19. Le vif du sujet

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Oublie ce que tu as perdu et pense à ce qu'il te reste.

- Jinbe.


・.━━━ † ━━━.・


Ce matin, Katsuki se lève avec appréhension et des courbatures plein les bras. Perdu au milieu du confort que lui procurent les nombreux oreillers qui occupent son lit, il se sourit à lui-même, les yeux rivés sur le plafond de sa chambre. Il adore avoir mal partout après une séance d'entraînement à se déchaîner. Il se sent plus vivant, plus fort, plus efficace.

Il étire un peu ses muscles et sort de son lit tranquillement, sans aucun vêtement sur le dos. Le corps nu, il se place ensuite devant le miroir psyché qui a trouvé sa place dans un coin de la pièce voilà déjà plusieurs mois de ça et se force à se regarder. 

C'est un rituel matinal qu'il n'oublie jamais d'exécuter au moins une fois par semaine et qui a débuté lorsqu'Izuku est sorti du coma. Lui qui ne supportait plus de croiser aucun miroir, il en a ressenti un besoin urgent ce jour-là. Mais ça ne veut pas dire que ç'a été facile. La première fois, il n'a pas tenu plus de dix secondes avant de détourner le regard. Loin de se décourager, il a recommencé le jour suivant, et celui d'après, et tous les autres jusqu'à réussir cette épreuve, parce qu'il ne pourrait rien faire pour Izuku s'il ne réapprenait pas à se supporter lui-même avant.

Un pas après l'autre, ce chemin a été long et très douloureux à emprunter.


- C'est une douleur nécessaire pour avancer..., souffle-t-il devant son reflet.


Il commence par jeter un œil à ses pieds puis remonte le long de ses jambes. Ces derniers temps, avec ses mains hors d'usage, il n'a pu travailler que cette partie du corps. Ses mollets sont plus fermes qu'avant et l'épaisseur de ses cuisses s'est accentuée. Il l'a déjà remarqué hier à l'entraînement. C'est assez léger comme changement mais lors d'un combat, ça peut faire toute la différence. Ses déplacements sont moins lourds et ses impulsions plus puissantes. Il saute plus haut sans faire plus d'efforts.

Il continue son exploration sur son sexe à moitié dressé par le réveil. Il ne s'y attarde pas cependant, il n'en pense pas grand-chose. C'est un pénis tout ce qu'il y a de plus normal, bien qu'il en aurait une toute autre image s'il devait s'en servir un jour pour donner du plaisir à quelqu'un d'autre que lui-même. Il délaisse son intimité pour examiner sa ceinture d'Apollon presque effacée. Il n'a jamais réussi à la marquer davantage, comme Eijiro, ce qui a parfois tendance à l'agacer même si la plupart du temps il n'y fait pas tellement attention. 

Il dérive sur la succession des nombreux abdominaux incrustés dans son corps et se permet de ressentir un brin de fierté. Il a toujours été bien taillé. Il glisse ensuite sur ses mains récemment soignées. La chair n'est plus à vif. Bien qu'elle en sera à jamais marquée, la peau est suffisamment restaurée pour suer la nitroglycérine qui lui sert à produire ses explosions. Alors même si elles sont laides, légèrement violacées et qu'elles ont l'air de sortir d'une déchiqueteuse à papier, Katsuki en est plus que satisfait. Le principal, c'est qu'elles soient capables de protéger Izuku. Il se branle bien du reste et de l'image disgracieuse que ses mains renvoient par rapport au reste de son corps qu'il a réussi à garder jusque-là sans cicatrices. Il n'a jamais cherché la perfection physique. Elle lui a simplement été accordée avec le reste, comme pour le narguer d'être aussi beau qu'il ne se trouve laid à l'intérieur. C'est pénible de ne pas ressembler à l'idée qu'on se fait de soi-même, quand notre propre enveloppe charnelle, celle qui nous représente aux yeux de tous, est en total désaccord avec ce qu'on est en réalité.

DéliquescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant