"Joyeux Noël"

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*pdv omniscient*

Quelque part dans un petit village d'Alaska – Maison des Samyaza

Elle s'avançait sur la pointe des pieds, ses parents lui avaient bien appris, son poids basculait parfaitement sur ses petits petons pour ne faire craquer aucune planche du parquet lustré. Son petit frère suivait derrière avec la même grâce dans les mouvements. Silencieux, les deux petits chenapans n'étaient pas tous les jours complices mais il y a des jours comme celui où ils l'étaient même un peu trop. La petite fille poussa la porte de la chambre de ses parents sur le bout des doigts faisant attention à ses moindres mouvements. Lorsqu'elle perçut la respiration calme de sa mère calquée sur celle de son père, elle fit signe à son frère que la voie était libre. Ils continuèrent leur progression avec la même minutie jusqu'au lit double. Elle était du côté de son père et lui du côté de sa mère. Dans le lit, une femme était encerclée dans les bras musclés d'un homme comme dans un cocon protecteur. Ils ne se doutaient aucunement de ce qui allait leur tomber dessus, pour l'heure les deux étaient très clames bercés, pour une fois, par les bras de Morphée. Mais malheureusement pour eux, ce petit cocon protecteur n'allait pas durer.

La petite fille fut la première à passer à l'attaque. Ses pieds claquèrent sur le sol lorsqu'elle prit son élan pour atteindre le dos de son père dans un cris de guerre. A côté, le petit garçon avait eu plus de mal et avait dû s'aider de ses bras pour grimper à côté du visage de sa mère. Leurs tentatives avaient beau avoir été magnifiques, ils n'obtinrent que des grognements mécontents. Mais les deux chenapans n'étaient pas du genre à se décourager, ils repartirent immédiatement à l'assaut avec un seul objectif en tête : faire sortir les deux adultes du lit le plus vite possible et ce par tous les moyens. La petite fille s'attaqua au bras de son père qu'elle agrippa à pleine main en tirant de toutes ses forces. Le petit garçon avait été plus malin et commença à poser ses mains glacées sur le visage de sa mère. L'effet fut immédiat lorsque la femme chercha à disparaitre sous les couvertures dans un grognement.

- « Chéri, il est quelle heure ? » maugréa-t-elle depuis le dessous de la couette

- « 5h30...comme l'année derrière... »

La femme s'enfouit plus profondément dans un grognement bestial de bête qu'on vient de sortir de son hibernation beaucoup trop tôt. La petite fille, quant à elle, commença de son côté à sérieusement perdre patience avec son père. Elle grimpa sur son dos et tapa de toutes ses forces dessus. Ses yeux océaniques pétillants contrastaient avec les cheveux noirs de jais qui cachaient ceux de son père.

- « Allez, debout ! Je ouvrir cadeaux ! » vociféra-t-elle en machant la moitié des mots

Elle s'approcha du visage de son père et chercha à lui ouvrir les yeux de force en poussant les cheveux.

- « Allez papa ! Allez papa ! Allez papa ! Allez papa ! »

- « Cervelle d'algue, tes gosses te réclame » fit remarquer la femme toujours depuis le dessous de la couette

- « Ce sont les tiens aussi je te signale » maugréa l'homme dans sa barbe de trois jours

- « Ah non, là ce sont plus les tiens que les miens, désolé ! »

- « Allez papa ! »

La petite fille obtient enfin une réaction lorsque son père ouvrit à grand peine des petits yeux dans un grognement de douleur. Deux secondes plus tard l'enfant était calée dans ses bras comme un sac à patate alors qu'il étirait son dos comprimé par la nuit. Mécontente la petite fille tapait contre son dos.

- « Allez Ethan, arrête d'embêter ta mère, viens là ! »

Le petit Ethan trouva place dans le deuxième bras cette fois volontairement alors que la petite fille devenait de plus en plus en rouge à force de s'énerver.

