Chapitre 1 - Prise d'otage

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JUIN

En écoute : Eminem - Without Me

Alvize

C'était à peine un centimètre, mais il avait su le repérer dans le viseur : le blanc des vêtements dépassait de l'arbre et trahissait la présence de la cible tentant de se cacher. Sans un bruit, il s'allongea par terre pour prendre ses appuis. Le sol encore humide de la forêt refroidissait son ventre, et il sentit un frisson le parcourir. Il secoua légèrement la tête puis replaça son œil droit dans le viseur, le doigt sur la gâchette. Les pulsations de son cœur soulevèrent légèrement la crosse de son fusil, et il prit une profonde inspiration. Dans ce genre de moment, les mots de sa mère lui revenaient toujours en mémoire : « calme ton cœur avant de tirer, ou c'est ton cœur qui sera visé ».

Mission accomplie : en quelques inspirations lentes, il redevint la statue qu'il avait appris à être à chaque traque. Il suffisait maintenant d'attendre ...

Et déjà, il lui sembla que le centimètre en devenait deux, puis trois, puis cinq ... Une explosion retentit, et la balle se logea parfaitement où il la destinait. Avec une exclamation sourde, la cible s'étala, inerte.

Il avait gagné. Cela avait été une longue course-poursuite, et il avait échappé lui-même à plusieurs assauts, mais il n'avait pas raté sa cible. A vrai dire, il n'avait plus raté une cible depuis ses quatorze ans.

- Alviiiiiize mon héros ! lui hurla à l'oreille un jeune homme qui surgit à sa droite. Je ne sais pas combien tu viens de nous faire gagner mais qu'est-ce que je t'aime !! L'œil du lion !

Alvize se releva en souriant et épousseta ses vêtements. Sans un mot, il fit à son cousin un signe de tête vers la victime jonchée au sol. Narciso s'exclama alors :

- Ô Roméo, Roméo ! Relève-toi et viens déguster ta défaite pour la quatrième année consécutive !

La silhouette blanche se releva pour laisser apparaître un jeune homme blond encagoulé dans des vêtements de protection.

- La prochaine fois, si la balle perfore un de mes organes je change d'équipe ! J'en ai ras le bol de perdre ! grommela Roméo en se massant les côtes à l'endroit où la peinture avait éclaté.

Les trois jeunes hommes rangèrent leurs fusils de paintball dans la cabane à la lisière de la forêt et se dirigèrent vers le manoir familial, en compagnie de leurs cousins retrouvés à mesure qu'ils quittaient le bois.

Ils rejoignirent la cuisine, où leurs parents s'affairaient à préparer le dîner. Amadeo regarda son fils entrer, qui continuait de se massait les côtes en grimaçant.

- Ai-je besoin de demander quelle équipe a gagné ?

- C'est nous ! s'exclama Narciso avec un grand sourire. L'œil du lion a encore sévi !, dit-il en donnant un coup de poing amical dans l'épaule d'Alvize.

Plus calme, la sœur d'Alvize, alla à l'essentiel :

- Du coup on peut savoir ce qu'on a gagné ?

Sa mère leva la tête en souriant, un plat de lasagnes entre les mains, et lança simplement « le droit de rester célibataire ! », avant de leur tourner le dos pour enfourner le plat.

L'onde de choc se propagea rapidement parmi les cousins qui se regardèrent, interloqués, comprenant qu'aucun d'eux n'avait la moindre idée de ce qui était en train de se passer.

C'est Giosuè, un cousin d'Alvize, qui s'adressa à leurs parents.

- L'un de vous a l'intention de nous en dire plus ou bien on va tous rester là comme des cons ?

L'Empire d'Erèbe [Mafia Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant