millions de névroses

5.PAS VRAI ?

Vide.

Ma tête est vide.

Bien sûr c'est un euphémisme, vu les pensées qui fusent dans ma tête.

Un brouhaha imperturbable qui creuse un puit sans fond. 

Je réajuste vite mon volant avant de rentrer dans la voiture d'en face.

J'ai repris la route après avoir donné de la loxapine a Bruno.

Il dormait quand je suis parti, je n'ai même pas pu en discuter avec lui.

Je ne sens que le vent qui gifle ma peau trempée, que j'imagine blanche comme un linge.

Ma gorge est nouée et je parle avec difficulté, et je constate dans mon retro qu'il m'a laissé des marques violacées en prime.

A quoi je m'attendais bon sang ??

Qu'Abel m'attende avec un jeu de carte ? Il a tué sa dernière référente bordel, ma vie est en jeu.

Devrait-je moi aussi démissionné et tenir pendant 3 ans ? Espérant survivre grâce au dieux ?

Je suis pitoyable.

Pathétique.

J'hésite avant de rentrer chez moi, et décide finalement d'aller sonner à côté, chez la seule personne capable de comprendre ce que je ressens.

- Angie ?

- Ronda ... j'ouvrit la bouche mais mes sanglots pris le dessus et je m'effondrai dans ces bras.

- Rentre Angie ! ton cou ! C'est Abel ?

L'entendre prononcer son prénom étais comme revivre la scène encore, et encore.

J'étais juste capable d'hocher la tête, en reniflant difficilement.

- Un infirmier donnes de l'alcool en échanges de pot de vin.

Je ne sais pas pourquoi je parle de ce détail, vu l'énormité de la situation. Mais en prononçant ces mots, je comprends finalement la gravité de la situation.

Ronda, elle se contenta de s'assoir sur le canapé les pieds sur la table basse, sa bière calée sur ces jambes et ces bras derrière la tête. Son je-m'en-foutisme est consternant. 

- Tu te rends compte que des infirmiers vendent de l'alcool à nos patients ?

- Sa ne m'étonnes pas, la plupart sont des démissionnaires qui reste sous contrat ils n'ont rien à perdre. Mais tu travaillais aujourd'hui ?

- Non du tout j'étais avec James quand mon PTI a sonn-

- QUOI ? James, James ? Le canado ???

Faudra vraiment que j'apprenne à la fermer parfois.

- Oui lui, il était gentil avec moi.

-  Vous êtes en couples ? elle grimaça à cette seule pensée.

- Non on se voit juste de temps en temps.  Mais reconcentre-toi ce n'est pas le sujet !

- Je ne peux pas plus t'aider, je sais juste que ton plan cul a déjà fait ce genre de choses.

- Quoi ?

- Bah ouais je l'ai déjà entendu parler de pot de vin pour des patients.

James donne de l'alcool à ces patients ??

Mais décidément a part moi personne ne fait ce métier par conviction ou je rêve !

Courage.

- Je suis désolé Ronda c'est un manque de courage. Tous ces patients toutes ces personnes ne sont pas mauvaises par envie ! ils ont des problèmes mentaux, ils ont besoin d'aide pas de corruption !

Je la vois grimacer, et ma gorge enrouer me fait réaliser que j'ai peut-être un peu trop élever la voix.

- Ecoute Angie, faut que tu comprennes que tous les infirmiers viennent avec des réelles intentions. Mais... Ils y'en a qui sont trop faible ?

- Couche avec moi Ronda.

- tu déconnes ou quoi ?

- Je veux penser à autre choses ! et j'ai peut-être bu trop de bière...

- Calme toi Angie... mes larmes coulent sans mon accord le long de mes joues. Ecoute, rentre, prends une douche, enfile un pyjama douillet, et regarde une série netflix. Tu as besoin de repos, et moi d'oublier que tu viens expressément de me demander de coucher avec toi.

Je vois l'ombre d'un sourire sur son visage, ce qui me fait sourire d'avantage.

Mais elle a raison je suis épuisé alors je décide de prendre une dernière bière avant de rentrer chez moi.

Seule.

Même entourée je reste seule c'est dingue pas vrai ?