10. Tout feu tout flamme

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C'était donc cela la mort ? Je veux dire, être réellement mort ? Ce n'était franchement pas très intéressant. Il n'y avait alors pas d'entités supérieures, d'esprits ou d'ancêtres, ni...rien ? C'était juste une obscurité profonde, une sorte de nul part. Un gouffre béant et d'ennui. Juste des pensées pensées dans le vide. Mais, d'ailleurs, pourquoi pouvais-je penser ?

- Je suis pas mort alors ! criai-je en me redressant brusquement.

Je pris une grande respiration, comme si j'avais été retenu sous l'eau. Tout me revins en même temps. La course, Diane me traitant de mauvaise épouse, et le saut.

Je me levai et titubai. J'étais étrangement posé sur la rive, à quelques centimètre du courant. Je regardai la zone où l'eau de la cascade se rencontrait avec l'eau du courant. Nous avions eu de la chance, il y avait des rochers autour.

D'ailleurs, je dis « nous », mais où était Diane ?

Je me retournai à droite et à gauche. Pas de tête familière. Combien de temps étais-je resté allongé sur la rive, je touchai mes habits et ils n'étaient plus qu'humides.

- Diane !! criai-je !

- J'suis là débile !

Je me retournai mollement, et voulu m'exclamer mais toussai à la place. Ce n'est que maintenant que je me rendis compte que j'avais mal partout, des courbatures, un mal de dos, de tête aussi.

J'allai rejoindre Diane, en rampant avec classe, qui restait allongée, face au sol. Je m'assis à côté d'elle et décontractai mes épaules. Je n'avais pas remarqué à quel point j'étais tendu et crispé. Je la regardai, elle semblait aussi fatiguée que moi. Elle était allongée à la verticale, la joue écrasée le sol et ses pieds traînant encore dans le courant.

- Faudra que tu te lèves... dis-je en dégageant ses cheveux pour que je puisse voir son visage.

- Mhm. Grogna-t-elle.

Je soupirai et me levai, la tirant hors de l'eau. Je n'allai pas forcer plus que cela. C'était sûrement elle qui avait nagé, me conduisant jusqu'à la berge.

Au bout d'un moment, Diane se redressa sur ses avants-bras et inspecta autour d'elle. La forêt continuait à notre gauche, et au dessus d'un dénivelé se trouvait un petit massif rocheux. Elle plissa les yeux et je fis de même, il semblait même qu'il y avait un début de grotte. Elle me regarda et je soupirai. Il fallait encore marcher jusqu'à là-bas... Mes jambes étaient mortes et lourdes, j'avais envie de pleurer et de me laisser absorber par la sol. A la place, je lui tendis ma main et elle l'attrapa.

Nous commençâmes à marcher bras dessus, bras dessous sur le chemin. Il était compliqué d'avancer lorsque toute énergie était drainée, mais surtout lorsque le sol s'effritait si facilement sous nos pieds. Le plus étonnant était l'herbe jaune grillée, presque brûlée, alors que la saison des canicules n'avaient pas encore commencé.

Diane trébucha, et alors que je me retournai pour l'aider à se relever, mes genoux cédèrent à leur tour. Nous sentîmes sous nos pieds un drôle de tremblement, presque comme un gargouillis terrestre, ou un éboulement. Cependant, ça ne pouvait être un séisme car la zone n'était point sismique (merci les cours de géographie). Diane me pointa du doigt le sol, toujours haletante de notre début de montée. Les pierres semblaient parcourues de soubresauts, et rebondissaient dans un bruit dynamique. Je vis soudainement au sol une ombre gagner du terrain. Je levai ma tête, fus aveuglé par le soleil, avant qu'une énorme masse verte volante ne la recouvre et avant que je puisse crier « dragon !», la queue de l'animal emporta Diane et moi, à nouveau près de la rivière, dans une chute nous faisant manger la poussière.

L'Odyssée d'OsiphaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant