Chapitre 6 : Lui

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Il avait une carrure imposante et devait avoir le même âge que moi. Je n'ai pas toute suite compris ce qui se passait mais je crois que, dans la surprise, mon pouvoir c'est activé, et le temps s'est arrêté. Je me retrouve alors, immobile, le scrutant en attendant que le cours du temps reprenne.

Il porte une capuche sur sa tête mais je peux voire quelques mèches rebelles d'un roux doré sortir de sa capuche. Il a la tête baissée de façon à ce que je ne voie pas ses yeux mais son teint est assez pâle, ce qui contraste avec ses cheveux et ses petites taches de rousseurs qui lui donnent un côté terriblement craquant. S'il n'était pas en train de m'agresser, j'aurais presque pu l'apprécier, ou du moins, physiquement. Il est habillé d'un pull à capuche tout noir avec un jogging noir et des baskets blanches... et noires.

Plus le temps passe... Ou plutôt que le temps tarde à revenir, plus je pense à ce que je vais lui dire lorsqu'il « reprendra vie ». Je me dis que je devrais lui demander pourquoi il fait ça, qu'est-ce qu'il me veux et mes yeux se posent enfin sur Carbone, que je vois, prête à bondir. J'ai juste le temps de reprendre mes esprits que le temps reviens et qu'il me plaque contre le mur. Surprise par sa force je le regarde et lui dit sans réfléchir :

- Mais qu'est-ce que tu me v-

Je m'arrête net dans mon élan lorsque mes yeux rencontrent les siens. Il a les yeux d'un bleu d'océan entourés de vert comme les algues dans la mère. J'ai envie de m'y perdre. Puis je lâche d'un souffle, comme si je me retenais de respirer :

- veux ?

Il me regarde un instant, il semble dérouté et se reprend. Il allait dire quelque chose mais, lorsqu'il vit que Carbone allait lui sauter dessus, il utilisa ses pouvoirs qui la calmèrent et la rendirent docile. Voyant que j'ouvrais grand les yeux et que la panique se lisait clairement sur mon visage, il m'expliqua d'un ton froid :

- T'énerve pas, je l'ai juste un peu assommée, elle reprendra ses esprits d'ici 5 minutes, je n'en ai pas pour longtemps.

Voyant que je ne répondrais rien, il reprit :

- Bref, je voulais te dire que je sais qui tu es et que tu n'aurais jamais dû venir ici car ça te fait encourir un trop gros danger. Les démons savent pertinemment qu'à tes 18 ans tu viendrais ici et-

- Non, je ne partirais pas, c'est le travail de cette école de me protéger. Je ne suis pas la première de ma lignée à venir ici et je ne serais sûrement pas la dernière. Il savent comment gérer ça. Maintenant lâche moi !

J'appuie particulièrement sur ces derniers mots en le regardant dans les yeux pour le déstabiliser. Mon stratagème a l'air de marcher, il baisse la tête en signe de défaite et enlève son emprise sur moi.

- Comme tu voudras, je t'aurais prévenue.

Puis il s'éloigne en trottinant vers le dortoir des garçons.

Lorsque je ne le vois plus, je soupir et me laisse glisser le long du mur. Ce n'est qu'une fois au sol, que je remarque que Carbone commence à reprendre ses esprits d'un air perdu. Je commence alors à la calmer et à lui expliquer ce qu'il venait de se passer. Pendant ce moment de complicité, je remarque que Hayla n'a toujours pas fait son apparition comme elle le fait, d'habitude, à chaque fois que quelque chose se passe. Je décide de ne pas m'en préoccuper et me relève quand mon téléphone se met à sonner. Lorsque je lis le numéro qui s'affiche je suis un peu surprise puis je me rappelle que nous avions échangés nos numéros entre nous et un sourire se plaque sur mon visage, heureuse d'avoir, enfin, des amies.

Depuis la maternelle, je n'ai jamais été très sociale. Les gens se moquaient souvent de moi car j'étais très réservée et maladroite. Hayla avait beau me défendre bec et ongles contre eux, ils finissaient toujours par me blesser moralement. En arrivant au collège, je crois que ce fût les pires années de ma vie. Tout le monde me fuyait comme une pestiférée. Dès que quelqu'un s'approchait un peu trop de moi, souvent par pitié, il repartait aussitôt sous les moqueries de ce qu'ils osaient appeler leurs « Amis ». Au lycée, ça s'était un peu arrangé au début car personne ne se connaissait, ça me permettais de repartir à zéro. Mais, évidemment, les personnes de mon ancien collège, m'ayant suivies, ont vites répandues des rumeurs sur moi comme quoi je n'étais pas une personne qu'il fallait fréquenter. Je me suis vite repliée sur moi même, comme prise au piège dans une cage, en espérant que, lorsque j'aurais mon bac, ils me laisseront tous tranquille. Heureusement, avec le décès de ma famille (ou plutôt la mise en scène de leur décès), les moqueries se sont espacées et les gens m'ont laissée tranquille jusqu'à mon bac. J'ai alors repris un peu de confiance en moi lorsque j'ai appris que j'allais dans une école, disons, différente car ça me permettais de réaliser, enfin, le nouveau départ que j'ai tant attendu.

La Marque du Démon [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant