CRUEL SUMMER

•CHAPITRE 5

                   The neighbourhood-
Sweater Weather

Liam (3 ans plus tôt)

- Liam, tu peux apporter à maman son médicament, s'il te plaît ? me demande mon père .

Silencieux, j'acquiesce et je me dirige vers la petite salle de bain dans laquelle se trouvent les précieux médicaments de ma mère . J'extrait soigneusement un comprimé de la boîte avant de replacer celle ci ou je l'ai trouvée .

Une boule d'angoisse se forme dans mon ventre, comme chaque fois que je vais apporter ses médicaments à ma mère .
Je sais qu'elle est malade, évidement mais ce que j'ai plus de mal à concevoir, c'est que si elle ne bat pas ce putain de cancer, elle ne sera plus là .

Cela peut paraître inhumain de ne pas m'inquiéter plus que ça mais je pense agir de la bonne manière . Je suis inquiet et je prie chaque soir pour son rétablissement mais en revanche, je ne vais pas pleurer auprès de mes amis ou de ma petite amie à son propos . Je préfère être seul face à mon désespoir plutôt que d'y noyer mes proches avec moi .

J'ai confiance en la femme qui m'a porté neuf mois dans son ventre : Miranda Taylor est une battante, une femme forte, fière et optimiste : Malgré sa santé qui se dégrade petit à petit, elle continue d'agir comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes .

Je sais qu'elle fait cela pour préserver mon bien être mais je l'aime bien trop pour lui avouer que ça ne fait qu'accroître mon mal-être . Je l'aime bien trop fort pour lui avouer que tout ces « bons moments en famille » ne sont rien d'autre pour moi que prise de conscience d'à quel point notre bonheur est éphémère.

- Mon chéri,tu me l'a apporté ! Merci beaucoup, me remercie ma mère affalée dans son lit avec un livre ouvert sur la poitrine .

J'ai récemment remarqué que ma mère n'utilisait jamais les mots « médicament, cancer, maladie », ce qui est très peu surprenant au vu de sa conviction à continuer de mener une vie ordinaire malgré l'épreuve qu'elle traverse .

- De rien maman, c'est normal tu es malade, je répond en toute sincérité .

Merde, j'ai peut être prononcé le mot de trop .

Elle tente de me sourire pour masquer la faiblesse dans son regard mais elle s'interrompt lorsqu'elle constate que son sourire n'est pas crédible une seule seconde .

Je simule une soudaine toux pour camoufler le malaise qui s'est brusquement installé entre nous : c'est la première fois qu'elle capte les  signaux implicites que je lui envoie pour lui demande d'arrêter de prétendre que tout va bien .
D'une part, je regrette d'avoir été si insolent en mentionnant sa maladie devant elle mais d'autre part, je ne pensais pas mal faire en agissant ainsi .
Sauf que maintenant, je me trouve face à ma mère au bord de larmes à cause de ma franchise égoïste .

Je la voie ravaler sa tristesse pour plaquer un sourire légèrement plus crédible que le précédent sur ses lèvres fines .

- Il ne fait pas encore nuit, et si tu sortais avec tes amis ? me propose t-elle comme si de rien n'était .

Et voilà Miranda Taylor en personne une fois de plus : changer vite de sujet lorsque que celui ci menace de devenir sensible .
Mais comme on dit, telle mère tel fils .
Et le fils n'a actuellement qu'une envie : fuir sa culpabilité .