Chapitre 3

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Le silence.

Voilà ce que l'on entend maintenant. Seul le bruit du moteur berce notre chemin.

Pendant cet échange de tirs, Emile a à peine eu le temps de se remettre correctement à l'intérieur de la voiture et son arcade sourcilière a été tapée par un éclat dû à l'impact. Cependant, juste avant de taper cette portière, il a réussi à tirer dans le pneu du 4x4, les faisant sortir de leur trajectoire.

Nous sommes désormais hors de danger et c'est Théo qui prend le volant pour la suite du trajet. Mes émotions redescendent peu à peu et je passe à l'arrière avec Emile pour soigner sa blessure. Léandre passe à l'avant aux côtés de Théo tandis que je sors le nécessaire pour soigner le blond.

-Il va falloir être plus prudent maintenant. Et Théo on évite les pauses avant d'arriver là-bas. J'ai pas envie que quelqu'un se prenne une balle.

La voix de Léandre lui fait hocher la tête en silence, le regard fixé sur la route. Cette frayeur nous fait nous rendre compte que dehors, c'est dangereux. Les survivants commencent à sortir et la violence va devenir maitresse désormais.

Après environ une demi-heure de route, nous approchons la ville d'Amiens. Cette ville, qui me semblait attirante avant, n'est plus aussi embellie à ce moment précis. De grands nuages de fumée s'élève dans le ciel, comme si on l'avait bombardée, ou qu'on était en train de bruler chaque édifice.

-Oh la vache c'est du délire

La voix de Théo nous ramène sur terre alors que nous sommes tous bouche bée face au spectacle que nous observons.

-Dès qu'on trouve une station essence on essaye de la siphonner, sinon on n'ira pas bien loin.

Le copilote de Théo nous informe sur le niveau critique du réservoir et nous laissons donc faire les garçons pour siphonner un réservoir une fois à la station. Nous profitons de cette pause pour manger et boire un peu.

-Bon il va falloir se mettre d'accord sur le lieu où on va là. On continue vers le chalet et si ça va pas on chercher une autre ville.

Emile est probablement l'esprit le plus serein de nous tous. Nous reprenons la route et aucun de nous ne parle. Théo est concentré sur la route, Emile prend son rôle de copilote très au sérieux, Cassandre dort sur l'épaule de Léandre qui chantonne les paroles de la chanson qui passe à la radio et Zoé observe le paysage toujours en silence. Pour ma part, je me repasse en boucle ce qui a ou se passer depuis le début de la catastrophe.

Je n'aurais jamais pensé vivre une chose pareille. Ma vie d'avant me manque.

Je ne souhaite pas fuir toute ma vie. J'ai envie de trouver un endroit où nous reconstruire. Je n'ai pas envie de survivre continuellement face au monde hostile qui s'offre à nous. Le monde va si mal. J'ai espoir que là où nous allons, la vie soit moins brute. Et pourtant, plus nous roulons et plus les horreurs s'offrent à nous.

Partout à l'horizon, des panaches de fumée s'élèvent dans le ciel. Par endroit, des voitures saccagées s'accordent une place dans ce paysage morbide. Je ne reconnais plus le monde dans lequel j'ai grandi. Parfois, quand nous passons près d'habitations, des drapeaux ou des affiches de propagandes nous font face. Des clans commencent à se créer et je ne doute pas que des émeutes vont éclater, parfois très violentes. Ce qui ressemble pour moi à des toxicomanes font des pancartes afin de recruter de nouveaux membres ou pour convenir une monnaie d'échange contre un peu de drogue.

La France telle qu'on l'a connu n'existe plus.

Peut-être que la situation diffère dans les autres pays, mais comment le savoir ? Et derrière ce chaos incessant, l'inconnu nettoie sur son passage le désastre causé par notre espèce.

Vivre ou SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant