CHAPITRE 3 : Accident

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Enzo fit signe à Katerina de le suivre jusqu'à son propre bureau à l'étage supérieur qui avait plus ou moins le même agencement que celui de son mentor, mis à part un canapé blanc douillet dans le coin. Seuls quelques livres ornaient les étagères à moitié vides. Elles n'étaient pas encombrées par des piles de dossiers comme c'était le cas dans le bureau du docteur López. Il désigna la chaise face au bureau à Katerina dans un geste théâtrale ce qui lui arracha un sourire amusé.

Enzo s'appuya de nouveau sur la tranche du meuble en bois qui occupait le centre de la pièce et enclencha à côté de lui l'enregistreur audio. Katerina se redressa sur sa chaise. Elle ne savait pas très bien à quoi s'attendre. Elle n'avait jamais eu à faire à d'autre psychiatre que le docteur López et se sentait anormalement tendue.

-Tout d'abord, je voudrais que tu saches que mon travail ici n'est pas de juger, en aucun cas. Je suis avant tout là pour comprendre, ou plutôt te comprendre devrais-je dire, afin de t'aider au mieux dans la mesure du possible. Je ne te le cache pas, ton dossier m'a beaucoup intrigué, avoua Enzo avec un sourire. J'aimerais de ce fait pouvoir entendre ta version des faits.

-De quels faits parlez-vous au juste ? demanda-t-elle d'un air méfiant.

-Tous à vrai dire... Commençons par le début si tu le veux bien.

-Le début ?

-Comment es-tu arrivée ici ? Pourquoi as-tu tenté d'assassiner...

-Je ne veux pas parler de Mathias, l'interrompit Katerina d'un ton catégorique et formel.

-D'accord. Parles-moi de toi dans ce cas.

-Et que voulez-vous savoir ? répliqua-t-elle en haussant unsourcil.

-Ce que tu voudras bien me confier, l'encouragea-t-il d'un air avenant.

Katerina ne sut pas quoi dire. Elle détestait ce genre de questions vagues. Elle était du genre plus directe et préférait toujours aller droit au but. Que cherchait-il à savoir exactement ? Elle haussa les épaules et garda le silence.

-On va commencer par des questions faciles. Où as-tu grandit ? Comment s'est passé ton enfance ? Est-ce que tu entretiens de bonnes relations avec tes parents ? insista le docteur.

-J'ai grandit à Quesada, un petit village de Jaén. Mon enfance s'est bien passée et oui, ma relation avec mes parents était plutôt bonne.

-Était ? questionna-t-il en fronçant les sourcils.

-Je ne les ai plus revus depuis mon entrée ici.

-C'est un début. Bref et concis certes, mais c'est déjà ça, dit Enzo avec un sourire amusé sans se démonter. Une note dans ton dossier m'a laissé perplexe... ajouta-t-il après une légère pause.

-Ah oui ?

-Celle du 28 février dernier. Est-ce que tu te rappelles de quelque chose ?

Katerina savait très bien à quoi il faisait référence.

-Si je me rappelle ? Vous rigolez j'espère ?

-Comme je te l'ai dit, je ne suis pas là pour te juger. Je ne sais que ce que le docteur López a noté brièvement ce soir-là. Tu peux me parler librement, dit Enzo en éteignant l'enregistrement audio afin de prouver ses dires. Rien ne sortira d'ici, je peux t'en faire la promesse, renchérit-il d'un air sérieux en plongeant son regard émeraude dans le sien.

Katerina se sentit troublée. Le médecin lui faisait de l'effet, c'était certain mais elle ne savait pas encore si elle pouvait lui faire confiance. Toutefois, quelque chose dans ses yeux l'incitait à penser qu'effectivement il ne la jugerait pas. Elle hésita un long moment tandis que le médecin attendait patiemment, penché vers elle, signe d'un réel intérêt pour ce qu'elle avait à dire. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu l'impression que quelqu'un voulait vraiment l'écouter.

Psychose: La liberté a un prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant