Chapitre 1 : Don du ciel

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Des bruits résonnaient dans la vallée. En y prêtant plus attention, quelqu'un d'attentif s'apercevrait que ce sont des coups. Ils étaient portés par le jeune Victor Cependant, son adversaire ne les lui rendaient pas ; c'était un arbre. Victor s'entrainait de différentes façons, et celle qu'il utilisait maintenant était l'une de ses préférées.

Il cherchait à devenir plus fort, car il aurait besoin de savoir se débrouiller seul, quand il déciderait de quitter son petit village. Victor avait choisi un arbre, un grand chêne plus précisément. Depuis ses huit ans, c'était son arbre et tout le monde le savait, car il n'y eut pas un jour où il ne venait au pied de ces branches pour s'exercer. Parfois, il grimpait à son sommet. D'autres fois, il se suspendait aux branches le plus longtemps possible, et ce, dans toutes les positions imaginables. Il lui arrivait de rester perché comme un oiseau de proie et de surveiller tout mouvement qui pouvait attirer l'œil ; généralement, il était à l'affut d'un animal qu'il pourrait surprendre ou, mieux encore, un membre de son village. Quand cette situation se produisait, il le prenait en filature et lorsqu'il arrivait suffisamment près de sa cible sans se faire repérer, ce qui ne se faisait pas toujours, il lui sautait dessus en hurlant de toutes ces forces pour lui faire peur, il se faisait souvent gronder pour ça, et pour bien d'autres choses d'ailleurs, mais il l'oubliait très vite, car ça l'amusait.

Aujourd'hui, son entrainement consistait à frapper l'arbre avec ses poings. Ses attaques étaient suffisamment fortes pour qu'il puisse se défouler, mais aussi retenues pour éviter qu'il se blesse avec ses propres attaques. Il eut un jour l'envie de donner un coup de tibia de toutes ces forces dans l'arbre pour voir ce qui se produirait... et il constata très rapidement que c'était une mauvaise idée. Pour ne pas avoir à subir une fois de plus cette douloureuse expérience, il décida de prendre quelques torchons sales de chez lui composés de vieux vêtements usés et inutilisables. Il les attacha au tronc de l'arbre pour le rembourrer et assurer une protection lors de ces entrainements.

De la même manière que certains animaux sauvages marquaient leur territoire sur l'écorce des arbres, les différents entrainements de Victor avaient laissé leurs marques sur le chêne.

Une fois qu'il fut complètement vidé de son énergie, il s'assit tranquillement dans l'herbe, non loin de l'arbre, puis s'allongea en poussant un léger soupir de fatigue, de sorte à soulager ses muscles endoloris. Les yeux mi-clos, il regarda le ciel, laissa son esprit vagabonder au-dessus de lui en direction des nuages sympathiques. N'ayant pas perdu la notion du temps, il savait qu'il devait être rentré chez lui dans une heure environ, et qu'il lui fallait moitié moins de temps pour rentrer. Il se mettrait en route à la dernière minute pour arriver pile à l'heure... Mais, pour l'instant, il allait juste profiter du temps qu'il lui restait pour admirer la nature, et penser à son avenir ou, plus exactement, le rêver.

Après ce temps de repos, Victor se dirigea vers son village. Il n'avait pas de chef à proprement parler, contrairement à ceux des environs qu'il a eu l'occasion de visiter. En revanche, ses parents étaient considérés de façon tacite comme étant les meneurs, même s'ils ne souhaitaient pas vraiment être considérés ainsi. Mais ils étaient vus en tant que tel pour diverses raisons ; ils étaient au centre de toutes les affaires qui se passaient au village, avaient des cultures abondantes ainsi qu'un nombre important de têtes de bétail, et, lorsque des décisions devaient être prises, on se tournait naturellement vers eux.

Le village datait presque de la création du monde, c'est-à-dire à peine quelques générations avant la naissance des grands-parents de Victor. Quand il fut fondé, il fut baptisé par les premiers habitants "Install", car c'était l'endroit où ils s'étaient installés. Victor, dû à l'importance que ces parents avaient au sein d'Install, il s'était toujours considéré comme le fils du chef, même si maintenant il sait que ce n'était pas tout à fait vrai. Cette attitude, chose surprenante, ne déplaisait pas aux autres habitants du village ; le garçon avait bon caractère, cette manie lui passerait avec le temps.

Cœur sauvage : AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant