Relations Complexes

Le village de Weelnstock

Perdus sur une route traversant la forêt, Pascal le père de famille et ses deux enfants, Loïc et Lyna accompagnés de leur chat Ludzy entrèrent dans un village, laissé à l'abandon, sûrement inhabité. Lyna pencha sa tête à la fenêtre de la voiture, elle voyait un vaste champ dont la surface était recouverte par de longs bouts de bois plantés dans le sol, ornés de divers chapeaux et de vêtements rafistolés. La brume apportait à cet univers morne, une ressemblance avec un lugubre cimetière. La voiture s'arrêta brusquement et ils en descendirent. Devant eux se présentait un manoir aux couleurs bordeaux et verdâtre.

- Il me semble que c'est ici que nous allons passer nos vacances, dit Pascal, fatigué par le voyage.

- Je pense qu'on est plutôt perdus ! remarqua amèrement Lyna.

- Dans tous les cas, nous n'avons pas d'autre abri pour dormir, conclut Loïc.

Ils s'y installèrent, étrangement l'électricité fonctionnait et toutes les portes étaient entrouvertes.

Pendant la nuit, alors que tout le monde dormait, Lyna sentit quelque chose monter sur ses genoux, ce qui la réveilla. Croyant que c'était Ludzy qui se trémoussait pour jouer, elle garda ses yeux clos. Mais elle sentit une odeur fétide près de son visage. Elle ouvrit les yeux, curieuse. Elle se rendit compte que de grandes prunelles jaunes la fixaient à quelques centimètres de son visage. La pauvre fille resta immobile un certain temps, essayant de cacher sa peur puis elle se persuada qu'il s'agissait d'une peluche et que tout simplement la lumière de la lune se reflétait dans ses yeux de verre. Quelques instants restée passive, la chose dévoila un grand sourire perfide pourvue de grandes dents blanches et affûtées. Lyna alluma la lumière et cria prise d'un grand effroi pour cet animal peu ragoûtant. Elle l'expulsa de son lit en lui donnant un grand coup d'oreiller. Elle se leva, la chose semblait être partie. Personne ne vint l'aider. Seule, veillant toute la nuit sans fermer l'œil, elle tremblait de peur.

Le lendemain matin, la famille se réunit dans la grande pièce principale. Lyna raconta sa mésaventure et proposa de partir de cette ville sinistre. Son père insista sur le fait que ce n'était qu'un cauchemar tandis que son frère, préféra en dire qu'elle racontait de stupides histoires pour rentrer au plus vite à la maison et pour se rendre plus intéressante. Pourtant vous savez aussi bien que moi que la réalité dépasse parfois l'imaginaire... Non ?

Le jour même, Pascal sortit en ville prévoyant faire quelques emplettes. Il ne trouva par malheur, que de vielles maisons vides entourées de potagers dépourvus de cultures. Il avait cependant une vague impression d'être observé et d'entendre un bruit de pas régulier qui avançait à ses côtés. Il s'arrêta plusieurs fois, regardant de toutes parts. Trop préoccupé par ce bruit entêtant, il en perdit son chemin. D'ailleurs, comment étaient-ils arrivés ici ? Marchant des heures et des heures en repartant dans l'autre sens sur une route droite mais qui pourtant lui semblait interminable et nouvelle. Il s'écroula de fatigue et de faim au pied d'un panneau en bois portant une inscription rongée par la vermine : « Soyez divertissant et Weelnstock vous gardera, soyez réaliste et la mort vous prendra. » Il ferma les yeux après avoir suffoqué à trois reprises.

La deuxième nuit arriva. Loïc était serein, quant à Lyna, elle s'inquiétait de l'absence de son père. Elle se demanda à de multiples reprises si ce n'était pas juste l'ambiance qui la faisait dérailler à en devenir folle. Elle ne reconnut pas la chambre dans laquelle elle avait dormis auparavant. Tout semblait... Changé. S'approchant des murs, elle regarda les tableaux avec insistance. Il y avait une toile comme les autres, seulement la personne représentée fixait la porte... Comme si elle voulait partir...

- Quel drôle de hasard ! Ne vous inquiétez pas chère dame, tout ceci n'est que de passage, s'écria Lyna, amusée par l'expression de la toile.