- « Tu me fais un café ? » réclama la femme toujours enfouit sous ses couvertures

- « Bien sûr princesse » répondit immédiatement l'homme en passant le pas de la porte « Mais il va falloir que tu sortes de ce lit si tu veux le boire »

- « J'arrive dans cinq minute »

- « Allez papa ! »

La petite fille finit par avoir l'homme à l'usure qui passa enfin le pas de la porte les deux chenapans toujours bien calés dans ses bras. Dans le couloir, il en trouva un troisième pas bien réveillé, les cheveux en pagaille, cachant un bâillement dans sa main. Le jeune adolescent semblait avoir subit le même sort que les parents.

- « Bonjour Cast ! » salua le père de famille « Ils t'ont réveillé ? »

- « Comme...chaque année... » bailla le dénommé Cast jusqu'à s'en décrocher la mâchoire

L'homme répondit quelque chose mais que le jeune adolescente n'entendit pas bien trop occupé à s'étirer comme un chat. Pendant ce temps, la petite fille avait échappé aux bras protecteurs de son père pour foncer au rez-de-chaussée. Ses pieds claquaient à une vitesse folle dans les escaliers mais elle était agile donc parvint jusqu'au bout sans tomber.

- « Le père Noël est passé ! »

L'homme rigola en échangeant un coup d'œil complice avec le jeune adolescent. Pourvu que la magie de Noël dure encore longtemps.


Camp de Jupiter – Maison des Grace

Il n'était que 6h12 du matin mais la grande maison des Grace était déjà bien agitée. Les lumières s'allumaient et s'éteignaient au rythme des passages et les quelques-uns qui n'étaient pas encore réveillés le furent très vite. Il y avait des cris aussi mais personne n'aurait su distinguer ceux porteur de joie et d'euphorie et ceux marquant un déracinement brusque d'un lit bien chaud par des enfants beaucoup trop énervés. Quoiqu'il en soit, à 6h30 tout le monde était bien debout, pas encore tout à fait réveillés pour certains, mais debout. On entendait le bruit des deux machines à cafés qui fonctionnaient à plein régime sans parvenir à aller assez vite pour empêcher certains de se rendormir immédiatement sur les fauteuils du salon. Mais c'était peine perdu parce qu'ils ne tardèrent pas à avoir des parasites accrochés à leur basque et criant dans leur oreille jusqu'à obtenir une réaction.

Les appareils photos ne tardèrent pas à fleurir immortalisant les sourires et les rires à coup de flash. Des photos qu'on retrouva encore plusieurs années plus tard dans l'un des albums photos de famille beaucoup trop surchargé. Il y avait des enfants avec des cadeaux plus grand eux et des grands enfants affublaient de bonnet de Noël se prenant au jeu. Les années paraissaient avoir filé chez les jeunes, à l'inverse remontées pour les plus vieux. Un drôle de mélange s'opérait dans une retombée en enfance générale à coup de « Ho ! Ho ! Ho » et de cris de victoire. Les cadeaux ne plaisaient pas toujours mais ont été heureux que quelqu'un ait pensé à nous.

Au fond ces emballages n'avaient pas vraiment d'importance, les plus vieux le savaient et les plus jeunes en prendront conscience plus tard. Noël était synonyme de famille et tous ce qui pouvait si rattacher. Si les plus jeunes étaient encore ignorants, les plus vieux connaissaient sa valeur et au combien dans ce genre de moment le poids des absents se faisait ressentir. Alors on soufflait une bougie voire une petite prière vers les étoiles, un sourire ornant les lèvres, vers tous ceux que le temps ou la vie avait pu emporter dans leur sillage.

Cette famille-là, n'était pas bien différente des autres. Certes leurs liens de parenté étaient bien tenus et ils étaient tous très spéciaux, mais comme toutes les familles avec un grand F, ils étaient unis par les liens invisibles les plus solides du monde. Une grande famille composé d'enfants pressés d'ouvrir leur cadeaux et d'adultes se demandant pourquoi au diable ils avaient eu la mauvaise idée d'avoir des enfants. 

OS Les enfants déchus !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant