des enfants qui se déguisent

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Liberty était rentrée, enfin. Je n'en pouvais plus. Je n'osais pas descendre après mon échange avec lui. Je lui laissai donc le temps de saluer son frère et m'allongeai sur le lit en attendant qu'elle vienne me voir. J'entendis ses pas dans les escaliers, je fermai les yeux, tentant de les mémoriser. Le rythme, la pression contre le sol, j'arrivais même à deviner qu'elle montait les marches deux par deux.

-          Toc, toc, fit elle en passant la tête dans l'entrebâillement de la porte. C'est quoi cette histoire disparition, t'es magicienne ?

Je mis un certain temps à comprendre de quoi elle parlait, lorsque je réalisai que son frère lui avait parlé de ma petite sorti sur le toit, je commençai à me tordre les mains, anxieuse.

-          Il a... tiré une balle... dans le plafond et...

-          Il a quoi ?! Nan mais tu rigoles, j'espère ? Avril! s'exclama-t-elle, révoltée.

-          Oui, en tous cas, j'ai ouvert le fenêtre et... j'ai grimpé sur le... toit ?

J'étais gênée de lui avoir dévoilé cette partie de moi, ce coté animal, cet instinct de survie. Elle écarquilla les yeux, visiblement étonnée.

-          Impossible! Tu te serais tuée, April sérieux t'étais passée ou ?

Je me senti bouillir, je détestais qu'on me traite de menteuse, j'avais une sainte horreur de ça. J'appréciais énormément Liberty et je ne voulais pas qu'elle doute de moi, jamais. C'est, je pense, ce qui me poussa à marcher à grandes enjambées vers ma fenêtre, à l'ouvrir et à faire exactement la même chose que cet après-midi. J'entendis, au loin, les cris de Liberty et, lorsque je redescendis dans la chambre, elle me serra dans ses bras. Je me figeai, de la pointe des cheveux au bout des orteils. Je ne savais pas depuis combien de temps un touché inconnu ne m'avais pas semblé désagréable. Liberty le remarqua et s'écarta.

-          Idiot ! Tu m'as fait super peur !

-          Tu me crois maintenant, demandais-je légèrement essoufflée par l'effort physique.

-          OUI ! Mais ne te sens plus jamais obligée de te mettre en danger pour me convaincre de quoi que ce soit. Par pitié, penses à mon cœur.

Je ris et elle s'esclaffa à son tour.

-          J'ai ramené tes vêtements !

J'avais totalement oublié qu'elle était partie me construire une garde-robe. J'étais étrangement excitée, c'était une sensation toute nouvelle, ou du moins que je n'avais pas ressenti depuis longtemps.

Liberty s'avança gaiement vers les grands sacs posés sur mon lit.

-          Tous ça pour moi, demandais-je ahurie

-          Tu vas adorer, j'ai trouvé des merveilles.

Elle avait vraiment trouvé des merveilles. Des boots aux cuissardes. Des collants en résille aux transparents. Des T-shirt over size aux pulls de mailles qui faisaient office de robe. Le tout presque entièrement en noir. J'avais l'impression d'etre une enfant qui avait fait une betise, le culpabilisais presque d'être aussi heureuse.

« Ne t'arrêtes pas à ton physique, tu dois dépasser l'apparence, écartes toi de ces futilités »

Sa voix aurait presque pu faire retomber ma joie, mais Liberty m'obligea à tout essayer et je me sentis plus belle que jamais. Grace à elle. Je n'avais jamais été aussi reconnaissante envers qui que ce soit. Elle avait fait quelque chose pour moi, sans attendre aucune contrepartie en retour.

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