Relations Complexes

La sorcière

Les particules s'engouffrent dans les pores de sa peau et en ses voies respiratoires. Ces spores toxiques s'emparent de son intérieur pour éteindre ce mécanisme organique depuis les commandes. Cet homme s'agite, déambule comme un épouvantail malmené par le vent, se tord de douleur. Bientôt il ne sera plus humain aux yeux de ses confrères, ce ne sera seulement qu'une dépouille sans intérêt et pour l'heure, un infecté à fuir comme la peste ou le choléra.

La toxine l'envahissait de toutes parts, accaparant toutes ses pensées, les rendant morbides, souhaitant mourir pour y mettre un terme. Ses troubles digestifs lui donnaient l'impression d'être traversé par des centaines de lames. Son cœur accélérait puis ralentissait net tandis que sa tête tournait. Ses vertiges étaient accompagnées d'hallucinations. Une agression visuelle de couleur, des assauts de bestioles en tout genre qui le dévoraient vif, son corps démembré. N'en pouvant plus, le garçon s'écroula sur le sol poussiéreux.

Rejoignant le décor sombre de la forêt fantastique dont les immenses arbres semblaient se recroquevillés sur son frêle corps comme s'ils l'engloutissaient. S'en était finit pour lui... Il préféra se donner la mort en s'enfonçant son couteau de poche dans sa poitrine. Le sang colora les fleurs blanches aux cœur carmin. Le réel criminel derrière cette tragique scène, n'était autre que de l'herbes aux sorcières.

Une femme de son village lui avait conseillé d'en cueillir pour en consommer les fleurs blanches, prétextant que ça mettrait fin à ses douleurs musculaires dont il se plaignait régulièrement. Pour y mettre un terme, cela avait fonctionné, mais d'une bien sordide façon. Cette voisine avait la réputation d'être une sorcière pour l'ensemble des potions qu'elle confectionnait à partir de plantes qu'elle connaissait par cœur. Quand on retrouva le corps de ce pauvre homme, on la questionna à ce propos :

- Pourquoi l'avez-vous tué ?!

- Je ne l'ai pas fait, c'est la nature qui a jeté son dévolu sur lui.

- Alors pourquoi lui avoir conseillé de consommer une plante fatale ?

- J'ai mes raisons.

- Donc vous étiez au courant de ses effets ?

- Qui ne le serait pas ? L'herbe aux sorcières, de son vrai nom Datura stramonium est une plante connue.

- Pas pour le commun des mortels... Vous êtes un monstre.

- C'était une créature bien plus malfaisante que j'ai envoyé au cimetière.

- Donc vous avouez votre acte impur ?

La jeune fille sourit nerveusement tout en préparant une infusion à la menthe et au miel qu'elle proposa à son invité.

- Vous voulez m'empoisonnez ! Hors de question que je boive ça, refusa-t-il en repoussant la tasse d'un revers de la main. Le liquide bouillant imbiba le parquet et coula jusqu'au bottes de la sorcière.

- Voyons, calmez-vous, elle but une gorgée puis reprit, j'ai certes rendu justice par moi-même. Ce que je ne devrais pas faire. Mais quand vous avez tous les éléments pour désapprouver des agissements répugnants qui bafouent votre morale, il vous faut choisir entre rester passif et agir. Je ne dis pas que j'ai raison, ni que c'était la meilleure des façons mais sur le coup je reconnais avoir perdu mon sang froid. Je n'étais plus qu'aveuglée par mes valeurs. Puis comme je savais que c'était un parfait citoyen, père de famille, bon collègue, avec une grande inffluence sur ses amis, j'étais sûre de ne pas être prise au sérieux par mon statut, se justifia la dame d'un air froid et distant contrastant avec le dévouement de ses paroles.