Chapitre 8 : Dérouillage

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Le même matin où la troupe d'Escott orchestrait son attaque sur le camp de brigands, Victor se dirigeait comme à sa récente habitude à la cabane de Bernard pour sa leçon journalière. Il ne se doutait pas des évènements se déroulant au même instant à des lieux de là, dont les seuls signes étaient deux détonations lointaines ressemblant à un écho porter par le vent.

Il admirait sa nouvelle épée qu'il portait à la taille, ayant hâte de la montrer à ses amis. Ceux-ci l'attendaient déjà sur le seuil de la porte de leur professeur. Les deux avaient le sourire aux lèvres en le voyant venir dans son nouvel attirail.

Pilou après une accolade qui se voulait virile avec son ami, mais que Tille trouvait hilarante, s'exprimait : "Alors c'était ça la surprise de ton père, sacrée surprise !"

"Comme tu dis. Pour l'instant, j'ai juste une épée d'entraînement, j'ai pas envie de blesser les gens ou de me blesser moi." répondait-il en la dégainant à moitié de son fourreau pour que les deux puissent admirer la qualité de la lame. "Il va falloir que je m'y fasse pour bien m'en servir au besoin."

"Alors du coup, t'a rien qui coupe, j'aurai trop aimé voir ce qu'on aurait pu essayer de trancher avec ça." se désenthousiasmait son ami, avant de se prendre un léger coup de coude dans les côtes de la part de Tille, lui faisant comprendre la maladresse de ses propos par une moue mécontente.

"Et qui a dit que j'avais rien de coupant." repartit le jeune homme, en sortant la petite dague du forgeron. Il commençait à essayer de la faire tournoyer dans tous les sens, très fier de sa nouvelle acquisition, manquant de peu de se blesser dans la manœuvre.

Tille réprimant un rire face à cette représentation ratée se mettait à signer : "Il faudrait peut-être que tu apprennes à t'en servir avant de faire n'importe quoi avec, et de perdre un doigt."

En se regardant dans les yeux un court instant, les deux autres répondaient de concert : "Ouais, c'est peut-être mieux." et à ces mots, ils échangeaient un rire commun, qui fut interrompu par l'ouverture de la porte de la cabane.

Le vieux Bernard sortait de l'encadrure de la porte, la mine fatiguée : "Les enfants, vous êtes dynamique et c'est bien à votre âge, mais essayé de faire un peu moins de bruit les prochains jours, bien que ça me coûte de l'admettre, je suis plus tout jeune, j'ai besoin de tranquillité de temps en temps."

"Pas de problème, alors c'est quoi le programme pour aujourd'hui ?" le questionnait Victor.

"Les quelques démonstrations de psy que je t'ai fait voir lors de ton entraînement et les cours que je dispense à l'école m'ont plus fatigué que d'habitude. Alors, pour changer, c'est vous que je vais fatiguer aujourd'hui. Je vous ai préparé ce que j'appelle un dérouillage. J'imagine que la journée d'hier vous a bien reposé, vu que vous êtes en très bonne forme ce matin."

"Comment ça nous, je pensais qu'il y avait juste Victor qui s'entrainait ?" se demandait Pilou, cherchant à savoir si l'entrainement en question le concernait lui aussi.

"J'ai entrainé Tille à ses débuts et maintenant que Victor et elle sont plus ou moins au même niveau, il est normal que je leur fasse poursuivre ce qu'ils ont commencé ensemble."

"Oh, bah, c'est bien, dans ce cas, je vais vous laisser entre Totémisés, je voudrais pas perturber le cours, alors amusez-vous bien." tentait de s'esquiver Pilou en prononçant ces paroles tout en se dirigeant vers le chemin qui retournait au village.

Malgré cette tentative, il s'était vu attraper par une main puissante et calleuse qui le serrait d'une poigne ferme au niveau de l'épaule et le ramenait doucement, mais surement vers la cabane. Sans surprise, c'était celle de Bernard.

Cœur sauvage : AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant