l'ouragan

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Liberty se retourna vers moi, une lueur inquiète dans les yeux. La voix de mon « colocataire » venait de résonner dans l'immense maison. Je devinais à son élocution qu'il était loin d'être sobre, j'espérais de tout cœur qu'il n'était pas du genre violent lorsqu'il était sous l'emprise d'une quelconque substance. Je n'avais pas envie de le gérer, son attitude d'enfant m'ennuyait vraiment.

-          Ecoutes, je vais descendre voir s'il est approchable et...tu restes là.

Je hochai la tête, pas impressionnée le moins du monde et, pour une fois, c'était vrai. Il voulait se montrer puissant, imposant voir effrayant mais il n'avait même pas été fichu de refuser un accord. Je ne pu me retenir de souffler d'exaspération, un petit garçon qui va user le jouet avec lequel on le force à jouer pour se venger, voilà l'image qui me traversait l'esprit lorsque je pensais à son attitude.

Qu'il aille se faire voir.

Comme si j'avais le temps pour ces conneries. C'était pas fait pour les gens comme nous tout ce bazar, ceux qui trainent dans les différents trafics d'armes ou de drogue ne devraient pas se comporter comme ça. On appartenait à un autre monde fait uniquement de vices, nous ne pouvions succomber à ceux qui s'offraient aux gens « normaux ». J'avais passé ma vie à travailler pour être ici, lui en avait tout bêtement hérité et il se permettait d'être irresponsable ? Quel idiot. Il s'attendait à quoi ? Il m'en voulait peut-être d'avoir accepté ? Il est censé savoir que sa famille possède de nombreux contactes qui ne me seront pas inutiles pour la suite.

Je réalisai soudain que l'on entendait plus un bruit en bas.

Faites qu'il soit parti, pitié, pitié, pitié.

Cet égoïste inconscient, je ne voulais pas qu'il traine dans mes pattes. Je descendis l'escalier d'un pas nonchalant, mais m'arrêtai au milieu de celui-ci lorsque des cris me parvinrent, je m'assis sur les marches en écoutant cette conversation, bras croisés sur la poitrine.

-          C'est toujours moi qui me tape les trucs les plus chiant !

-          Elle est super intéressante, on ne te demande pas de finir ta vie avec, seulement de faire comme si tu en avais envie devant les autres !

Un rire mauvais s'échappa de ses lèvres.

-          Pourquoi moi ? Tu aurais pu t'y coller !

-          Mes contacts ne lui seront d'aucune utilité contrairement aux tiens ! Essaie de comprendre...

-          Oh Lib, tais-toi ! Elle veut la même chose que toutes les autres et elle arrêtera de nous être utile dès l'instant ou elle réalisera que je ne lui donnerai pas. Et qui est-ce que vous accuserez quand tout votre plan va capoter ? Moi, toujours moi.

J'admis que l'analyse était bonne, il semblait être moins stupide que ce que je croyais. Mais son égo semblait vraiment surdimensionné. Monsieur-je-les-fais-toutes-tomber. Il était surtout dégouté de ne plus pouvoir se taper personne tant qu'il était avec moi au risque d'éveiller les soupçons. Il pouvait s'énerver autant qu'il le voulait, ça ne me concernait pas plus que ses aprioris sur les femmes de son monde.

Je l'entendis quitter le salon, je crus bien qu'il allait me passer devant sans se retourner, mais quand il me trouva assise sur les marches, il lâcha sèchement :

-          J'espère que tu ne te sens pas trop comme chez toi, parce que ça n'est pas le cas. D'ici quelques semaines tu retourneras dans le trou d'où tu viens et j'aurai la paix. Et avant que tu ne te fasses de faux espoirs, tu ne me baiseras jamais ! On ne sera rien l'un pour l'autre.

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