En regardant son fils revenir au village avec ses amis, Arnor sans le vouloir se remémorait son passé.
Il y a un peu plus de dix-sept ans, c'était un jeune Dunk qui avait quitté ses contrées natales de Pléios. Il arpentait les chemins depuis plus de deux ans déjà.
"Deux ans." pensait-il, "Ça fait déjà long. Je pensais trouver un endroit pour me poser bien plus tôt. Enfin, j'imagine que ça fait partie du voyage."
Si Arnor avait décidé de partir de chez lui, c'était en quête d'un avenir meilleur. À Pléios les conditions de vie de son peuple sont médiocres, la faute à un environnement peu propice à l'épanouissement. Du sable soulevé par un vent sec, un sol poussiéreux et de temps en temps de gros monticules de roches qui sortent du sol.
Sa maison ressemblait beaucoup à celles de ses voisins. En même temps, aucun des membres de son peuple ne s'était essayé à en faire d'autres : "ça marche très bien comme ça, pourquoi changer ?" disaient-ils. Une maison avec le minimum pour vivre, un peu sale, mais au moins elle était solide, ça on ne pouvait pas lui enlever.
Son père pratiquait le métier le plus commun là-bas : le travail à la mine, ou aux champs. De toute façon, les deux ne différaient pas beaucoup. On y creusait la roche pour y dénicher les matériaux précieux qu'elle renfermait, on creusait la roche pour construire les maisons, on creusait la roche pour cultiver la nourriture. En fait Arnor pensait que la seule chose pour laquelle la vie ait été faite, et tout ce qu'il ferait jamais, c'était creuser la roche.
Le Quartz sucré était une pierre friable et comestible, Arnor ne trouvait pas cela bon, mais il s'y est habitué, faute de choix et, car cela calait bien l'estomac. C'était toujours mieux que les vers de sables dont son peuple faisait l'élevage. En plus d'avoir le goût de sable comme le Quartz sucré, ces vers étaient repoussants et réussissaient l'exploit d'ajouter une saveur immonde au repas dû à leur odeur rappelant des chaussettes sales et le jus qui suinte de leur corps. La nourriture venue d'ailleurs était bien meilleure, mais déjà ternie par le goût du sable.
Les étrangers ne restaient jamais longtemps.
"A l'époque, je me demandais bien pourquoi ils ne restaient pas. Mais après avoir connu le monde extérieur, tu m'étonne qu'ils ne restaient pas, ils voulaient se barrer le plus vite possible. Il faut croire que j'ai bien fait de suivre leur exemple."
En effet, les habitants de Pléios qui partaient de la région ne revenaient pas.
"Je pensais que ma vie était normale, que je n'étais pas à plaindre, mais aucune personne en dehors de Pléios n'aurait échangé sa place pour la mienne."
Ceux qui restaient disaient que le monde extérieur était bien plus impitoyable qu'ici. Ils le pensaient sans doute plus par ignorance que par malveillance. Toujours est-il qu'ils avaient tort.
Le monde extérieur était simplement trop attrayant pour que ceux qui étaient partis soient tentés de revenir.
"Et je fais maintenant partie de ceux qui ne reviendront pas."
Il y a quelques jours seulement Arnor réussissait à quitter le haut plateau qui entoure la vallée verdoyante. Il se retrouvait maintenant en plein milieu de celle-ci, sans sable ni poussière qui vienne agresser ses yeux ou ses narines. Un ciel bleu au-dessus de la tête. Les articulations engourdies de son long voyage n'entachaient pas sa satisfaction de voir une terre si accueillante, la plus douce qu'il ait jamais vu. En marchant, devant lui, il apercevait ce qu'il croyait être un village.
Le voyageur fatigué et satisfait soupirait : "Je ne vais plus être obligé de parler tout seul maintenant on dirait. En y réfléchissant, c'est un peu bizarre, mais bon en même temps, Est-ce que j'avais le choix ? Quoi qu'il en soit, ça en valait la peine."
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Cœur sauvage : Aube
AventuraVictor, un jeune homme fougueux et plein d'entrain se trouve à la veille d'un changement qui va impacter le restant de sa vie. Il évolue dans un monde où la fantaisie règne en maitre de bien des façons. Il n'hésiteras pas à prendre la route avec s...