Ecrire

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Ce qui me plaît vraiment... J'imagine un mélange de structure concise et d'éléments incongrus. Quelques choses de personnel qui peut à la fois toucher autrui. Ça serait beau par son imagination et son développement approfondi. Je rêve de pouvoir écrire une histoire qui change une vie par ce qu'on y apprend ou par ce qu'on retient d'elle. Que ça soit des émotions, des souvenirs auquel on y rattache, il faut qu'elle crée un affecte chez le lecteur. Miser sur l'attachement aux personnages, dans un cadre original, bien construit et immense. C'est ça que je veux. Alors pourquoi je reste paralysée devant une page blanche, comme si je n'avais aucune idée de ce que je veux écrire ? En fait, j'ai peur. J'ai peur comme un enfant queer qui doit refouler qui il est pour être tranquille à l'école. Peur, de ne plus exister, peur que ça soit si mauvais qu'on m'applique jugements et actes discriminant à mon égard. J'ai peur de ne jamais pouvoir exprimer qui je suis et qui je veux être parce que les autres me verront comme une absurdité grotesque. La plupart dise qu'on doit ignorer les gens et leurs avis, vivre pour sois, mais si on se contenterait de vivre pour nous seul, ça ferait longtemps qu'on serait parti. On vit avec les autres et pour les autres je dirais même. Qui est réellement capable de ne pas être affaibli par les critiques d'un proche qui nous est important ?

Mon problème actuel est que j'ai un blocage avec l'écriture parce que j'ai élaboré en amont des textes médiocres voire mauvais. Au lieu de me dire que je vais m'améliorer, je ne peux m'empêcher de penser que je reproduirai des pages nauséabondes.

Dites-vous que j'écris depuis mon plus jeune âge, régulièrement, que j'ai travaillé dur pour en faire mon avenir alors pourquoi suis-je toujours autant une empotée ?

Même en parlant de sujets qui me tiennent à cœur, d'utilité publique selon moi, je me révèle de honte, d'énervement et de chagrin, trouvant mes écrits ridicules et abjects.

Peut-être ai-je seulement une très basse estime de moi ce qui altère mon jugement sur mes créations. Mais ce n'est pas en les montrant à l'homme qui m'aime le plus sur Terre que j'aurais un avis plus objectif. Il faudrait une personne neutre, mais même elle, serait influencé par ses goûts. Puis même si techniquement un texte peut être bon, le reste-t-il autant sur le fond ? Comment admettre qu'il y a un bon art et un plus mauvais ? Tout est relatif et ça en devient insupportable. Je le vois bien que ce que je fais manque cruellement de maîtrise et est sans intérêt. Pourtant parfois on m'adule et m'éloge pour mes « talents ». Me disant qu'eux seraient incapables de faire ça, que c'est parce que c'est propre à moi-même que c'est intéressant. Mais je pense que je suis juste tombé sur des gens gentils qui ne s'y connaissent pas en littérature. Je pourrais au contraire être rabaissé de moins que rien par des élitistes du domaine, des personnes qui écrivent eux-mêmes, qui sont très cultivés et férus de lecture. Ce que je ne suis pas, je lis vraiment peu pour ne pas dire pas du tout. Voilà un de mes grand défauts, ça m'aiderait énormément de lire plus. J'ai perdu l'envie depuis quelques temps, ça me demande un cadre où je suis concentrée et où j'ai suffisamment d'énergie pour bien comprendre les intentions de l'auteur.

Les raisons pour lesquelles j'écris doivent jouer aussi sur la qualité de ce que je produis. Enfant, c'était par passion dévorante. Ensuite ça a été pour me sentir supérieure, pour devenir une meilleure personne, pour me sentir mieux en étant fière de m'adonner à une activité dont les hommes que j'admirais effectuaient. Et maintenant ? Est-ce pour mettre à profit mon temps libre, m'assurer un avenir en tant qu'auteur ? En vérité, je n'en sais rien. Je crois seulement que c'est tout ce que je sais faire pour prouver à mon entourage que moi aussi je suis capable de faire quelque chose. Peut-être que j'aime simplement créer des textes qui touchent les gens. Alors quand ces derniers sont ignorés, cela me donne l'impression qu'ils sont mauvais parce que mon objectif d'impacter un lectorat n'est pas atteint.

Je me dis parfois que j'ai perdu mon imagination avec mon enfance. Alors comment sans-elle pourrais-je dépeindre des cadres fantaisistes ? Pas le choix, il faut que je me tourne vers un semblant de réalisme. Puis s'est souvent inspiré de la réalité les histoires. Je me suis mise à relater des expériences sous formes de poèmes et de chapitres dans un roman. Cela fonctionne bien, mais comme ce sont des expériences personnelles, les écrits me ressemblent. Puisque je ne m'apprécie guère c'est un peu évident que je n'aime pas ces derniers. Je suis donc toujours dans l'impasse, il faut que j'écrive à propos de sujets que je connais pour faire des développements maîtrisés mais ils finissent toujours par me débecter.

Je devrais peut-être arrêter d'écrire et me consacrer à autres choses comme le dessin ou la musique. Mais là aussi je suis confronté à cette voix qui me répète que ce que je fais est nul, laid, horrible. Donc si je fais ça, autant ne plus rien faire et tout abandonner. Y compris ma propre existence. Car après tout, elle aussi est dénuée d'intérêt. Ça serait facile de se laisser gagner par cette idée mais je crois qu'il faut plutôt y voir que l'écriture est un pilier fondamental à ma vie. Il me permet de m'exprimer, de partager des émotions et des moments avec les proches qui me lisent, de réparer des conflits, de créer des projets, de consolider mon avenir... Ecrire ça a changé ma vie.

Ecrire c'est se donner les moyens de rencontrer d'autres personnes, de communiquer avec eux, de créer des liens, d'en briser certains, de montrer au monde qu'on est là, le cœur battant, les mains tremblantes tenant un stylo ou dansantes au-dessus d'un clavier dans un balais où les mots donnent sens à nos maux.

Relations ComplexesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant