32. Lord have mercy

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Trouve ce qui te plaît et laisse-le te tuer.

- Charles Bukowski.


・.━━━ † ━━━.・


Lamentable. C'est le seul mot qui vient à l'esprit de Katsuki depuis trois jours pour décrire la situation dans laquelle il s'est encore fourré.
La culpabilité le ronge de tous les côtés et il ne peut plus rien faire pour sauver les meubles. C'est un fiasco total. Shota est mort, Tomura est vivant, Izuku a rejoint la ligue des super-vilains et Katsuki s'est sagement laissé enfermer pour lui faire plaisir. Sur le moment, suivre Izuku lui apparaissait comme la décision la plus sensée, parce qu'il lui semblait vital de ne pas le perdre de vue. La vérité c'est qu'il a seulement paniqué comme un débutant et qu'il ne sait plus ce qu'il fait. Il n'aurait pas dû s'écouter. Il s'est laissé influencer par ses sentiments, il a fait de mauvais choix et maintenant il se retrouve enfermé dans une cellule sale pour ne pas dire complètement dégueulasse, humide et trop sombre pour discerner quoi que ce soit, à attendre comme un con que le temps passe. Il ne s'est jamais senti aussi inutile. S'il l'avait laissé partir, s'il ne s'était pas bêtement enfoncé dans son déni, il aurait su qu'il fallait rester. Rester auprès d'Hitoshi, son meilleur ami, pour le soutenir dans son deuil. Rester du bon côté de la barrière, pour contre attaquer avec des renforts et sortir Izuku d'ici. Mais ces dernières semaines ne sont qu'une suite d'échecs lamentables. Il n'aide personne. Au contraire, il se sent coupable de les plonger dans toujours plus de malheur. 


- Katchan ?


La voix qui s'élève à travers la petite porte en bois à moitié dégondée de la pièce résonne très clairement à ses oreilles. Même sourd, il pourrait aisément en reconnaître les vibrations.
Il frissonne malgré lui lorsque le vieux bois sec de la porte frotte lourdement le sol pour s'ouvrir, laissant tout juste l'espace suffisant à Izuku pour qu'il puisse entrer et s'approcher de sa cellule. Sa démarche est vive et solide, et avec lui s'est infiltré un léger rayon lumineux qui vient chatouiller le visage du héros, obligeant celui-ci à relever la tête et à plisser la paupière devant la silhouette élancée qui se découpe dans l'obscurité. Il porte sa main en visière sur son front et fixe Izuku de son seul œil valide. L'autre est mort. Kurogiri a gracieusement soigné la plaie pour que l'infection ne se propage pas et le garder en vie à la demande d'Izuku... mais il ne verra plus jamais le monde aussi bien qu'avant. 


- Je suis enfermé ici depuis trois jours et tu n'es pas venu une seule fois, alors qu'est-ce que tu veux ?, lance le héros avec agressivité.

- Je suis désolé que tu sois enfermé, Katchan.

- Vraiment ?


Ne pouvant approcher plus près que ne le permettent les barreaux de la cellule qui retient Katsuki prisonnier, Izuku s'arrête et s'accroupit afin de lui faire face. Il ricane avant de répondre :


- Je mentirais si je te disais que ça ne me fait pas plaisir de te voir coincé là-dedans... menottes anti-alter aux poignets, épuisé, à moitié dévisagé et sans défense. Tu n'as jamais été aussi beau que maintenant. Mais c'est la vérité, je suis désolé qu'on soit obligés d'en passer par là. 


Un frisson d'effroi remonte le dos de Katsuki. Il ne l'a pas remarqué d'emblée mais Izuku déborde désormais d'assurance et surtout, d'hostilité. Ce mélange ne lui dit rien qui vaille. 
Sa curiosité est piquée cependant. Il se redresse et prend le temps de le détailler avec un peu plus d'attention, mais plus il l'observe et plus il sent le malaise s'installer. Devant lui, l'homme qui soutient son regard avec témérité ne présente plus autant de similitudes avec celui qu'il a connu ni même avec celui qu'il a dû réapprendre à connaître. Accroupit et les cuisses à demi écartées, Izuku se tient en équilibre sur ses deux pieds, les avant-bras négligemment appuyés sur les genoux, comme si toutes ses années de handicap n'avaient jamais existé. Son fauteuil roulant est encore moins qu'un souvenir et le sourire qui lui déforme le visage suinte la malfaisance, tout comme l'agitation lugubre qui danse au fond de ses yeux, bien visible malgré l'obscurité de la pièce.
Les traits de Katsuki se chargent lentement d'une sévère inquiétude. 

DéliquescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant