Alliance

L'art de la guerre

Je saisis mon sac dans lequel j'avais rangé le dossier comportant tout ce que j'avais pu observer ces derniers jours. De la complicité des frères et sœurs au mystère qui règne dans les iris de l'Ouragan.

C'était la première fois que je revoyais Alma depuis que je m'étais installée ici, elle attendait de moi un compte rendu complet et détaillé pour que nous puissions, ensemble, échafauder le plan de notre revanche. Je n'était certainement pas aussi informée ou intelligente qu'elle, son aide allait donc m'être cruciale. De plus, elle me manquait, c'était elle ma famille, j'avais hâte de la revoir.

Je descendais les escaliers d'un pas pressé, j'avais rendez-vous à quatorze heures et il était un peu plus de midi. Il me fallait environ une demie heure pour me rendre à la toile, elle était censée m'attendre là-bas, elle y possédais un bureau qu'elle occupait à temps partiel. Je devais donc être partie d'ici un peu plus d'une heure, histoire d'être suffisamment en avance sans pour autant avoir l'air de trainé à la toile sans Cameron. Avec ma chance je risquais encore de croiser Juan où un de ses sbires.

J'entendis du bruit provenant de la cuisine, j'avais du temps à tuer alors autant je ter un coup d'œil. Plus je m'approchais et plus je pouvais aisément distinguer une voix qui fredonnait. Je me figea sur place lorsque j'aperçus depuis l'entrebâillement de la porte le dos nu de l'Ouragan. Ecouteurs aux oreilles, cheveux en batailles et jean foncé.

ça m'aurait été tellement plus simple s'il était moche !

Il ne se rendit pas compte de ma présence, trop occupé à couper une pomme en quartier.

Je fais quoi moi ? Je passe mon chemin ? Je reste en attendant qu'il se retourne et me choppe en train de l'épier ?

Finalement, je laissai mon sac s'échouer sur le sol et entra innocemment dans la cuisine comme si je n'avais pas vu l'Ouragan. Je me servis un verre d'eau en faisant mine de l'ignorer, jusqu'à ce qu'il relève la tête et que son regard croise le mien. Un adorable sourire au coin se dessina sur son visage avant qu'il ne retourne à sa tâche.

Je jure ne pas savoir ce qui m'a pris lorsque je fis un pas vers lui, puis un deuxième et que je me retrouva finalement juste à côté de lui à épier ses gestes. Je ne sais pas non plus ce qui ma traversé l'esprit lorsque je lui ai volé un de ses écouteurs pour le visser à mon oreille. Encore moins lorsque je ne fis rien pour l'empêcher de me faire passer entre des deux bras le dos collé à son torse.

Je sentais mes joues s'empourprer mais je fis mine que tout allait bien, seule mes doigts tapotant le comptoir laissaient entrevoir mon émoie. Pour éviter de penser à cette position que jamais je n'aurais pensé avoir avec lui, je prête attention à ce qui l'occupe.

Sur la table trône une boîte en plastique bleue avec un prénom inscrit sur le dessus.

Dana.

Il était vraiment en train de préparer le goûter pour une enfant ? Plus le temps passait et plus j'avais de mal à retrouver en lui le monstre qui à causer ma blessure, qui à tenter de m'effrayer de de m'humilier à plusieurs reprises sans aucune raison apparente. J'avais peur de tomber dans un piège, de me laisser à voir par une fausse gentillesse, Alma m'a toujours dit de rester sur mes gardes.

Mais bon Dieu ce qu'il sentait bon !

Oui, j'aurais peut-être dû garder mes distances, mais c'était plus facile de, pour une fois, me laisser aller. Sans avoir peur, sans avoir mal. Juste me laisser porter et profiter de ce que j'avais à recevoir.

Cameron mit le fruit dans la boîte et, à ma grande surprise, plaça l'autre écouteur dans mon oreille avant de la refermer et de s'en aller. Quelques minutes plus tard la porte claqua, m'indiquant que l'Ouragan était de sortie. Wow, on avait pas échangé un mot et pourtant ce qui venait de se passer était tellement... surprenant.