marc c'est pas comme Franck : il m'appelle presque jamais pour les nouvelles recrues. Décidément, on voudrait tous un chef comme Franck.

Keep The Secret [BL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant