Monstre(s)

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- T'as cru que t'étais en vacances ou quoi ? Déjà que ta présence m'insupporte, mais si je dois en plus me taper une ado en crise je vais disjoncter. Et devines sur qui ma colère adore se défouler ? Sors de là et descends. Vite.

Je l'écoutais me reprocher ma présence sur terre une nouvelle fois, allongée au fond de mon lit, fixant les nuages qui se déplaçaient lentement au-dessus de ma tête.

J'avais prétexté une migraine auprès de Liberty pour pouvoir rester seule un moment. C'était idiot, pendant des années j'ai souhaité être libre, pouvoir rencontrer des gens sans être surveillée. Pourtant, aujourd'hui, alors que j'avais enfin cette chance, je ressentais le besoin de m'isoler. Aucune nouvelle réunion n'était prévue, je savais seulement que la petite sœur de l'Ouragan fêtait ses six ans et que ce dernier ne voulait en aucun cas que je sois présente. Il parait que les vautours de sa famille ne seront pas présents et que seul les frère et sœur, les adultes comme les plus jeunes, seront présents. L'anniversaire avait lieu demain, de ce que je me souvenais. J'étais assez contente de ne pas m'y rendre, je pourrai dormir et me vautrer devant la télévision comme je le faisais depuis quelques jours.

En attendant d'avoir la paix, je devais me lever. Alors, je repoussai les draps et sortis de mon lit. Je dus user de toute mon énergie pour prendre la peine de m'habiller. Je ne voulais pas faire d'effort pour lui, c'est pour ça que je me contentai d'enfiler un sweat par-dessus un legging. Le plus important étant de cacher ma peau meurtrie. Je descendis les marches d'un pas non chaland, espérant secrètement trouver Caleb en bas des marches. Je l'avais vu plusieurs fois ces derniers temps. Liberty n'avait pas menti lorsqu'elle m'avait avoué qu'on rentrait dans cette maison comme dans un moulin. Malheureusement pour moi, ça n'était pas le cas aujourd'hui.

- Pas trop tôt, j'ai faillis rappeler ta belle-mère pour qu'elle te récupère.


Il savait qu'il touchait une corde sensible, il l'avait découvert et n'hésitait jamais à s'en servir. Je me sentais un peu plus lourde, un peu plus laide, un peu plus difforme à chaque fois que je croisais son regard accusateur. Avec lui, tout était de ma faute. Ses yeux azur, ils croisèrent les miens pendant qu'il ordonnait :

- Café.

J'obéis, parce que j'étais épuisée. Me battre avec les monstres cachés dans ma tête occupait tout mon temps, je n'avais plus assez de force pour m'occuper de ceux de l'extérieur. Je posai la tasse devant lui et m'assis sur une des chaises hautes autour de l'ilot, attendant patiemment qu'il m'embête.

- Je vais partir, annonça-t-il, pour plusieurs jours, environ cinq. Tu n'as qu'une seule consigne : tu ne sors pas de cette de baraque, sous aucun prétexte.

- Et s'il y a le feu ? Demandai-je, l'air de rien.

Un sourire mauvais s'étira sur ses lèvres lorsqu'il répondit :

- Alors la sorcière brulera.

Je hochai la tête lentement. Je ne voulais pas lui donner de l'importance, d'ici quelques semaines je n'aurai plus à la supporter, plus jamais. Peut-être que j'exagérai. Mais quand, pendant si longtemps, on est obligé de se retenir de ressentir quoi que ce soit, lorsque plus rien ne se plaçait entre nous et notre cœur, tout explosait. Je réalisai que plus les jours passaient et plus je me sentais loin de mon ancienne vie.

« - Bordel, tu n'as pas le choix ! Fais-le pour eux, ou pour ta vengeance si tu es à ce point égoïste.

Je voulais sortir, juste me rendre à la bibliothèque avec cette fille de ma classe. Je savais que je ne demandais pas grand-chose, je savais aussi que c'était déjà trop.

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