Chapitre 8 - Délia

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À vos ordres, adjudant-chef Milliers ?

J'ai définitivement perdu la tête.

Premièrement, depuis quand suis-je aux ordres de quelqu'un ? S'il y a bien une chose que je déteste, c'est qu'on me dise quoi faire. C'est bien pour cette raison que je suis ma propre patronne et non pas employée chez je ne sais quel photographe.

Deuxièmement, pourquoi ai-je fait un truc pareil ? Me pointer à la caserne était une idée débile. J'aurais dû faire demi-tour dès que Caleb s'est manifesté avec son sourire insupportable et satisfait. Au lieu de ça, je me suis enfoncée, et j'ai rendez-vous avec lui d'ici une petite heure... Je crois que je vais annuler. Je ne peux pas faire ça.

En dehors de ce pompier horripilant, je ne suis pas certaine d'être assez forte pour accepter ça. J'avais en tête que ce stage me permettrait de savoir réagir face au feu, de peut-être minimiser les terreurs nocturnes... Sans songer au fait que m'y confronter pourrait parfaitement m'enfoncer un peu plus dans mon mal-être. Et j'ai beau garder le visage hors de l'eau, je ne suis pas sûre de pouvoir faire face à plus.

Non, définitivement, je ne peux pas y aller.

Je m'enveloppe dans mon plaid tout doux, en boule dans mon canapé, et Simone me rejoint pour venir patouiller et tirer les fils de la couverture. Voilà, c'est ça ma vraie thérapie.

J'allume ma télévision pour lancer la dernière saison de Dynastie, avec l'idée précise de me concentrer sur Fallon Carrington plutôt que sur ma vie pourrie. Très vite, je m'endors devant mon écran, les ronronnements de Simone en tant que berceuse.

Je continue d'écouter d'une oreille Netflix, jusqu'à ce que des coups résonnent. J'imagine facilement Liam courir après Fallon une énième fois parce qu'elle a encore décidé de n'en faire qu'à sa tête, mais lorsque les chocs se font plus forts et énervés, j'écarquille les yeux, consciente que ça ne vient pas de ma série.

Je coupe celle-ci puis me lève en délogeant Simone au passage, et j'attrape un couteau dans ma cuisine, le cœur battant à tout rompre. Et si le pyromane m'avait trouvé ? Et si Caleb avait raison et qu'il souhaite maintenant s'en prendre à moi ? J'aurais dû rejoindre cet abruti de pompier que d'en faire qu'à mes idées merdiques, bon sang !

— Vous devriez partir, je suis armée et la police est en route !

— Ouvrez cette foutue porte, Miss Furax !

Tous mes mouvements se figent, puis je hausse les sourcils en comprenant qui se trouve dans le couloir. Il se moque de moi, je ne vois pas d'autre explication.

— Comme je l'ai dit, je suis armée !

— Ne m'obligez pas à la défoncer, vous savez que je suis formé à ça.

Je grommelle. Donc non seulement il se permet de se pointer chez moi, mais en plus il veut vandaliser mon appartement. Et s'il en vient à le faire, je ne suis pas sûre que les assurances prennent en charge la réparation, cette fois.

Alors je m'approche de la porte pour la déverrouiller, déjà agacée en l'imaginant sourire de façon victorieuse juste derrière.

— Ce n'est pas trop tôt.

Je n'ai pas le temps de l'observer qu'il me dépasse pour rentrer chez moi, et Simone se carapate en le voyant. Tiens, elle a bon goût.

— Je peux savoir ce que vous foutez chez moi ?

J'opte pour la formulation brusque. Nous ne sommes plus à ça près.

— Ce que je voudrais trouver, c'est la raison pour laquelle vous n'êtes pas à la caserne.

Lutter - ON FIRE TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant